Dans l’Essonne, un centre équestre dans l’enfer de la rhinopneumonie
Comme plusieurs structures équestres frappées par l’épizootie d’herpèsvirose de type 1, virus communément nommé rhinopneumonie, qui sévit en France depuis novembre, le centre équestre Riderland/écurie des Chartreux, sis à Saulx-les-Chartreux, dans l’Essonne, vit un véritable cauchemar. Sept chevaux y sont déjà morts, et les activités y sont fortement impactées. Au nom du collectif “Les Cavaliers engagés de Riderland”, créé en réaction aux conséquences de l’épidémie, Rébéca, cavalière adhérente, alerte sur le manque d’accompagnement des clubs dans cette situation sanitaire complexe.
Depuis la mi-novembre, une nouvelle épizootie d’herpèsvirose de type 1 (HVE 1), virus plus communément qualifié de rhinopneumonie, a causé la mort de douze chevaux. En date du 9 décembre, dix foyers avaient été identifiés: trois dans l’Essonne, deux dans les Hauts-de-Seine, un dans les Yvelines, un dans l’Eure-et-Loir, un en Loire-Atlantique, un dans l’Orne et un en Val-de-Marne. Après que le Réseau d’épidémiosurveillance des pathologies équines (RESPE) a appelé à la vigilance, samedi 16 novembre, plusieurs compétitions ont été annulées ou remises par prévention. “Étant donné le contexte sanitaire et par mesure de précaution, nous prenons la décision de reporter le concours de saut d’obstacles des Boutiques, initialement prévu du 22 au 24 novembre, au week-end du 6 au 8 décembre”, avait ainsi communiqué le Pôle européen du cheval du Mans, le lundi 18 novembre.
Cette situation sanitaire délicate a des conséquences désastreuses sur certains club, notamment en Île-de-France. Au sein du centre équestre Riderland/écurie des Chartreux, sis à Saulx-les-Chartreux, dans l’Essonne, plusieurs chevaux sont tombés malades au retour d’un concours organisé au Mans, début novembre. “Plusieurs chevaux ont présenté les symptômes d’une maladie, que nous n’avons pas tout de suite identifiée comme la rhinopneumonie, parce qu’ils ont été touchés par des symptômes neurologiques de la maladie (alors que le HVE1, dans la majorité des cas, est identifiable par des symptômes respiratoires proches de ceux de la gourme ou de la grippe, les symptômes neurologiques de la maladie sont plus rares, et plus difficiles à identifier, ndlr). Les chevaux souffraient d’un manque d’appétit, d’une perte d’état, mais aussi de gonflements au niveau des membres. Au bout d’un moment, le vétérinaire a effectué un test PCR(nécessaire pour détecter le virus, ndlr) qui s’est révélé positif, et tout s’est accéléré. Nous avons alors compris l’enjeu et la vitesse à laquelle le virus se répandait dans l’écurie”, explique Rébéca, membre du collectif Les Cavaliers engagés de Riderland.
“Nous nous sentons très seuls”
“Nous avons déclaré nos cas de rhinopneumonie (au RESPE, ndlr), ce qui n’est pas toujours fait rapidement par certains clubs. Par la suite, nous avons appris que d’autres clubs comptaient des chevaux contaminés lors du rassemblement organisé au Mans, mais avaient gardé cela sous silence. Cela nous a mis en difficulté, car nous ne savions pas que la maladie circulait dans la région, et nous avons mis plus de temps à la détecter. À partir de ce moment, nous avons séparé les chevaux contaminés et ceux qui ne l’étaient pas. S’en est suivie une grosse mobilisation, car il fallait prendre la température des chevaux trois fois par jour, surveiller leur état, prendre en charge la clientèle, et éviter au maximum les déplacements dans les écuries, etc.”, explique-t-elle.
Malgré l’engagement des équipes et la mise en place de nombreuses mesures d’urgence, les contaminations se sont multipliées dans l’écurie. Sept chevaux sont déjà morts, d’autres sont dans un état critique, et les activités du club sont grandement impactées. “Le nombre de cours est réduit. Actuellement, il n’y a plus de cours chevaux assurés, et nous sommes dans un flou total quant à l’avenir. Comment faire repartir un centre équestre après une telle crise?” s’inquiète Rébéca. “Dans cette situation, nous nous sentons très seuls. Les clubs se retrouvent bien seuls pour gérer ces problèmes. Nous aimerions appeler à des mesures collectives pour mieux protéger nos chevaux et les structures qui les accueillent. Avec d’autres cavaliers, nous avons créé ce collectif pour partager un message de solidarité ainsi que notre expérience, afin de mieux anticiper les mesures de sécurité pour limiter la transmission du virus. Cela devrait peut-être impliquer une obligation de vaccination (obligatoire dans les courses hippiques et pour les rassemblements d’élevages de chevaux de sport, mais pas dans les concours organisés sous l’égide de la Fédération équestre internationale et de la Fédération française d’équitation, ndlr), et des mesures d’aide plus rapides (pour les clubs en difficulté, notamment, ndlr). Par exemple, une fois la maladie diagnostiquée, nous avons commandé des hamacs pour les chevaux (les hamacs sont utilisés pour permettre aux chevaux malades de continuer à se tenir debout). Cela demande du temps et de l’organisation, et nous avons perdu des chevaux que nous aurions peut-être pu sauver entre temps”, regrette la cavalière. Il appartient à la famille équestre d’apprendre de cette nouvelle épizootie… afin de mieux préparer les prochaines, dont la survenue est inévitable.