L’édition 2024 d’Equi Seine s’est achevée en apothéose, ce dimanche en fin d’après-midi, avec une superbe victoire de Titouan Schumacher et Illusion (KWPN, Balou du Rouet x Glennridge) dans un Grand Prix 4* à 1,55m très intéressant. Après le remodelage du programme du concours lié à des dégâts matériels causés par les chutes de neige de jeudi, proposer un parcours à la fois sélectif et juste pour les couples engagés ne s’annonçait pas comme une mission des plus aisées, mais Grégory Bodo l’a accomplie avec brio. Pour départager les cinquante concurrents au départ de la première manche, le co-concepteur des parcours olympiques des Jeux de Paris 2024 avait imaginé un tracé comportant treize obstacles, dont un triple vertical - oxer - oxer placé le long du restaurant V.I.P. Il avait aussi misé sur un temps imparti assez serré, qui a joué un vrai rôle dans ce Grand Prix. Pour preuve, quatre des douze duos qualifiés pour la seconde manche l’ont été avec une ou deux pénalités consécutives à un dépassement de temps. Ils ont été opposés dans ce second acte aux sept paires ayant signé un sans-faute, ainsi qu’à Jules van Hoydonck et Minte van den Bisschop (BWP, Plot Blue x Parco), auteurs du plus rapide des premiers parcours à quatre points.

Ouvreurs du second acte, ceux-ci y ont, d’emblée, signé un sans-faute, qui leur a permis gagner deux rangs pour terminer dixièmes. Par la suite, Pim Mulder et Anthony Wellens ont successivement pris la tête avec Viktor (Z, Verdi TN x Caretano Z) et Domenco (OS, Cornet’s Stern x Stakkato), avant que ne débute la valse des cavaliers ayant signé un premier parcours parfait. La première d’entre elle n’était autre que la championne olympique Pénélope Leprévost, toujours accueillie en star dans sa région rouennaise d’origine et tenante du titre dans ce Grand Prix. Associée au très plaisant Ehning Flamingo (SF, Cardento x Diamant de Semilly), déjà deuxième du Grand Prix du CSI 4* de Saint-Lô il y a un mois, l’amazone a offert au public un superbe double zéro en serrant ses virages, établissant le chronomètre de référence à 44”76. Cette marque, qui lui a valu la cinquième place finale, a été améliorée de soixante-dix-huit centièmes par Robert Murphy et la pétillante Hulde G (KWPN, Vigo d’Arsouilles x Warkant), puis, un peu plus tard, par Michael Greeve, qui a coupé les cellules en 42”31 sur Denver (Holst, Diarado x Quantum). 

Alors que l’épreuve touchait progressivement à son terme, les champions de France Pro Élite en titre, Cédric Hurel et Fantasio Floreval (Z, Florian de la Vie x Clinton), ont signé une prestation magistrale. Aux rênes de son bai, semblant de nouveau en pleine confiance après une étape de la Coupe du monde Longines de Stuttgart difficile le week-end dernier, le cavalier a signé une fin de barrage canon pour arrêter la montre en 41”34. Après le barrage fautif de Dries Dekkers sur Pommery van het Ijzeren Lindehof (BWP, Kasanova de la Pomme x Robin des Bruyères), seul un cavalier pouvait encore déloger Cédric Hurel de la première place: Titouan Schumacher. Il y a un mois, associé au même Illusion, le Français s’était déjà retrouvé dans la même situation à l’occasion du Grand Prix 4* de Saint-Lô, où il avait déjà signé le plus rapide des sans-faute initiaux. Dans la Manche, l’ancien partenaire d’Atome et son bai foncé avaient cependant été relégués au cinquième rang après avoir commis une faute lors de leur second passage. Aujourd’hui, il n’en a rien été! Les vainqueurs du Grand Prix 3* de Compiègne Classic, où ils avaient surpris leur monde; ont délivré une prestation impeccable de fluidité et extrêmement rapide de bout en bout pour en terminer avec dix-sept petits centièmes d’avance sur Cédric Hurel et Fantasio Floreval, et sous les hourras du public.

Avec leur victoire, la magie du sport a donc triomphé en épilogue d’une vingt-quatrième édition d’Équi Seine - événement sportif accompagné depuis quelques années d’un Salon normand du cheval et d’un Salon des métiers du cheval et de l’équitation -  qui a mené l’association organisatrice dans des montagnes russes émotionnelles, entre un sport qui a tenu ses promesses et des aléas qui auraient pu gâcher la fête. Après les crises sécuritaires liées aux vagues d’attentats et au long mouvement des gilets jaunes, puis la terrible crise sanitaire liée à la pandémie de Covid-19, cette année, les passionnés qui orchestrent ce rendez-vous, ayant vécu son enfance à Port-Mort et son adolescence à Canteleu, ont dû composer avec un début d’épizootie d’herpèsvirose équine de type 1 et… une offensive hivernale des plus imprévisibles. La première a conduit des cavaliers à se désengager, appliquant un principe de précaution qui ne se discute pas. La seconde a fait s’affaisser, sous le poids de la neige, des tentes abritant des boxes démontables.

Heureusement, un élan de solidarité exceptionnel de la part des bénévoles, grooms et cavaliers, aidés par le prestataire en charge des écuries temporaires, a permis de reloger les chevaux au sec et en sécurité. Pour autant, tout cela ne sera pas sans incidence sur les finances de l’association. Dans un contexte économique incertain, embrouillé par la perspective de coupes budgétaires au sein des collectivités locales, sans l’aide desquelles le riche tissu événementiel français ne serait pas ce qu’il est, Équi Seine se posera plus sérieusement encore que d’habitude la question de continuer à écrire sa belle histoire… ou d’y mettre un terme. Pour la beauté du sport et l’intérêt de la filière équine normande et nationale, la première option serait bien plus vertueuse que la seconde, mais dieu qu’il peut être ingrat d’organiser des concours hippiques…

Les résultats
Tous les parcours d’Equi Seine seront disponibles à la demande sur GRANDPRIX.tv