Les invincibles Richard Vogel et United Touch S se jouent du difficile Grand Prix de Stuttgart
Trois victoires en trois étapes disputées: tel est désormais le bilan de Richard Vogel et United Touch S en Coupe du monde Longines de saut d'obstacles. Ce dimanche, en fin d’après-midi, le couple remporté l’étape du circuit tenue à Stuttgart, comme ils l’avaient déjà fait il y a deux ans. Au terme d’un second parcours de folie, ils ont devancé Denis Lynch et Brooklyn Heights ainsi que Kevin Staut et Dialou Blue PS, seuls autres couples à s’être qualifiés pour le barrage de ce Grand Prix dont la manche initiale s’est avérée très (trop) difficile et exigeante envers les chevaux au départ. Auteurs de bons parcours à quatre points, Julien Anquetin et Olivier Perreau se sont classés sept et huitième avec Z Ice Cube et Dorai d’Aiguilly*GL Events,
Avec United Touch S, les calculs sont simples et rapides: lorsqu’il prend le départ d’une étape de la Coupe du monde Longines de saut d’obstacles, il la remporte dans …100% des cas! Sa première victoire sur le circuit hivernal, l’extraterrestre désormais âgé de douze ans l’avait décrochée à Stuttgart, en 2022. À l’instar de son cavalier, Richard Vogel, il était alors déjà connu en Allemagne, mais beaucoup moins en dehors de l’aire germanique. Ensuite, l’étalon star n’a plus disputé une seule manche qualificative de la série mise sur pied par la Fédération équestre internationale (FEI) jusqu’à celle de Lyon, il y a deux semaines, où il s’est de nouveau imposé. Grâce à son nouveau triomphe à Stuttgart ce dimanche 7 novembre, celui que certains aiment à désigner comme le Zlatan Ibrahimovic des pistes de jumping a accompli un exploit de taille: rester invaincu en Grand Prix de la Coupe du monde. D'ailleurs, s’il n’avait terminé “que” huitième de la finale du circuit en 2022, à Omaha, il s’était là aussi imposé dans l’épreuve de type Grand Prix au programme!
Un parcours très exigeant
Aujourd’hui, le bai, magnifique vainqueur de l’étape du Grand Chelem Rolex de Genève en décembre dernier, a une nouvelle fois éclaboussé la Hans-Martin-Schleyer Halle de toute sa classe. Tant et si bien qu’en plus de le déclarer factuellement invaincu en Coupe du monde, on serait presque tenté de le penser invincible dans ce genre d’épreuves, et plus particulièrement dans les barrages qui les concluent, même si l’on sait l’invincibilité illusoire en saut d’obstacles. Une chose, elle, est certaine: les démonstrations d’adresse de Richard Vogel et de son étalon resteront gravées très longtemps dans les mémoires des aficionados de la discipline. Ce dimanche, tous deux ont fait paraître le parcours initial construit par Christa Jung et Louis Konickx comme une promenade de santé, y compris son ravageur triple placé en numéro sept. Il était composé de deux verticaux séparés de deux foulées, puis d’un oxer de sortie à une foulée, qui a mis beaucoup de chevaux à l’effort et causé plus d’une dizaine de fautes! En plus de cette combinaison très (trop) difficile, les quarante concurrents au départ aujourd’hui avaient encore treize autres obstacles à sauter, pour un total de dix-sept sauts à fournir. Comme si cela ne suffisait pas, le temps imparti de soixante-quinze secondes s’est également révélé comme une véritable difficulté. “Le parcours était plus difficile que nous ne le pensions”, a déclaré Louis Konickx. “En tant que chef de piste, lorsque vous avez un tel plateau de cavaliers, vous êtes en quelque sorte obligé de construire un parcours qui touche aux limites de ce que l’on peut demander aux concurrents, sans quoi vous obtenez bien trop de sans-faute. Parfois, vous réussissez à résoudre cette équation, et d’autres fois, vous dépassez légèrement ces limites. Aujourd’hui, la sortie du triple s’est montrée un peu trop difficile pour beaucoup de cavaliers et de chevaux.”
Au total, seuls cinq cavaliers sont sortis de piste sans mettre la moindre barre à terre. Denis Lynch a réussi cette performance alors qu’il était le tout premier cavalier au départ de l’épreuve avec Brooklyn Heights (ex- Jorden van de Kruishoeve), et il a ensuite été imité par Kevin Staut, qui avait misé sur Dialou Blue PS après s’être imposé dans ce même Grand Prix l’an passé en compagnie de Beau de Laubry. Juste après lui, Tim Gredley et Imperial HBF ont également laissé toutes les barres sur leurs taquets, mais ont écopé de trois points de pénalité pour temps dépassé, qui leur ont tout de même permis de terminer à une bonne cinquième place. Portant le dossard trente-quatre, c’est en fin d’épreuve que Richard Vogel décroché son ticket pour le barrage. Victoria Gulliksen a bien failli en faire de même avec Mistral van de Vogelzang, mais soixante-dix centièmes de secondes l’en ont privée.
Un barrage de folie
De nouveau ouvreur de la finale au chronomètre, Denis Lynch a signé un second parcours rapide sur son alezan, franchissant les cellules en 44”37 sans prendre énormément de risques. Lancé à sa poursuite et en quête d’une troisième victoire dans ce Grand Prix qu’il avait déjà remporté avec Silvana*HDC en 2012, Kevin Staut semblait en passe de prendre la tête et a d’ailleurs coupé la ligne d’arrivée en 42”67, mais sa Dialou Blue PS n’a pu couvrir le dernier oxer. À son retour en piste et au vu de la vitesse de son United Touch S, Richard Vogel semblait pouvoir se permettre de ne pas tout tenter lors de ce barrage, voire d’en assurer certaines parties…mais ce n’est pas ce choix qu’a opéré l’Allemand. Lançant son OVNI au triple galop dès le départ, il a réalisé deux virages de folie consécutifs à l’abord de l’oxer numéro seize et du double de verticaux pour en terminer en 41”39, soit avec près de trois secondes d’avance sur son dauphin. “La performance de mon cheval me laisse sans voix”, a-t-il confié juste après sa sortie de piste. “Je voulais vraiment répéter ma victoire d’il y a deux ans ici, car j’y concours à domicile, et l'atmosphère formidable nous donne des ailes.” Quant au parcours initial, “il s’est révélé plus difficile que nous ne l’avions imaginé à la reconnaissance”, a analysé le vainqueur un peu plus tard. “Je pensais qu’il y aurait plus de sans-faute que cela. United a sauté assez facilement, il est resté à mon écoute et très concentré tout en faisant usage de sa grande amplitude et de sa puissance. Il m’a donné de très bonnes sensations”.
Stuttgart réussit aux Français
En 2012, Kevin Staut avait été le premier cavalier non germanique à remporter l’étape de la Coupe du monde de Stuttgart, et en 2023, alors qu’il s’y imposait de nouveau, François-Xavier Boudant s’était classé troisième sur Brazyl du Mezel. Cette année encore, le Grand Prix du concours a plutôt souri aux Français, puisqu’au-delà de la troisième place du cavalier de Dialou Blue, Julien Anquetin et Olivier Perreau se sont classés sept et huitièmes de l’épreuve. Associés à Z Ice Cube et Dorai d’Aiguilly*GL Events, ils ont respectivement fait tomber le mur numéro onze et l’oxer précédent. Très bon sixième de l’étape de Lyon il y a deux semaines, Cédric Hurel, lui, a préféré abandonner après plusieurs importantes fautes de couverture de son Fantasio Floreval, visiblement ému dans l’arène de Stuttgart.
Grâce à sa performance du jour, Kevin Staut conserve la tête du classement général de la ligue d’Europe occidentale de la Coupe du monde. Totalisant désormais quarante-neuf points, il semble d’ores et déjà assuré de sa qualification pour la finale de Bâle, qui aura lieu en avril prochain, mais ne compte pas s’arrêter en si bon chemin. “Je ne me rendrai pas à Madrid (qui accueillera la prochaine manche du circuit, dans deux semaines, ndlr), mais je compte bien disputer les autres étapes du circuit”, a-t-il indiqué. “Je suis toujours très heureux de venir ici, et j’essaye d’être présent chaque année. En ce moment, Richard semble sur un nuage et c’est très motivant pour nous tous. Cela me donne envie de progresser encore dans mon équitation, pour tenter d’atteindre le même niveau que lui dans les prochaines années.” Le vainqueur du jour est le dauphin de l’ancien cavalier de Silvana au classement général de la Ligue, et avec quarante-deux points au compteur, sa participation à la finale bâloise semble également assurée. Grâce à sa cinquième place à Lyon et sa septième à Stuttgart, Julien Anquetin pointe pour l’instant au huitième rang avec vingt-trois points, et a donc parcouru un peu plus de la moitié du chemin vers la Suisse alors que neuf étapes restent à disputer.
Les résultats
Toutes les épreuves du CSI 5*-W de Stuttgart sont disponibles à la demande sur ClipMyHorse.tv, où l’étape de la Coupe du monde Longines de jumping a été commentée par Kamel Boudra et Emeric George