“Participer à la finale de la Coupe du monde serait un immense rêve”, Géraldine Straumann (1/2)

À seulement vingt ans, Géraldine Straumann prouve, ces dernières semaines, qu’elle a toute sa place dans la cour des grands. Après une sixième place marquante dans le Grand Prix d’Oslo, le 20 octobre, pour sa toute première tentative en Coupe du monde Longines, la Suissesse a réitéré son exploit à Vérone, à peine trois semaines plus tard et quelques jours avant son anniversaire. Dans la première partie de cet entretien, la cavalière revient sur ces deux performances de choix et évoque sa complicité grandissante avec Long John Silver, qui lui a permis de les accomplir. L’athlète se projette aussi sur ses chances de prendre part à la prochaine finale du circuit hivernal, qui aura lieu chez elle, à Bâle.



Le 10 novembre, vous avez terminé sixième de l’étape de la Coupe du monde Longines de saut d’obstacles de Vérone, deux jours avant de fêter vos vingt ans! La semaine a dû être riche en émotions et en célébrations. Comment vous sentez-vous?

À vrai dire, j’ai davantage célébré ma performance à Vérone que mon anniversaire! (Rires) Au-delà de ma sixième place avec Long John Silver dans le Grand Prix, je suis également contente de l’autre parcours que j’ai déroulé avec lui (à l’occasion d’une épreuve à 1,55m, où le couple a signé un sans-faute mais ne s’est pas élancé dans le second acte, ndlr) lors de ce concours, ainsi que de mes prestations avec mon autre cheval, Casalor (notamment septième d’une compétition à 1,50m, ndlr). Mon week-end véronais s’est donc déroulé à merveille!

Pouvez-vous revenir plus en détails sur votre performance dans le Grand Prix?

Bien sûr! Tout d’abord, j’ai eu la chance de tirer au sort un numéro de passage tardif, ce qui m’a permis d’assister aux parcours de quelques cavaliers avant de me mettre moi-même à cheval. Ces observations m’ont aussi confirmé la difficulté de l’épreuve. Heureusement, j’ai eu un très bon ressenti lors de ma détente, si bien que je suis entrée en piste dans un très bon état d’esprit. Cela a payé! J’ai simplement été un peu trop lente (deux points de pénalité pour temps dépassé lui ont fermé les portes du barrage, ndlr).

En à peine un an, vous semblez avoir trouvé une entente quasi parfaite avec Long John Silver, qui avait évolué au plus haut niveau avec succès sous la selle de Jur Vrieling auparavant. Comment a-t-il rejoint vos écuries?

C’est une histoire assez amusante! Il y a quelque temps déjà, lorsqu’il nous arrivait, avec des amis, de nous demander quel cheval de haut niveau nous aimerions monter, même pour une seule journée, je répondais presque toujours Long John Silver (le puissant gris avait notamment démontré toutes ses qualités en terminant troisième de quatre Grands Prix 5* et en contribuant à la médaille d’argent des Pays-Bas aux Mondiaux de Herning en 2022, ndlr). Avec son amplitude incroyable et ses capacités extraordinaires sur les barres, il semblait vraiment génial! J’ai été très heureuse lorsque l’opportunité de l’essayer s’est présenter. Ensuite, j’ai eu du mal à croire que mon rêve allait devenir réalité, et qu’il allait réellement rejoindre mes écuries! Il possède un caractère exceptionnel, à la fois calme et posé. En même temps, il donne toujours le meilleur de lui-même. Je ressens beaucoup de confiance avec lui, et ressens beaucoup de plaisir à le faire travailler.

Géraldine Straumann et Long John Silver 3 pendant le CSIO 5* de Calgary, en septembre 2024.

Géraldine Straumann et Long John Silver 3 pendant le CSIO 5* de Calgary, en septembre 2024.

© Sportfot



“Long John Silver m’aide énormément en piste”

Avant votre sixième place à Vérone, vous aviez déjà terminé votre toute première étape de la Coupe du monde, disputée à Oslo en octobre, à la même position. Vous attendiez-vous à atteindre ce niveau de performances aussi vite avec votre cheval?

Non, je ne m’attendais absolument pas à être aussi performante, aussi rapidement avec Long Lohn Silver. Je suis très reconnaissante de vivre ce que je vis actuellement. En tant que jeune cavalière commençant seulement à des parcours aussi hauts et exigeantes que ceux que l’on rencontre en Coupe du monde, c’est incroyable de pouvoir compter sur un tel partenaire. Avec lui, je peux réellement me concentrer sur ma technique, sans trop me soucier de ce que lui pourrait faire. C’est une chance inestimable; il m’aide énormément en piste. Dès le début de notre association, il m’a procuré de très bonnes sensations, mais au départ, il m’était difficile de le monter de la manière dont il avait besoin pour exceller réellement. Petit à petit, nous avons appris à mieux nous connaître: il s’est adapté à moi, et j’ai compris comment je pouvais l’aider pendant nos parcours. Nous avons progressé – voire même grandi – ensemble, et il m’a ouvert de nombreuses portes, me permettant notamment de prendre part à la Coupe des nations du CSIO 5* de Calgary (où le couple a écopé de quatorze points en première manche, mais d’une seule faute dans la deuxième, ndlr). Une chose en a amené une autre jusqu’à nos performances en Coupe du monde, mais nous continuons de nous découvrir, et je pense avoir encore beaucoup à apprendre avec lui.

Comment avez-vous établi votre programme pour la saison indoor?

Mes entraîneurs, Andreas et Christian Schou, avaient envisagé la possibilité de tenter une participation au CSI 5*-W dès le début de la planification de ma saison intérieure. Nous avons eu la chance de réussir à obtenir une place pour ce concours, avec le résultat que l’on connaît. À la suite de ma performance là-bas, j’ai reçu une invitation des organisateurs du concours de Vérone. Initialement, je n’avais pas prévu de m’y rendre, mais j’ai accepté cette opportunité avec beaucoup de reconnaissance. Maintenant, nous allons ajuster nos plans pour les prochaines semaines et les prochains mois.

Souhaitez-vous suivre le circuit de la Coupe du monde avec l’objectif de vous qualifier pour sa finale, qui aura lieu chez vous, à Bâle, en avril 2025?

Bien sûr, pouvoir participer à cette finale serait un immense rêve (pour l’heure, la Suissesse pointe au dixième rang du classement général de la Ligue d’Europe occidentale du circuit, dont les dix-huit meilleurs concurrents obtiendront leur ticket pour Bâle, ndlr), d’autant que je suis Bâloise! Il s’agirait d’une opportunité quasi unique, du genre que l’on n’a pas souvent dans sa vie. Cela dit, je reste consciente du fait qu’il s’agit aussi d’un objectif très ambitieux, surtout pour une jeune cavalière comme moi. Honnêtement, je préfère ne pas mettre trop de pression à mes chevaux, ni à moi, mais je garde cet espoir de finale en tête. Si nous n’arrivons pas à nous qualifier, cela ne sera pas un drame non plus.

Géraldine Straumann et Casalor pendant CHI de Genève, le 8 décembre 2022.

Géraldine Straumann et Casalor pendant CHI de Genève, le 8 décembre 2022.

© FEI



“Ma relation avec le haut niveau est principalement née grâce à ma sœur”

Que cela représente-t-il pour vous de voir le CHI-W de Bâle, dont votre père, Thomas Straumann, préside le conseil d’administration, être l’hôte de cette finale ainsi que de celle de dressage pour la première fois, tout en accueillant ses habituelles étapes des Coupes du monde des deux disciplines en janvier?

Pour la Suisse et pour Bâle, c’est incroyable d’accueillir ces grands événements, et c’est aussi une excellente chose pour le sport. Évidemment, je suis très fière de voir ma famille, et particulièrement mon père et ma sœur, être aussi impliqués dans l’organisation de ces événements. Ce qu’ils ont réussi à accomplir avec l’aide de toute l’équipe du concours est impressionnant, surtout lorsque l’on observe l’évolution qu’à connu l’événement. Et puis, j’assiste à ce concours depuis aussi longtemps que je m’en souvienne, alors c’est vraiment un rêve de voir les finales des Coupes du monde s’y dérouler.

Comment l’implication de votre famille dans le saut d’obstacles a-t-elle forgé votre parcours vers le haut niveau?

J’ai toujours été obsédée par les chevaux, qu’ils se trouvent dans une écurie ou dans les champs. J’ai commencé à monter à l’âge de cinq ans, et j’ai eu mon premier poney l’année suivante. C’est ce lien très précoce avec les chevaux, et le sport en général, qui a façonné mon parcours et fait évoluer ma passion au fil des années. Ma relation avec le haut niveau est principalement née grâce à ma sœur, Flaminia (qui a concouru jusqu’en Grands Prix 5*, ndlr). Petite, je l’accompagnait très souvent en compétition pendant les week-ends et les vacances scolaires, et j’ai été fascinée par ce sport dès mon plus jeune âge.

La seconde partie de cet entretien sera disponible demain sur GRANDPRIX.info



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