Le Pôle hippique de Saint-Lô œuvre à une gestion plus vertueuse de l’eau

Un projet global ayant pour objectif une gestion de l’eau plus vertueuse, et même l’autonomie du site en ce qui concerne l’arrosage des carrières de compétition, est sur le point d’être achevé au Pôle hippique de Saint-Lô, dans la Manche, dont la piste principale sera désormais subirriguée. Le directeur du Pôle, Yann Adam, explique à GRANDPRIX les tenants et aboutissants des travaux en cours, qui visent aussi à créer de nouvelles tribunes et un espace de restauration pour accueillir au mieux les acteurs humains de la filière équine.



Très bien connue des acteurs normands, français, et même internationaux du saut d’obstacles en tant qu’hôte du CSI 3* du Normandie Horse Show et de multiples autres concours, la carrière Uriel du Pôle hippique de Saint-Lô est actuellement en pleins travaux. Grâce à ceux-ci, cette piste en sable sera désormais subirriguée, et n’aura donc plus besoin d’arrosage aérien. “Sa réfection fait partie d’un projet plus global, qui vise à atteindre l’autonomie en eau pour l’arrosage des carrières du Pôle hippique”, expose son directeur, Yann Adam. “Nous avions déjà une piste en subirrrigation, et nous avons pu observer une très forte diminution de sa consommation d’eau par lorsque nous avons mis en place cette technique. Nous voulons donc reproduire cela sur notre carrière principale, et surtout, nous avons installé trois cuves de récupération d’eau, d’une capacité totale de plus d’un million de litres”. Celles-ci emmagasineront les eaux pluviales des deux carrières subirriguées, qui serviront donc de surfaces de récupération très intéressantes de par leur grande taille, ainsi que celles d’une partie de la toiture du grand manège du Pôle hippique. “Avec ces cuves, qui sont connectées entre elles,  nous devrions être totalement autonomes en eau pour l’arrosage des carrières”, espère Yann Adam, qui explique également que les techniques de captage des eaux dans les carrières subirriguées ont évolué: “par rapport à celle construite en 2019, la nouvelle disposera d’un nombre de points de captage bien plus important. Cela permet à l’eau de s’évacuer beaucoup plus vite.”



L’héritage des Jeux olympiques

Comme un clin d’œil, le sable qui recouvrira la nouvelle carrière Uriel sera celui utilisé cet été pour construire la piste éphémère de Versailles, qui a accueilli les épreuves équestres des Jeux olympiques et paralympiques. “Paul Jacques Tanvez, qui dirige Normandie Drainage (l’une des sociétés ayant œuvré à la création du stade équestre versaillais, ndlr), m’a proposé de récupérer ce sable qui n’avait pas été beaucoup utilisé. C’est l’héritage des Jeux!”, se réjouit Yann Adam. L’ancien sol de cette grande piste, lui, a été réutilisé pour ensabler la piste en herbe portant le nom de Le Tot de Semilly, si bien que le Pôle hippique de Saint-Lô disposera désormais de trois carrières de compétition en sable, avec les deux précitées ainsi que la piste Normandie 2014, dont l’arrosage est assuré “grâce à la récupération des eaux de douche des chevaux et venant des toits des boxes”. “Les travaux sur la piste Uriel devraient déjà être terminés, mais les conditions météorologiques extrêmement humides nous ont retardé”, indique encore Yann Adam. “Pour l’heure, nous sommes encore dans les temps pour que la piste soit prête lors du premier concours extérieur de l’année, prévu les 18 et 19 mars, et j’ai toute confiance en les équipes de Toubin & Clément et Normandie Drainage pour terminer suffisamment tôt. Ils ont démontré la qualité de leur travail aux derniers Jeux olympiques, qui ont encore fait monter leurs équipes en compétence. Nous avons beaucoup de chance d’avoir, en France, des professionnels aussi qualifiés qu’eux, et que d’autres, bien sûr!”



Les cuves installées à Saint-Lô ont une capacité totale dépassant le million de litres

Les cuves installées à Saint-Lô ont une capacité totale dépassant le million de litres

© Tubao SAS

Si la piste Uriel avait déjà connu une réfection durant l’hiver 2021 / 2022, le projet global dont font partie les nouveaux travaux a notamment été motivé par des raisons climatiques et écologiques. “Je suis persuadé que la gestion de l’eau est l’enjeu majeur de demain pour les organisateurs de concours”, expose justement Yann Adam. “À mon sens, concourir dans le Sud de l’Europe, et même le Sud de la France, va rapidement devenir très difficile durant la période estivale, avec des températures atteignant et dépassant les 40°C. La Normandie fera partie des endroits où l’on disposera toujours de conditions de compétition optimales. Pour construire notre projet, nous nous sommes basés sur les projections du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) normand à l'horizon 2035, et plus particulièrement sur le scénario d’augmentation des températures moyennes et d’évolution de la pluviométrie le plus défavorable. Notre capacité de récupération devrait nous permettre de tenir trois mois sans pluie dans ces conditions, et aussi de profiter en partie des événements pluviométriques extrêmes que nous connaissons désormais. Au-delà de l’aspect écologique, ces aménagements sont aussi intéressants économiquement, puisqu’ils devraient nous permettre de réduire la consommation d’eau globale du site de Saint-Lô de 60%! Et puis, si l’on veut pouvoir continuer à être performants et à exercer nos métiers dans les domaines du sport et du loisir tout en préservant notre licence sociale, nous devons être hyper exigeants sur la gestion de l’eau.”



D’autres aménagements pour la piste principale

La phase de travaux actuellement engagée au Pôle hippique de la préfecture manchoise permet également des aménagements dédiés à l’accueil et au confort des acteurs humains de la filière. “Des tribunes de six cent cinquante places ont été construites au bord de la carrière Uriel (face à la grande tribune couverte, ndlr), et nous allons avoir une grande orangerie en verre de 300 m², qui servira d’espace de restauration”, relate Yann Adam. “En outre, pour ne pas être gênés par des levers de soleil trop tardifs ou, au contraire, des couchers trop précoces en début ou en fin de saison, nous avons fait installer un éclairage semi-nocturne. Avec tous ces aménagements, la carrière Uriel devrait répondre aux futures attentes de tout le monde, et notamment des nombreux professionnels qui l’utilisent, puisqu’on y dispute onze ou douze mille parcours par an!” Tous les travaux engagés représentent un investissement d’1,5 million d’euros, dont un tiers a été financé par diverses subventions, indique le directeur du site. Et d’ajouter: “Bien sûr, ce sont des sommes importantes, mais il arrive un moment où si l’on n’investit pas, on régresse. J’espère que personne ne s’offusquera que nous mettions en place des aménagements utiles pour la filière et ses acteurs.”