De Fontainebleau à Valkenswaard, ça plane pour le haras de Semilly!
Faisant partie des structures d’élevage et d’étalonnage majeures du paysage français, le haras de Semilly a vu l’un de ses protégés, Funky Music, s’imposer tout récemment avec l’équipe d’étalons de neuf ans et plus du Selle Français au Trophée des stud-books de Valkenswaard. Richard Levallois, qui est à la tête de la structure manchoise avec son épouse, Anne-Sophie, revient sur cette performance, mais aussi sur les raisons pour lesquelles il apprécie particulièrement cet événement mis sur pied au sein du complexe équestre de Jan Tops. Il s’exprime aussi sur la Grande semaine de Fontainebleau, où des chevaux “Semilly” ont été sacrés dans les finales des quatre et des cinq ans.
Cette année, encore plus que l’année dernière, où deux de leurs chevaux étaient déjà présents au Trophée Global champions de saut d’obstacles des stud-books affiliés à la Fédération mondiale de l’élevage de chevaux de sport (WBFSH), Anne-Sophie et Richard Levallois, à la tête du haras de Semilly, ont franchement joué le jeu de cet événement. En effet, ils y ont emmené pas moins de six de leurs protégés pour défendre les couleurs du Selle Français. “En 2023, nous avions vraiment apprécié le concept de cette compétition (qui permet aux différents livres de race de s’affronter par équipes dans cinq catégories, ndlr), sa très bonne organisation ainsi que la qualité des parcours et des terrains”, explique Richard Levallois. “Par ailleurs, il y avait déjà une bonne ambiance au sein du camp français l’an passé, et cette fois, il a, de nouveau, régné une très bonne dynamique qui nous a poussés vers la réussite.” Pour cause, le stud-book tricolore a remporté trois des cinq titres mis en jeu la semaine passée au sein de l’arène internationale Tops Longines de Valkenswaard! Le haras de Semilly a pu se réjouir de voir Funky Music Semilly (Diamant de Semilly x Apache d’Adriers) contribuer à la victoire hexagonale chez les étalons de neuf ans et plus, où il faisait équipe avec Diego de Blondel (Vigo Cécé x Dollar de la Pierre) et GFE*Falko de Hus (Baloubet du Rouet x Vivaldi du Seigneur), respectivement montés par Stéphane Dufour et François-Xavier Boudant.
Funky Music n’est autre qu’un propre frère de Rock’N Roll Semilly, partenaire au plus haut niveau de Marlon Módolo Zanotelli. Âgé de neuf ans en 2024 et totalisant cent dix produits enregistrés à ce jour selon la base de données du Système d’information relatif aux équidés (SIRE), il a disputé ses premières épreuves à 1,45m fin 2023. À Valkenswaard, il était monté par Dylan Levallois, le fils d’Anne-Sophie et Richard. “Bien sûr, cela représente une émotion particulière, mais cette victoire est surtout une belle récompense pour toute notre équipe, sans laquelle nous ne pourrions pas obtenir de tels succès”, considère le père du cavalier de vingt et un ans. “Pour l’instant, l’idée est que Funky continue à évoluer aux côtés de Dylan, avec l’objectif de franchir tranquillement les étapes pour commencer les épreuves à 1,50m d’ici l’année prochaine.” Et si le titre collectif remporté par l’étalon bai foncé a été la plus belle réussite sportive du haras de Semilly au Trophée des stud-books, la structure manchoise a vu deux autres de ses protégés être sélectionnés pour représenter le Selle Français lors des finales.
Après avoir livré des sans-faute dans les deux épreuves qualificatives chez les cinq ans, Jive Dance Semilly (Ekano DKS*Semilly x Apache d’Adriers), une sœur utérine de Funky Music, a signé le seul parcours parfait tricolore en finale de sa catégorie, où le stud-book Selle Français a terminé sixième. “Elle a beaucoup mieux sauté qu’à Fontainebleau, où elle était pieds nus comme le reste de la saison, alors que nous l’avions referrée pour aller à Valkenswaard”, développe Richard Levallois au sujet de cette fille de la toute bonne La Mare. “Sincèrement, je ne m’attendais pas à ce qu’elle survole la finale du Trophée des cinq ans avec autant de facilité qu’elle ne l’a fait.” Hoptum de l’Abbaye (Malito de Rêve x Diamant de Semilly), qui était monté comme Jive Dance par Clément Fortin, a, quant à lui, été sélectionné pour la finale des montures de sept ans disputée au sein de l’arène Tops, où il a commis une seule faute et où le stud-book tricolore s’est classé quatrième. Également présente aux Pays-Bas dans cette catégorie, Hawaii Semilly (Comme Il Faut x Diamant de Semilly) n’a pas été choisie pour la finale par le chef d’équipe tricolore, Franck Schillewaert, mais a remporté la Consolante de sa génération sous la selle de Dylan Levallois. “Le Selle Français n’aurait pas obtenu les mêmes résultats lors de cet événement sans Franck Schillewaert comme chef d’équipe”, loue le père de l’athlète. “Il est très professionnel, gentil, ouvert, et comprend vite les problématiques que les cavaliers peuvent rencontrer avec leurs chevaux.”
Globalement, pour la famille Levallois, “l’essentiel à Valkenswaard était que [ses] chevaux se présentent bien et qu’ils repartent en ayant appris quelque chose.” “Nous avons choisi de ne pas aller à Lanaken (pour les championnats du monde FEI WBFSH des jeunes chevaux de jumping, ndlr) car les épreuves y sont jugées au chronomètre, y compris pour les montures de cinq ans, et nos chevaux ne sont pas habitués à cela”, développe Richard. “En réalité, nous sommes même contre le fait de les faire aller aussi vite aussi jeunes, car nous pensons que cela peut gâcher leur potentiel à long terme. Au Trophée des stud-books, nous avons eu la chance de bénéficier de l’expérience d’un chef de piste renommé (Uliano Vezzani, souvent à l’œuvre sur le circuit du Longines Global Champions Tour, mais aussi maestro du CSIO 5* de Rome et des Européens de Milan en 2023, ndlr), qui a construit des parcours formidables et progressifs d’épreuve en épreuve. En établissant des temps impartis serrés, il a forcé les couples à adopter un tempo assez soutenu, donc il fallait tout de même des chevaux de grande qualité. La finale du Trophée des six ans, par exemple, n’avait rien à voir dans sa conception avec celle du championnat de France de cette génération à Fontainebleau. C’était plus difficile, notamment pour les cavaliers, mais je pense que comme les chevaux, ceux-ci en sont sortis grandis. De fait, c’est aussi une expérience très intéressante pour eux de participer à cet événement.”
Un mois avant de rouler vers le Sud des Pays-Bas, le haras de Semilly avait par ailleurs connu une belle Grande semaine à Fontainebleau, pour les finales du Cycle classique de la Société hippique française (SHF). Dès le mercredi 28 août, la structure manchoise a pu se réjouir du sacre de Karaganda Semilly (SF, Mylord Carthago x Diamant de Semilly) dans le championnat des entiers et hongres de quatre ans. “Durant toute la saison, Clément (Fortin, le cavalier du mâle, ndlr) m’a dit beaucoup de bien de Karaganda”, pose Richard Levallois. “Pour autant, nous ne nous attendions pas à ce titre, car il y a toujours beaucoup de partants dans cet événement et la victoire se joue à très peu de choses (les concurrents sont départagés selon les pénalités obtenues lors des deux parcours au programme, mais aussi en fonction de leur modèle ainsi qu’au travers de notes de manière et d’aptitude, ndlr). Il a très bien sauté lors de la finale, alors qu’il avait arrêté d’être prélevé seulement deux semaines avant de partir pour Fontainebleau, car il a fait la monte en frais cette saison. Il a un excellent mental et c’est un cheval sérieux.”
Quatre jours plus tard, le dimanche 1er septembre, c’est le championnat des cinq ans hongres qui a largement souri aux “Sémilly”. En effet, il a été remporté par Just A Dream Semilly (SF, Cornet Obolensky ex- Windows van het Costersveld x Diamant de Semilly) devant deux fils de feu Diamant: Jisco du Prieuré (SF, mère par Galoubet A) et Jolidiams des Tocrias (SF, mère par Opium de Talma). “J’ai vendu Just A Dream en juin et son cavalier (Grégoire Hercelin, ndlr) ne pensait initialement pas l’engager à Fontainebleau, où il est finalement allé sans prétentions aucunes”, narre Richard Levallois. “Le cheval appartient désormais à plusieurs personnes, dont Grégoire, mais aussi Ludo Philippaerts. Il est formidable, doué et respectueux; vraiment fait pour le sport. Il est aussi l’exemple que le croisement de Cornet Obolensky, ou de son fils, Comme Il Faut, avec le sang de Diamant, fonctionne très bien. En effet, ces étalons étrangers ont un véritable génie et une super technique mais peuvent avoir un caractère délicat, là où Diamant ramène force et sérénité.” Jisco du Prieuré, quant à lui, est issu d’un croisement imaginé par le propriétaire du haras de Semilly, qui a vendu sa mère alors qu’elle portait le hongre. Enfin, Jolidiams a de nouveau décroché le bronze dans le championnat du monde de sa génération à Lanaken sous la selle de Lotte Teuns, trois semaines après être monté sur le podium à Fontainebleau avec Lou Dupont. “Le seul bémol de la Grande Semaine est la finale du championnat des sept ans, qui a été ratée avec seulement douze partants et un seul sans-faute”, termine Richard Levallois, qui partage ainsi l’avis de la grande majorité des acteurs présents en terres bellifontaines fin août. “Tout le monde en a bien conscience, et les choses vont changer, mais tous les cavaliers, naisseurs, propriétaires se donnent beaucoup de mal pour préparer leurs chevaux au mieux pour cet événement, alors perdre toute chance pour une seule faute, c’est vraiment dur. De notre côté, nous sommes très déçus, car nous considérions que nous avions une bonne génération avec de vraies bonnes cartouches pour ce championnat (Hawaii Semilly, Hoptum de l’Abbaye et Hot Pleasure Semilly, SF, For Pleasure x Diamant de Semilly, ndlr).”
La saison des jeunes chevaux touchant à son terme, le prochain temps fort pour le haras de Semilly sera le Jumping international de Saint-Lô, qui aura lieu du 24 au 27 octobre et accueillera notamment un CSI 4*. “C’est un concours phare avec un niveau élevé”, pose Richard Levallois. “Après cela, nous disputerons peut-être encore quelques événements, en fonction de ce que les chevaux ont déjà fait dans leur saison ou non, mais nous serons plutôt concentrés sur les concours d’étalons et leur préparation, ainsi que la mise au travail des chevaux qui auront quatre ans en 2025. Les candidats étalons viennent tout juste de rentrer des champs et n’ont sauté qu’une ou deux fois, mais pour l’instant nous pensons pouvoir présenter cinq chevaux de deux ans et un de trois ans.” Rendez-vous, donc, lors de la qualificative mâle qui sera tenue à Saint-Lô par le stud-book Selle Français les 12 et 13 novembre.