Face à l’épizootie de rhino, le RESPE “incite fortement à l’annulation ou au report de tous les concours et rassemblements de poneys ou chevaux de sport prévus jusqu’au 8 décembre”

Cet après-midi, le Réseau d’épidémiosurveillance des pathologies équines (RESPE) a publié un communiqué consécutif à la nouvelle réunion de sa cellule de crise concernant le foyer d’herpèsvirose de type 1, virus également connu sous le nom de rhinopneumonie. À ce jour, la circulation du virus reste active dans les foyers déjà identifiés en Île-de-France et de nouveaux foyers sont apparus dans d’autres départements au sein d’une population de poneys et chevaux de sport. “Ce constat, avec des informations encore parcellaires pour certains sites, ne permet pas à ce stade d’envisager une stabilisation de la situation”, estime le RESPE, qui “incite fortement à l’annulation ou au report de tous les concours et rassemblements de poneys ou chevaux de sport prévus jusqu’au 8 décembre inclus”.



La cellule de crise s’est de nouveau réunie hier pour suivre l’évolution de la situation de la circulation de l’herpèsvirose de type 1 (HVE1), virus également connu sous le nom de rhinopneumonie. Elle a regroupé des représentants de l’Association vétérinaire équine française, la Fédération française d’équitation, la Fédération nationale du cheval, France Galop, l’Institut français du cheval et de l’équitation, Labéo Frank Duncombe, la Société française des équidés de travail, la Société hippique française, le Trot, la direction générale de l’Alimentation et du RESPE. “Cela a permis de mieux centraliser les informations et de les analyser en vue d’une communication sur les mesures de précaution à appliquer pour les prochains jours et semaines”, résume le RESPE dans un communiqué paru aujourd’hui.

Au 25 novembre, ont été confirmés trois foyers dans l’Essonne, deux foyers les Hauts-de-Seine, un dans les Yvelines, un dans l’Eure-et-Loir, un en Loire-Atlantique et un dans l’Orne. “De nombreux dépistages ont été réalisés ou sont en cours, sur tests rapides et/ou par analyses de laboratoire. On comptabilise ainsi dans les foyers enregistrés d’un à plusieurs dizaines de poneys et chevaux positifs. Les symptômes sont majoritairement des formes respiratoires, mais également des formes nerveuses, avec des symptômes peu légers à très sévères. Ainsi, deux foyers déjà identifiés sont particulièrement touchés, avec trois chevaux morts dans l’une des structures et cinq dans l’autre, ces derniers sur le temps d’un weekend”, décrit le RESPE. “Dans les foyers, on comptabilise d’un à plusieurs dizaines de poneys ou chevaux positifs. Parmi ces derniers, certains animaux infectés ne présentent que de l’hyperthermie, d’où l’importance de la mise en place d’un suivi de température. D’autres encore n’ont présenté aucun symptôme, et ont été révélés par les dépistages systématiques dans les foyers confirmés, d’où l’importance des analyses même sur des chevaux asymptomatiques.”

“L’enquête a permis d’identifier deux liens épidémiologiques entre plusieurs des foyers: à la compétition de début novembre dans la Sarthe, identifiée la semaine dernière, s’ajoute la participation d’un ou plusieurs équidés ayant disputé le concours de la Sarthe et en stade d’incubation lors d’une compétition en Seine-et-Marne, le week-end des 9, 10 et 11 novembre. Des rassemblements dans les départements de l’Orne et de Loire-Atlantique sont en cours d’investigation. Ces liens épidémiologiques ne sont que des éléments de l’enquête pour essayer de retracer la provenance du cheval porteur initial et la circulation du virus ensuite. Leur confirmation reste cependant toujours compliquée”, analyse le RESPE. Aucun cas n’est rapporté pour le moment dans les filières des courses de trot et de galop, et de l’élevage (toutes activités confondues). “Néanmoins dans plusieurs foyers identifiés, la présence de juments gestantes est rapportée sans qu’aucun avortement n’y soit pour l’instant à déplorer.”



Les compétitions sportives sous haute surveillance

Tous les propriétaires et détenteurs d’équidés ayant participé aux rassemblements dans les départements listés ci-dessus ou à des concours de niveau équivalent depuis début novembre sont appelés à la plus grande vigilance. Ils sont fortement incités à mettre en place un suivi de température pour détecter au plus tôt les équidés malades, mais aussi à effectuer des dépistages sur écouvillon nasopharyngé pour dépister les chevaux infectés et asymptomatiques, afin de limiter plus avant la circulation du virus et la propagation de la maladie. De même, chaque détenteur dans un foyer avéré est appelé à ne pas déplacer son cheval et à ne surtout pas participer à un rassemblement. En cas de non-respect, des sanctions pénales peuvent être appliquées en vertu de l’article L228-3 du Code Rural, “Le fait de faire naître ou de contribuer volontairement à répandre une épizootie chez les vertébrés domestiques […] est puni d’un emprisonnement de cinq ans et d’une amende de 75.000 euros. La tentative est punie comme le délit consommé.”

Les organisateurs, propriétaires et détenteurs sont donc invités à respecter rigoureusement les règlements en vigueur ou, en cas d’absence, à appliquer un protocole sanitaire avec a minima un test négatif à soixante-douze heures de préférence, réalisé dans un laboratoire reconnu par le RESPE, un suivi de température (avant, pendant et après la manifestation), isolement immédiat en cas d’hyperthermie, nettoyage puis désinfection des boxes, camions, etc. Tout autre intervenant auprès des équidés (vétérinaires, maréchaux-ferrants, techniciens dentaires, ostéopathes animaliers, coaches, transporteurs, et autres), doit appliquer des règles de biosécurité strictes (nettoyage et désinfection des mains et des bottes, changement de tenue, garder son véhicule à l’écart des zones de circulation des animaux, etc.). 



Biosécurité renforcée

Les membres de la cellule de crise “incitent fortement à l’annulation ou au report de tous les concours et rassemblements de poneys ou chevaux de sport jusqu’au 8 décembre inclus et remercient les organisateurs qui ont déjà pris la décision, parfois économiquement impactante, d’annuler leurs manifestions. Pour les manifestations qui seraient malgré tout, maintenues, un protocole sanitaire doit être réfléchi avec le vétérinaire de la structure sur la base des mesures préconisées par le RESPE et la FFE et appliqué strictement. Pour tout rassemblement,  il est fortement recommandé d’effectuer une recherche du virus HVE1 sur un écouvillon nasopharyngé devant être réalisé dans les 72h avant l’arrivée de l’équidé sur site. Dans ce contexte particulier de la détection de chevaux non malades, ce test doit être réalisé dans un laboratoire d’analyse reconnu par le RESPE, et non sur un test rapide. Un suivi de température avant le rassemblement (a minima une semaine), pendant, et après le rassemblement (a minima une semaine) doit également être mis en place et tracé sur un document. Un renforcement de toutes les mesures de biosécurité est également fortement recommandé.”



Déclarer pour mieux protéger

Dans le contexte et dans l’intérêt général de la filière, il est primordial de remonter au RESPE toutes suspicions et/ou cas avérés, et ce quelle que soit la méthode de diagnostic utilisée; une prise en charge pourra être envisagée pour confirmer les résultats issus de tests rapides. Pour les suspicions, les propriétaires et détenteurs d’un équidé suspect peuvent utiliser l’application anonyme VigiRESPE (www.vigirespe.net) et demander à leur vétérinaire de déclarer au RESPE (anonymat de l’équidé et du détenteur préservés). Les vétérinaires dits sentinelles peuvent déclarer leurs cas suspects sur leur espace personnel et les accompagner de prélèvements pour confirmation de la situation. Ils peuvent aussi déclarer a posteriori dans cet espace, leurs cas confirmés par un test rapide ou par un laboratoire non reconnu par le RESPE. Les alertes du RESPE garantissent l’anonymat des propriétaires et détenteurs d’équidés. Seules les informations relatives à la maladie de l’équidé, à la technique diagnostique et au département de stationnement de l’animal sont diffusées dans un souci de transparence et de suivi sanitaire. L’identité de l’équidé, comme de son détenteur, ne sont jamais diffusées.