Le bien-être équin au cœur d’Equita Lyon
Deux temps forts autour du bien-être équin ont été organisés à l’occasion d’Equita Lyon les 31 octobre et 1ernovembre. Il s’agit de la journée du bien-être équin et des Equirencontres. Plusieurs cavaliers de l’équipe de France sont intervenus, tout comme des membres du staff fédéral et des commissions fédérales. L’occasion de rappeler les actions de la Fédération française d’équitation en matière de bien-être animal.
Une journée dédié au bien-être équin
Le jeudi 31 octobre 2024, le Longines Equita Lyon, concours hippique international, a organisé une après-midi de conférences, d’échanges et de rencontres entièrement dédiée au bien-être équin. Lancée à l’initiative du Comité de pilotage du pôle santé d’Equita Lyon et en partenariat avec la Fédération française d’équitation (FFE), cette quatrième édition de la journée bien-être équin avait pour thème: “Dites à mon cheval que je l’aime!”
À l’issue d’une année marquée par les Jeux olympiques et paralympiques, les intervenants ont mis en lumière le lien étroit qui unit depuis longtemps déjà, sports équestres et bien-être équin. Caroline Godin, responsable des formations et de l’écurie de propriétaires au Haras de la Cense, DE JEPS et BFE EE2 et cavalière de dressage professionnelle, a évoqué la différence entre bientraitance, c’est-à-dire les actions mises en place par l’humain pour offrir à l’animal des conditions de vie compatibles avec ses besoins, et bien-être, notion subjective et individuelle qui se base sur le ressenti de l’animal, quantifiable via des indicateurs qui témoignent d’un état émotionnel. Elle a également mentionné que pour allier bien-être et performance, il est essentiel “de connaître les besoins des chevaux - les 3F - pour organiser leur quotidien au plus proche de leurs conditions naturelles.”
Une table ronde a suivi avec les témoignages de cavaliers de haut niveau sur la manière de concilier bien-être et performance dans les sports équestres. Pauline Basquin, cavalière internationale de dressage et écuyère du Cadre noir de Saumur, a mis l’accent sur la nécessité de “garder la confiance et la motivation des chevaux”, tandis que de son côté Benjamin Aillaud, meneur international d’attelage, auquel GRANDPRIX a récemment consacré une interview, a mis en avant l’importance “d’être attentif aux petits signaux et de garder comme garde-fou de ne jamais rentrer dans le conflit ni le rapport de force”. Nicolas Touzaint, récent médaillé d’argent par équipes aux Jeux de Paris, a partagé ses actions du quotidien pour le bien-être de ses chevaux et les conditions de vie qu’il leur offrent, tandis qu’Alexia Pittier, membre de l’équipe de France paralympique à Versailles, a confié que “le but est de connaître ses chevaux pour être à la fois dans la performance et le bien-être”. Enfin, Mark McAuley, cavalier international de saut d’obstacles, a expliqué que les chevaux savaient exprimer quand ils avaient un problème à travers des signaux et que notre rôle était de les écouter pour les comprendre.
Richard Corde, vétérinaire, “horse welfare coordinator” des Jeux de Paris 2024, du Longines Equita Lyon et du Printemps des Sports Équestres, a conclu cette première partie en revenant sur son expérience olympique et paralympique en tant qu’observateur attentif et sur sa collaboration avec les officiels de compétition. Il a notamment partagé que les conditions d’accueil des chevaux étaient optimales et a mis l’accent sur le travail des grooms, véritables repères pour les chevaux.
Comprendre davantage pour toujours faire mieux
La deuxième partie des conférences liait bien-être équin et nouvelles technologies. Agnès Olivier, chercheuse en science du sport et responsable du plateau technique de Saumur à l’Institut français du cheval et de l’équitation (IFCE), a évoqué l’outil Mazarin. Laurent Gallice, directeur de la discipline du dressage et Jean Morel, sélectionneur national et chef d’équipe pour cette même discipline, ont expliqué en quoi cet outil composé de capteurs positionnés sur le cavalier - un sur le casque, trois dans le dos - et sur les rênes, la sangle et le tapis, a permis de perfectionner certains détails techniques dans le travail au sein de l’équipe de France de dressage, tout en objectivant certains ressentis. “Grâce à ces capteurs, nous pouvons voir les mouvements du cavalier en trois dimensions et ainsi observer s’il est synchrone avec les mouvements de son cheval, comment il coordonne son haut, milieu et bas du corps, ou encore la répartition des tensions entre sa main et la bouche de son cheval,” a expliqué la chercheuse. “Nous pouvons également réaliser un focus sur le cheval et connaître la qualité de sa locomotion à partir de ces enregistrements: cadence, rebond, etc.”
À la suite, Thierry Grisard, vétérinaire FEI et président de la commission des vétérinaires lors des JOP de Paris 2024, a présenté des applications au service du cheval tandis que Paul Jacques Tanvez, dirigeant de Normandie Drainage, a expliqué l’importance d’un sol et donc d’une piste de qualité pour la locomotion des chevaux lors de compétitions entre autres, en détaillant le protocole de suivi des sols sur le site de Versailles.
Bien-être équin: savoir expliquer pour faire reculer les idées reçues
Caroline Gropaiz, médiatrice certifiée, et Richard Rondoux, avocat spécialiste de la cause animale, ont décrit les idées reçues auxquelles font face la filière équine, l’évolution du cadre juridique européen et français qui les entourent et ont évoqué le statut du cheval. Trois représentants d’acteurs de la filière cheval ont ensuite pu témoigner: Sophie Dubourg, directrice technique nationale de la Fédération Française d’Équitation (FFE), Jacqueline Riondé, membre du comité exécutif de la Société hippique française (SHF) et Pierre Antoine Tressos, responsable du pôle syndical et formation du Groupement Hippique National (GHN).
Sophie Dubourg a notamment rappelé les outils fédéraux existants et les évolutions apportées aux règlements sportifs pour toujours mieux prendre en compte le bien-être équin, ainsi que les engagements de la filière via la signature de la charte du bien-être équin. Au sujet des Jeux olympiques et paralympiques, cet été à Versailles, la DTN a rappelé que tout a été fait pour la performance, mais surtout et à tout prix dans le respect de l'intégrité physique et morale des chevaux engagés, éléments respectés par les cavaliers et staff de toutes les nations.
Déborah Bardou, présidente de la commission fédérale bien-être animal, a conclu en ouvrant sur le bien-être équin dans les poney-clubs et centres équestres et l’importance de capitaliser sur le dynamique du haut niveau pour avoir des répercussions dans les clubs: “Nous constatons des évolutions positives avec, au niveau international, la fin de l’obligation du port des éperons en dressage ou encore le contrôle du serrage des muserolles par exemple. Si les choses vont dans le bon sens, cette population de cavaliers internationaux est intéressante mais reste minoritaire. Il faut capitaliser là-dessus pour que cette dynamique positive ne profite pas qu’au haut niveau. Nous avons tous un rôle à jouer: les cavaliers professionnels en ouvrant la voie, les dirigeants de club en offrant un cadre de vie adapté à leur cavalerie, les enseignants en transmettant les connaissances d’une équitation juste, les officiels de compétition en garantissant le respect des règlements.
Les clubs sont le point de départ du bien-être équin et la FFE est investie. Dès 2019, une mention bien-être animal a été créée, permettant aux dirigeants de club de faire un état des lieux de leurs pratiques en matière d'hébergement des équidés et d'identifier des axes d’amélioration à la suite d’un audit. Aujourd’hui, plus de deux mille clubs sont engagés dans cette démarche qualité et la commission bien-être animal a rehaussé le cahier des charges en 2021 pour la rendre plus exigeante et favoriser une évolution continue des établissements sur ce sujet. Les actes délétères sont souvent liés à de la méconnaissance ou des idées reçues. C’est de notre responsabilité collective de nous, professionnels, de nous former pour faire passer les bons messages sur le bien-être équin.”
Le mot de la fin est revenu à Sylvie Robert, présidente de GL events Equestrian sport, qui a remercié toutes les institutions impliquées dans l’organisation de cette journée, dont la FFE, avec laquelle de nombreux projets se tiennent, ainsi que les intervenants. “Nous essayons de faire de notre mieux pour que les choses avancent dans le bon sens et je pense que c’est le cas”, a-t-elle conclu.
Dix-septième édition des Equirencontres “sport et loisir”
Le vendredi 1er novembre, s’est tenue la dix-septième édition des Equirencontres “sport et loisir”, visionnable ici, au Pôle Santé du salon du cheval de Lyon, en partenariat avec Boehringer Ingelheim, partenaire des équipes de France.
À nouveau, en introduction, a été faite la différence entre bien-être et bientraitance, par Alice Ruet, éthologiste et ingénieure de recherche et développement “bien-être des chevaux” à l'IFCE Saumur ainsi qu’au sein de l’équipe cognition éthologie et bien-être animal (CEB). L’heure était ensuite aux témoignages et échanges concernant les pratiques sportives, avec l’intervention notamment de Nicolas Touzaint. Une nouvelle fois, Richard Corde a évoqué son rôle de “horse welfare coordinator” aux Jeux de Paris 2024 ainsi qu’au sein des événements équestres organisés par GL events en amont comme au printemps des sports équestres, ce qui a poussé à sa création et le fonctionnement de cette mission. Le rôle du vétérinaire comme garant du bien-être et de la bientraitance, a été abordé, tout comme les différents outils mis en place au sein de la FFE et de la FEI pour garantir le bien-être des chevaux tels que les règlements des compétitions nationales et internationales, les règlements vétérinaires et antidopage internationaux ou encore l’application FEI TackApp compilant les informations liées aux équipements et harnachements autorisés en compétitions.
Un temps d’échanges s’en est suivi entre les intervenants, le public et les internautes qui suivaient le live de la conférence. Les conditions de vie, les actions mises en place pour respecter le bien-être des chevaux en compétition, la gestion de la mise à la retraite ou encore l’évaluation de l’impact du harnachement à l’entraînement ont été évoqués. Cette journée s’est clôturée par l’intervention de Mathilde Labat, influenceuse sous le pseudonyme de Mathilde & Sligo, qui a exhorté le public à prendre du recul sur ce que l’on peut voir sur les réseaux sociaux, s’informer et vérifier les informations auprès de sources fiables afin d’éviter des erreurs autour du bien-être équin qui peuvent être liés à des croyances erronées ou la viralité de mauvaises informations.