Axel Narolles fait annuler sa peine, toute la politique antidopage française remise en cause

Alors que l’Agence française de lutte contre le dopage (AFLD) l’avait suspendu de toute compétition pour une durée de deux ans, Axel Narolles va finalement pouvoir reprendre le chemin des concours. À la suite d’une procédure judiciaire, la sanction prononcée à l’encontre du cavalier de saut d’obstacles a finalement été annulée. L’Aquitain et ses avocats ont saisi le Conseil constitutionnel, qui a jugé la structure même de l’AFLD anticonstitutionnelle. L’agence devra donc créer une commission de jugement indépendante d’ici le 1er septembre 2018.



Le 2 octobre 2016, Axel Narolles avait fait l’objet d’un contrôle antidopage à l’occasion d’un concours de saut d’obstacles national organisé à Lège-Cap-Ferret. Le rapport établi par l’Agence française de lutte contre le dopage (AFLD) avait alors révélé la présence d’hydrochlorothiazide (un diurétique provoquant une augmentation du volume d’urine et susceptible ainsi d’occulter la prise d’autres produits dopants, comme les anabolisants, dilués dans l’échantillon) à une concentration estimée à douze nanogrammes par millilitres dans les échantillons A et B. “Ce ne sont pas mes chevaux qui ont été contrôlés positif, mais moi-même. J’étais positif à l’hydrochlorothiazide dans une quantité tout à fait infime. À la base, c’est pour cela que je me suis défendu, car il aurait pu s’agir d’une contamination. L’AFLD a alors rejeté notre dossier”, explique le cavalier, sûr de son innocence.
Initialement suspendu trois mois avec sursis par la Fédération française d’équitation, le cavalier aquitain a finalement vu son interdiction de participer à toute compétition organisée ou autorisée par la Fédération française d’équitation portée à deux ans, à la suite d’une décision de l’AFLD. 


Le cas d'Axel Narolles remet en question le jugement de l'AFLD

Pour faire valoir ses droits, Axel Narolles, clamant son innocence, est allé jusqu’à saisir le Conseil constitutionnel au moyen d’une question prioritaire de constitutionnalité (QPC). Les sages ont alors jugé inconstitutionnelle la structure de l’AFLD, en raison de l’absence de séparation organique ou fonctionnelle entre ses fonctions de poursuite et de jugement. En clair, une non séparation des pouvoirs, puisque l’entité était jusqu’alors chargée de sa saisine, mais également du jugement. “Concrètement, l’agence était jusqu’alors juge et partie”, souligne Axel Narolles. “Si une erreur a été commise dans un échantillon, personne ne pouvait le vérifier par la suite, ce qui pose un problème d’impartialité. C’est ce que le Conseil a mis en avant”, poursuit-il.
D’après la décision prononcée par le Conseil Constitutionnel le 2 février, d’ici le 1er septembre 2018, l’AFLD devra donc créer en son sein une commission compétente et indépendante du Collège de l’Agence pour prononcer les sanctions disciplinaires à l’encontre des sportifs ayant enfreint les règles antidopage. À la suite de la publication de cette décision, l’AFLD a fait savoir qu’elle prenait acte de la décision et que “la continuité de la lutte contre le dopage n’est pas remise en cause. […] Le projet de loi relatif à l’organisation des Jeux olympiques et paralympiques de 2024, en cours de discussion au parlement, prévoit d’ores et déjà en son article 15 que des dispositions seront prises par ordonnance pour créer, au sein de l’AFLD, une commission compétente pour prononcer les sanctions disciplinaires.”
“Les cas qui étaient jusque-là en cours pour d’autres sportifs sont maintenant caduques, étant donné qu’il a été prouvé que la structure n’était pas constitutionnelle. Dès lors, les mis en cause pourront eux aussi faire valoir leurs droits. Ce sont mes avocats et mon affaire qui ont mis cela en avant. Compte tenu de ma sanction, nous avons décidé d’aller au bout. Je pense que beaucoup de sportifs ne l’ont pas fait car c’est une procédure longue et onéreuse, mais il fallait absolument que je me sorte de cette situation”, explique Axel Narolles.
 
La décision du Conseil constitutionnel annule donc la suspension de deux ans prononcée à son encontre. Privé de compétition pendant six mois, le Bordelais a prévu de faire son retour à Royan dans deux semaines, où il emmènera huit chevaux. “Mes chevaux auront au moins le mérite d’être frais”, ironise celui qui mesure la chance qu’il a eu d’avoir été bien entouré lors de cette affaire. “Mes propriétaires ne m’ont jamais lâché pendant ces six mois. Maintenant, l’affaire est close, mais il a fallu se battre!”, conclut-il.