Les performances de Pauline Basquin, le règne de Henrik von Eckermann et la suspension de Charlotte Dujardin sont dans notre baromètre
Au menu du baromètre du mois de février, Pauline Basquin continue d’écrire l’histoire du dressage français, tandis que Sylvie Robert est acclamée pour son engagement dans l’organisation des grands événements équestres. Madeleine Winter-Schulze reçoit enfin la reconnaissance qu’elle mérite en tant que propriétaire de l’année, et Henrik von Eckermann établit un record de longévité en tête du classement mondial. En revanche la saison intérieure s’achève prématurément pour King Edward. Charlotte Dujardin écope d’une suspension d’un an, et l’équipe de France de dressage peine à apaiser ses tensions internes.
EN HAUSSE
PAULINE BASQUIN CONTINUE D’ÉCRIRE L’HISTOIRE DU DRESSAGE TRICOLORE
Ils constituaient déjà la figure de proue du dressage tricolore depuis les Européens de Riesenbeck, en septembre 2023, et détiennent le record de France du Grand Prix Libre depuis le 3 novembre de la même année. Le 30 novembre 2024, à Madrid, Pauline Basquin et son fidèle Sertorius de Rima*IFCE ont relevé un nouveau défi en faisant résonner La Marseillaise lors d’une étape de la Coupe du monde de dressage, ce qui n’était plus arrivé depuis trente ans ! Selon les archives disponibles, le dernier succès français dans une telle compétition remontait à la victoire de Dominique d’Esmé et Arnoldo Thor à Stockholm, fin novembre 1994. Certes, célébré face à une concurrence qui n’était pas des plus acérées, le triomphe madrilène de Pauline Basquin n’en a pas moins une portée historique, et constitue aussi une consécration pour l’équitation légère et harmonieuse que propose l’écuyère du Cadre noir de Saumur.
LA FFE ET L’IJRC ACCLAMENT SYLVIE ROBERT
Début décembre, deux prix ont été attribués à Sylvie Robert, présidente de GL events Equestrian Sport, société à laquelle le Comité d’organisation des Jeux olympiques et paralympiques de Paris 2024 avait confié l’aménagement du site de Versailles et l’organisation des épreuves équestres, en groupement avec la Fédération française d’équitation (FFE) et celle de pentathlon moderne. Lors du gala annuel de la FFE, tenu le 10 décembre, la Rhônalpine fut remerciée et vivement applaudie pour la réussite éclatante des épreuves versaillaises, mais aussi le succès continu du salon Equita Lyon, qui a fêté sa trentième édition l’automne dernier, du Saut Hermès et du Printemps des sports équestres de Fontainebleau. Émue par ce prix, et l’énorme ovation qui lui a été réservée, Sylvie Robert a tenu à saluer l’engagement de toutes les parties prenantes concernées. Le 13 décembre, la présidente de GL events Equestrian Sport a également reçu une récompense spéciale de la part du Club des cavaliers internationaux de saut d’obstacles (IJRC), réuni en assemblée générale à Genève, “en reconnaissance du travail extraordinaire qu’elle a accompli au fil des ans dans l’organisation d’événements du plus haut niveau dans le monde équestre, avec en point d’orgue les magnifiques Jeux olympiques à Versailles”.
MADELEINE WINTER-SCHULZE SACRÉE PROPRIÉTAIRE DE L’ANNÉE A BÂLE
Le 10 janvier, le Prix Longines du propriétaire de l’année, attribué par le Club des propriétaires de chevaux de saut d’obstacles (JOC), a été remis pour la première fois à Madeleine Winter-Schulze dans le cadre du CHI-W de Bâle. Le fait qu’elle n’ait jamais remporté ce prix depuis son instauration en 2004 tenait presque de l’anomalie historique, tant l’Allemande de bientôt quatre-vingt-quatre ans s’est imposée comme un soutien hors norme pour les sports équestres germaniques depuis des décennies ! C’est en tant que copropriétaire de Checker 47, sacré champion olympique individuel de saut d’obstacles sous la selle de Christian Kukuk, qu’elle a été récompensée. “Nous sommes ravis de remettre cette année le prix du JOC à la formidable femme de cheval qu’est Madeleine Winter-Schulze”, s’est réjouie Robin Parsky, la présidente du Club.
MAXIMALE SAISONNIÈRE
Henrik von Eckermann règne sur le classement mondial Longines des cavaliers de saut d’obstacles depuis août 2022, soit depuis trente mois consécutifs ! Il a ainsi établi un nouveau record de longévité à la tête de cette hiérarchie, où personne n’avait réussi à se maintenir plus de vingt-neuf mois d’affilée, battant ainsi l’exploit réalisé par l’Allemand Ludger Beerbaum en son temps. Mais, ce dernier, qui n’est autre que l’ancien patron du Suédois, détient un autre record, puisqu’au total, il avait été numéro un mondial durant pas moins de trente-huit mois ! Son disciple, double champion du monde en titre et champion olympique par équipes de Tokyo, parviendra-t-il à faire encore mieux ?
EN BAISSE
UNE SAISON INTÉRIEURE ECOURTÉE POUR KING EDWARD
Fin décembre, Henrik von Eckermann a annoncé mettre fin à la saison indoor de son légendaire crack King Edward Ress à travers un communiqué de la Fédération équestre suédoise. Quelques semaines plus tôt, en l’espace de quelques jours, entre le 8 et le 15 décembre, le petit alezan d’ordinaire si généreux avait infligé trois impensables dérobades à son cavalier ; d’abord dans le barrage du Grand Prix du CSI 5*-W de La Corogne, puis en seconde manche de la finale du Top Ten Rolex IJRC à Genève et, enfin, lors de la finale au chronomètre de l’épreuve reine du concours suisse. Depuis la terrible chute du Suédois en finale individuelle des Jeux olympiques de Paris, où l’alezan semblait clairement écrasé par la pression, l’harmonie ne semble clairement plus aussi évidente entre les deux champions… Ces refus sonnent-ils la fin d’une ère ? Espérons que non, tant le couple est capable de prouesses ! En attendant, le Suédois a décidé que son alezan retrouverait les pistes de compétition directement en extérieur, lors du Winter Equestrian Festival de Wellington. Cela signifie également que le numéro un mondial et son BWP ne s’élanceront pas ensemble à l’assaut du record de trois victoires consécutives en finale de la Coupe du monde, record toujours détenu par Rodrigo Pessoa et Baloubet du Rouet…
CHARLOTTE DUJARDIN ÉCOPE D’UN AN DE SUSPENSION
Quelques jours avant le début des Jeux olympiques de Paris, la suspension provisoire de Charlotte Dujardin, prononcée par la Fédération équestre internationale (FEI) en raison de la diffusion d’une vidéo la montrant en train d’asséner une vingtaine de coups de chambrière au cheval d’une élève, avait fait l’effet d’une bombe dans le monde des sports équestres. Après plusieurs mois d’investigation de la FEI et de son tribunal, la triple championne olympique a finalement écopé d’un an de suspension et d’une amende de 10 000 francs suisses, soit environ 10 700 euros, ce qu’elle a officiellement accepté. À l’annonce de cette sanction, le 5 décembre, la Britannique est d’ailleurs sortie du silence et a dit respecter “entièrement le verdict de la FEI. Comme elle l’a reconnu, mes actions dans la vidéo ne reflètent pas qui je suis, et je ne peux que m’excuser encore d’avoir agi ainsi.” Par ailleurs, la cavalière a annoncé attendre la naissance de son deuxième enfant pour février.
L’ÉQUIPE DE FRANCE DE DRESSAGE TOUJOURS EMPÊTRÉE DANS DES CONFLITS INTERNES…
Si le dressage tricolore connaît depuis deux ans un véritable réveil sportif, qui l’a mené à atteindre la sixième place collective aux Européens de Riesenbeck en 2023, puis aux JO de Paris 2024, remplissant ainsi les objectifs de performance fixés par la FFE, il est en proie à de fortes dissensions. Si l’on pensait que la tension était retombée depuis le rendez-vous versaillais, où les Bleus ont affiché une navrante désunion aux yeux du grand public comme de la presse généraliste, elle perdure, les conflits principalement cristallisés entre Corentin Pottier et son épouse Camille Judet-Chéret, tous deux cavaliers internationaux, d’un côté, et leur coéquipier Alexandre Ayache ainsi que Jean Morel, le sélectionneur national, de l’autre, persistant. Le point de départ de la mésentente entre Corentin Pottier et Alexandre Ayache réside vraisemblablement dans la non-sélection du premier à Riesenbeck, ce qui avait motivé le dépôt d’un recours auprès du Comité national olympique et sportif français (CNOSF). En janvier 2024, une discussion aurait dégénéré entre les deux coéquipiers lors d’un stage fédéral à Lamotte-Beuvron, et la situation s’est tant envenimée par la suite qu’une plainte a été déposée du côté de Corentin Pottier et qu’un protocole de gestion a été mis en place à Versailles pour éviter tout débordement. Ainsi, un service de sécurité a été déployé dans les écuries, et les deux athlètes ont fait résidence à part pendant toute la compétition. Outre le fait de donner une mauvaise image de la discipline, cette affaire semble aussi avoir eu une influence négative sur les performances sportives des Bleus. Espérons que cela se résolve d’une manière ou d’une autre, car Corentin Pottier, deuxième meilleur Français au classement mondial, a récemment annoncé qu’il ne disputerait plus de grands championnats si le staff fédéral actuel était reconduit…