Les commentaires de Stephan Ellenbruch au sujet de l’accident de Tempo de Paban et du sol du CSI 5* de Prague

Stephan Ellenbruch a accepté de répondre par écrit aux questions de GRANDPRIX au sujet de l’accident de Tempo de Paban, survenu lors des play-offs de la Global Champions League, sur un sol vraisemblablement de mauvaise qualité, il y a deux semaines à Prague. Contacté dès lundi, le juge 4* allemand, président du jury de ce CSI 5* mais aussi président du comité de saut d’obstacles de la Fédération équestre internationale, livre son récit, déplorant la grave blessure du crack d’Olivier Robert, mais estimant avoir fait son mieux pour régler les problèmes posés par le sol, en bonne intelligence avec les autres parties prenantes de cet événement.



“Il est très triste que Tempo de Paban, le cheval d’Olivier Robert, se soit gravement blessé lors de la session d’échauffement du CSI 5* de Prague, le 27 novembre.
 
Lors de ce concours, il y avait trois pistes où les chevaux pouvaient s’exercer: un petite carrière située aux écuries, un grand paddock d’échauffement et l’arène de compétition elle-même. Avant la séance d’échauffement, où les chevaux ont pu accéder à la piste de compétition pour la première fois, le jury de terrain n’a reçu aucun commentaire négatif au sujet du sol des deux pistes d’entraînement, alors que celles-ci étaient ouvertes depuis plusieurs heures pour permettre aux couples de travailler sur le plat. Le mercredi matin, avant le début de ce warm-up, le jury a visité l’ensemble des installations, y compris les trois pistes, et a regardé les chevaux travailler sur le plat sur les deux paddocks d’entraînement. À ce moment-là, rien n’indiquait le moindre problème au niveau du sol.
 
Lors de toute séance officielle d’échauffement ou d’entraînement, les chevaux ont la possibilité d’entrer dans l’arène de compétition. Certains cavaliers choisissent de sauter (un ou plusieurs obstacles, ndlr), d’autres seulement de travailler sur le plat. Si les cavaliers ne sont pas arrivés sur le site, il est également possible pour leurs grooms de monter les chevaux pour travailler sur le plat. En ce sens, la séance d’échauffement organisée à Prague était semblable à n’importe quelle autre.
 


“Le chef de piste a accepté de modifier ses parcours”

Lorsque le cheval de M. Robert s’est mis à boiter sur la piste de compétition, le vétérinaire traitant est entré et le cheval a été emmené dans la petite zone d’attente immédiatement adjacente à la piste. Bien que M. Robert n’ait jamais approché un membre du jury de terrain pour discuter des blessures subies par son cheval, l’équipe vétérinaire nous a informés que celui-ci avait ensuite été emmené aux écuries en ambulance et que des procédures de diagnostic et de traitement avaient été lancées.
 
Le lendemain matin, la carrière de compétition a été ouverte aux chevaux des CSI 5* et 2* pour une nouvelle séance d’entraînement de trois heures, leur permettant de travailler sur le plat et de sauter. Après celle-ci, certains athlètes ont mentionné au jury qu’ils pensaient que le sol posait problème. Le jury a discuté de la situation avec le comité d’organisation, le chef de piste (l’Italien Uliano Vezzani, ndlr) et l’entrepreneur chargé de l’aménagement du sol. Il a été décidé d’introduire plusieurs pauses dédiées à la réfaction des sols de la piste de compétition et du paddock lors des deux épreuves du CSI 5* programmées le jeudi. L’entrepreneur a décidé d’ajouter du matériel qui n’était pas immédiatement disponible et a dû être amené spécialement, l’obligeant ainsi à travailler sur le terrain pendant la nuit. Le chef de piste a également accepté de modifier ses parcours afin d’en réduire les difficultés techniques (était surtout programmé le quart de finale de la Global Champions League, ndlr).
 


“Au fil de l’événement, la situation a continué à s’améliorer”

Au fil de l’événement et de la progression des travaux sur le terrain, la situation a continué à s’améliorer. Le vendredi, après des conversations avec les cavaliers et les autres parties concernées, il a été décidé de changer le format d’une épreuve intermédiaire du CSI 5* (cotée à 1,50m, elle s’est disputée en deux phases au lieu d’un barème A avec barrage, ndlr) avec l’accord de toutes les parties concernées. Et le chef de piste a adopté les mêmes principes que la veille pour l’élaboration du parcours de l’épreuve principale (la demi-finale de la GCL, ndlr). Ensuite les épreuves du samedi (Super Grand Prix du Longines Global Champions Tour, ndlr) et du dimanche (finale de la GCL, ndlr) se sont déroulées dans des conditions nettement améliorées.
 
Le bien-être équin est primordial pour la Fédération équestre internationale (FEI) et le sol est un élément clé pour la santé des chevaux concourant à haut niveau. En 2007, la FEI a investi de façon stratégique dans la recherche et le développement au sujet de la biomécanique et des sols équestres. Depuis lors, le FEI Footing Project a produit des normes, des données éducatives et un réseau pour faciliter l’obtention de sols optimaux pour les compétitions. Lors des grands événements FEI tels que les Jeux équestres mondiaux, les championnats d’Europe et les finales de la Coupe du monde FEI Longines, les sols sont soigneusement préparés et évalués objectivement par des experts de premier plan (ce qui n’avait pas empêché plusieurs chevaux de se blesser lors de la finale de la Coupe du monde de 2015, à Las Vegas, disputée sur un sol de piètre qualité, ndlr). Enfin, un calendrier de mise en œuvre de la norme FEI Footing Standard, qui s’appliquera à tous les CSI 5*, est actuellement en cours de finalisation.”
 
Également contacté par GRANDPRIX, le juge français Patrice Alvado, membre du jury du CSI 5* de Prague, avait décliné dès lundi soir l’invitation à s’exprimer, estimant qu’il appartenait à Stephan Ellenbruch de le faire, en qualité de président du jury. Pour sa part, Uliano Vezzani n’a pas donné suite à la demande de la rédaction.