Taloubet Z quitte la scène sur une incroyable victoire

C’est ce que l’on appelle la magie du sport… Quel meilleur point final Taloubet Z pouvait-il apporter à sa carrière sportive ? Cet après-midi à Leipzig, l’incomparable fils de Galoubet A s’est imposé dans l’étape Coupe du monde Longines, ultime compétition de sa carrière. À dix-huit ans, le fidèle complice de Christian Ahlmann se retire des terrains de compétitions de la plus belle des manières dans un Grand Prix disputé où Carlos Enrique Lopez Lizarazo et Harrie Smolders ont pris les deux et troisième places sur Admara 2 et Zinius.



Son entourage et ses très nombreux admirateurs rêvaient de le voir conclure sa carrière d’athlète sur une grande victoire, Taloubet Z a exaucé leur vœu. Au terme des deux manches du Grand Prix Coupe du monde de Leipzig, le sublime bai brun s’est en effet imposé, offrant à Christian Ahlmann une sacrée belle victoire et un après-midi inoubliable.
 
Partis en numéro un, Aldrick Cheronnet et Tanael des Bonnes n’ont pas semblé réussir à trouver une parfaite alchimie cet après-midi puisque tous deux ont fauté sur la sortie de triple et essuyé un refus sur l’ultime vertical. Malgré un très bon tour sur Berlinda, Hans-Dieter Dreher a lui été privé de barrage pour un point de temps dépassé, tout comme François Mathy Jr. sur le puissant Uno de la Roque. Pour son premier Grand Prix de Coupe du monde, Stephanie Holmén, une talentueuse suédoise installée dans les écuries de Peder Fredricson, a elle laissé deux barres à terre sur Flip’s Little Sparrow. Son mentor a par ailleurs commis une faute sur l’entrée du double n°11, associé au régulier H&M Christian K. Tenants du titre, Grégory Wathelet et Coree n’ont pu faire de doublé, à cause d’une faute commise sur le n°6. Troisièmes la semaine passée à Bâle, Simon Delestre et Chesall Zimequest ont quant à eux été piégés sur la première barre de l’oxer n°7.
Si le nombre de barragistes – quinze – aurait pu gâcher la fête, le suspens a tout de même été à son comble. Sur le tracé de Frank Rothenberger, un peu plus d’un tiers des engagés ont en effet trouvé la clé du sans faute et c’est l’Allemand Maurice Tebbel qui a ouvert la voie sur Chacco’s Son, rapidement imité par le Suédois Douglas Lindelöw et Zacramento. À seulement vingt-trois ans et pour sa première épreuve de Coupe du monde en Europe de l’Ouest, Maximilian Lill a lui aussi décroché son ticket pour le barrage, tout comme Cameron Hanley qui n’a pas manqué de lever le poing en franchissant la ligne d’arrivée sur le très bon Quirex, neuf ans. Christian Kukuk, Max Kuehner, Werner Muff se sont eux aussi déjoués de toutes les difficultés, tout comme le Tricolore Kevin Staut juché sur son meilleur cheval Rêveur de Hurtebise*HDC.  
Pour le plus grand bonheur du public allemand, Marcus Ehning et Christian Ahlmann ont conclu avec un score vierge, aux côtés de Martin Fuchs, Carlos Enrique Lizarazo Lopez, Alberto Zorzi et Harrie Smolders, juché sur Zinius, le petit bai qui lui permettait de s’imposer dans l’étape de Malines.


Une tension qui monte crescendo au barrage

Malgré tous les risques pris, Carlos Enrique Lopez Lizarazo a dû s'incliner à Leipzig.

Malgré tous les risques pris, Carlos Enrique Lopez Lizarazo a dû s'incliner à Leipzig.

© Daniel Kaiser/FEI

Si le début du barrage n’a pas donné lieu à une grande bataille, la suite s’est avérée bien plus palpitante. Alors que Douglas Lindelöw et son Zacramento tenaient les rênes de l’épreuve grâce à un barrage sans faute bouclé en 46“56, Kevin Staut est venu bouleverser le classement. Parti sur un tempo soutenu, le Normand et son champion olympique de complice ont avalé les obstacles tambour battant et franchi la ligne d’arrivée en 44“39, synonyme de première place provisoire. Cependant, Marcus Ehning a aussitôt relevé le challenge sur son exceptionnel fils de Cornet Obolensky et Ratina Z, Comme Il Faut. Répétant ses foulées à une vitesse folle de la ligne de départ jusqu’à l’arrivée, le bai a permis au Centaure de prendre la tête en enlevant dix centièmes au chronomètre du Normand.
Si Piergiorgio Bucci, Martin Fuchs et Alberto Zorzi se sont faits piéger à une reprise sur Driandria, Cool and Easy et Ego van Orti, le Colombien Carlos Enrique Lizarazo Lopez n’a pas manqué son rendez-vous. Le pilote installé au haras des Grillons dans la Drôme a en effet lancé son redoutable Admara à toute vitesse, n’hésitant pas à demander de sacrés efforts à son hongre. Une stratégie risquée mais payante, puisque le couple a pris le leadership en arrêtant le chronomètre Longines en 43“39. Auteurs d’une démonstration à Malines, Harrie Smolders et le très surprenant Zinius ont bien tenté leur chance, mais ont dû s’incliner pour moins d’une seconde de retard.
 


Taloubet Z referme le chapitre sport au sommet de son art

Toujours sublime à dix-huit ans, Taloubet Z se consacrera désormais à l'élevage.

Toujours sublime à dix-huit ans, Taloubet Z se consacrera désormais à l'élevage.

© Daniel Kaiser/FEI

Lorsque Christian Ahlmann et Taloubet Z sont entrés en piste, la tension a été à son comble à Leipzig. Suspendus à chaque foulée de galop de l’étalon de dix-huit ans, les spectateurs ont retenu leur souffle à chaque saut. Et si pendant plus de neuf ans le cavalier Zangersheide et l’exceptionnel bai brun ont été redoutés dans tous les barrages, c’est parce que leurs virages au cordeau et l’incroyable dressage de l’étalon ont été leur botte secrète. Cet après-midi, ils en ont à nouveau fait la démonstration en ne laissant rien au hasard. Sans faute sur l’avant dernier obstacle, Christian Ahlmann a su qu’il devait tout tenter jusqu’à l’ultime oxer Longines. À pleine vitesse, le couple a franchi la ligne d’arrivée en 43“19, le chronomètre de la victoire, face à un public exultant.
 
Cet après-midi, une page s’est tournée pour Christian Ahlmann, pour Taloubet Z pour les nombreux afficionados de ce couple, pour son entourage. Comme l'a fait Casall Ask l'an passé, l’incroyable fils de Galoubet A est donc sorti par la grande porte, tirant des larmes à sa propriétaire Judy-Ann Melchior, qui est également la compagne du pilote allemand. Comme s’il était trop modeste pour les applaudissements, Taloubet Z s’est montré intimidé lors de la remise des prix, visiblement impressionné par l’émotion qu’il a lui-même suscité dans les tribunes. À l’aube de la compétition, Christian Ahlmann avait affirmé que ce dimanche d’adieux pour son étalon serait une “belle journée”, il ne croyait certainement pas si bien dire.