Les Coupes des nations offriront moins de points au classement mondial en 2025…
Les cavaliers de saut d’obstacles gagneront moins de points dans les Coupes des nations à compter de 2025. Afin de corriger des problèmes d’équité entre les épreuves de niveau 5* et celles de niveaux 4* et 3*, mais aussi vis-à-vis des épreuves individuelles, et éviter un nouveau bras de fer avec les promoteurs de séries privées, Global Champions en tête, la Fédération équestre internationale et le Club des cavaliers internationaux de saut d’obstacles (IJRC), copropriétaires de la formule de calcul du classement, se sont accordés sur des réductions, mais aussi sur l’entrée en vigueur d’un système de pondération. Les CSIO et le principe même de méritocratie ne vont-ils pas en souffrir? La Fédération équestre européenne est vent debout.
Le conseil d’administration de la Fédération équestre internationale (FEI) a approuvé une proposition du groupe de travail sur le classement mondial Longines des cavaliers de saut d’obstacles, visant à en mettre à jour les règles. Nos consœurs de World of Showjumping (WoSJ) ont consacré un long article à ce sujet il y a quelques jours. Cette réforme, qui entrera en vigueur le 1er janvier 2025, comporte une baisse du nombre de points distribués dans les Coupes des nations des CSIO 5*, 4* et 3*, ce qui impactera la totalité des trente-cinq CSIO Seniors programmés en 2025. Ce sujet aurait été mis sur la table par un groupe de cavaliers réclamant que le nombre de points distribués dans les Coupes des nations et étapes de la Ligue des nations Longines, fonction des performances individuelles et décorrélées des résultats collectifs, soit mis en cohérence avec les quantités de points offerts dans les grands championnats. Il semblerait aussi que des promoteurs de séries privées d’épreuves par équipes, comme la Global Champions League et la Major League Show Jumping, jugent cette générosité du classement mondial vis-à-vis des Coupes des nations contraire au sacrosaint principe européen de concurrence libre et non faussée… Pour rappel, ledit groupe de travail est composé d’élus et de cadres de la FEI et du Club des cavaliers internationaux de saut d’obstacles (IJRC), copropriétaires de la formule de calcul du classement.
Sont concernées les épreuves catégorisées HH (Coupes des nations de CSIO 5* et épreuves de la Ligue des nations) et H (Coupes des nations de CSIO 4* et 3*). Il a été proposé à la fois de diminuer le nombre de points offerts dans ces épreuves et d’échelonner les points en fonction de la proportion de doubles sans-faute enregistrés. “Le groupe de travail a identifié le besoin de mettre à jour les règles de classement Longines pour s’assurer que les points sont attribués de manière juste et équitable, en se concentrant dans un premier temps sur les épreuves par équipes HH et H”, expliquent la FEI et l’IJRC dans une déclaration commune transmise à World of Showjumping. “Après avoir étudié les données, le groupe de travail a reconnu que la différence de points entre ces compétitions HH et H ne reflétait pas de manière adéquate la différence de niveau de difficulté entre ces compétitions. Par conséquent, après avoir étudié diverses simulations et projections, le groupe de travail a proposé que les points de classement attribués aux épreuves de la catégorie H soient révisés en conséquence, ce qui se traduit par une réduction relativement faible des points distribués en H. L’autre changement principal est l’introduction d’un ‘système de pondération’ afin de remédier à l’incohérence actuelle selon laquelle, s’il y a beaucoup de doubles sans-faute, traduisant une compétition plus facile, plus de points sont attribués que pour une compétition difficile avec moins de doubles sans-faute. En appliquant le nouveau barème de points, en moyenne, le nombre total de points attribués lors des épreuves HH en 2025 sera inférieur au nombre total de points distribués dans ces mêmes épreuves en vertu des règles de 2024.”
Le 24 septembre, le conseil d’administration de la FEI a approuvé les propositions du groupe de travail, qui entreront donc en vigueur le 1er janvier 2025. Concrètement, en H, un double sans-faute rapportera 100 points contre 115 actuellement, un sans-faute plus un tour pénalisé d’un à quatre points 75 contre 85 et un sans-faute 50 contre 55. S’agissant des épreuves HH, les mêmes prestations vaudront toujours 140, 105 et 70 points au classement mondial. En revanche, pour les deux catégories, boucler un ou deux tours avec un à quatre points de pénalité n’offrira plus rien, contre précédemment 70 et 35 en HH et 55 et 30 en H. En 2025, un double sans-faute dans une Coupe des nations de niveau 4* ou 3* aura la même valeur qu’une victoire dans une épreuve individuelle du groupe B, dont font partie les Vitesses à 1,55m supports des secondes manches des étapes de la Global Champions League. En outre, un nouveau “système de pondération” sera donc utilisé pour déterminer le nombre de points distribués dans les épreuves HH et H, en fonction du pourcentage de doubles sans-faute, ce qui pourra faire encore réduire le nombre de points distribués.
Dans quelle mesure faut-il protéger les Coupes des nations de leurs concurrents commerciaux?
Comme le classement mondial détermine en grande partie quels cavaliers ont accès aux CSI 5*, 4*, 3* et 2*, à hauteur de 60% du nombre de participants en CSI 5*, ces modifications revêtent un véritable caractère politique. La participation aux CSIO, et aux CSI-W dans une moindre mesure, étant conditionnée à des sélections nationales, ces concours constituent le meilleur moyen de grimper au classement mondial pour des cavaliers classés au-delà de la cinquantième place. Si les Coupes des nations offrent moins de points d’une façon générale, cela risque de refermer davantage encore l’élite sur elle-même, mais aussi d’affaiblir les CSIO, qui vont mécaniquement devenir moins attractifs aux yeux des cavaliers en quête de points… Cela pourrait aussi encourager davantage de cavaliers bien équipés en chevaux et mal classés à payer pour participer à des CSI 4* et 5* ou à s’engager dans la GCL, ce qui est contraire au principe de méritocratie… De ce fait, de nombreuses parties prenantes du sport estiment que les Coupes des nations méritent d’être protégées vis-à-vis de leurs concurrents commerciaux.
Pour la Fédération équestre européenne (EEF), dont les dirigeants se sont enfin mis d’accord pour élever d’1,45m à 1,50m la cote des Coupes des nations de la série Longines EEF, de niveau 3* (et 4* pour la finale), c’est la douche froide… “L’EEF soutient le nouveau système de points en général, à l’exception des changements visant les épreuves du groupe H”, a déclaré un porte-parole de l’EEF au WoSJ. “L’EEF craint que ces changements n’affectent négativement la capacité des jeunes cavaliers des grandes fédérations nationales et de tous les cavaliers et équipes des petites fédérations à accumuler des points et grimper au classement mondial. Cela affecte également le développement du saut d’obstacles et l’émergence de nouveaux talents. L’EEF demande instamment au groupe de travail sur le classement Longines de revoir les changements préjudiciables apportés aux épreuves catégorisées H et est prête à travailler avec le groupe pour améliorer le nouveau système.”
En outre, le groupe de travail a suggéré de modifier les critères utilisés pour distribuer les points dans les épreuves individuelles de niveau 5*. Pour celles catégorisées AA, dotées de plus de 308.600 euros, et A, dotées de plus de 165.700 euros, ainsi que certains championnats, un barème est utilisé pour déterminer si tous les points sont distribués. Auparavant, ce barème s’appuyait sur le nombre de couples ayant effectivement terminé le parcours et obtenu un résultat. Désormais, il se fondera sur le nombre de partants. Compte tenu des cas passés et récents où des cavaliers avaient gagné un grand nombre de points dans des CSI à la participation très réduite, tels que ceux qui étaient organisés à Villeneuve-Loubet et Damas, son application à tous les groupes d’épreuves a déjà été suggérée à de nombreuses reprises à l’IJRC et la FEI. Cela permettrait sans doute de résoudre un certain nombre de problèmes d’équité, mais la FEI s’y est toujours refusée par crainte de “pénaliser le développement du sport dans les pays émergents”.