“C’est un avantage de passer en dernier, mais j’ai quand même fait quelque chose que nul n’avait réalisé au niveau du tracé, c’est-à-dire aller au plus large et à fond”, se réjouit Karim Laghouag. Pour cette onzième édition, dire que les tribunes du Jumping international de Bordeaux était en feu serait un euphémisme, puisque Karim Laghouag et ses compatriotes ont embrasé la piste du Derby Indoor, ce soir. Dernier parti, premier arrivé, le médaillé d’argent par équipes des Jeux olympiques de Paris s’est imposé avec son tout beau Dream de Viève en coupant les cellules à 108’’79. Sous l’ovation du public (que l’on a rarement aussi fan d’un cavalier, toutes disciplines confondues) et les notes du célèbre “Allumer le feu” de Johnny Hallyday, l’Eurélien a survolé le parcours, notamment composé de certains obstacles de Versailles. Il a ainsi signé sa cinquième victoire dans cette épreuve. 

“Avant, j’avais Punch de l’Esques (son fidèle partenaire, avec lequel il avait d’ailleurs remporté ce cross indoor en 2023 pour la dernière sortie de l’alezan, ndlr), qui était vraiment un cheval rapide pour ce genre d’épreuves. Dream de Viève, cela fait deux ans que je le prépare pour obtenir des résultats en indoor. J’ai pris mon temps. Ce soir, le parcours lui convenait assez bien, même si j’avais quelques inquiétudes; il y avait de nombreux contrats de foulée pas évidents pour lui et, comme il a beaucoup d’action, je craignais de devoir trop le reprendre. Finalement, il a bien réagi et j’ai pu dérouler mon parcours de manière fluide. Beaucoup de cavaliers cherchent à prendre des options très courtes, mais moi, j’ai choisi de laisser galoper mon cheval dans un tracé plus large, et ç’a payé! Je savais que j’allais vite, mais je n’étais pas sûr d’être compétitif. Alors, en voyant le chronomètre, j’ai laissé exploser ma joie, car rien n’était acquis avant de prendre le départ! Avec Punch, je jouais des trajectoires les plus courtes à pleine vitesse, avec un style totalement différent”, analyse le multimédaillé olympique, louant les qualités de son complice, qui a fait ses débuts sous la selle de Didier Courrège, ancien membre éminent de l’équipe de France. Celui-ci a visiblement bien fait de convaincre le lauréat du jour de l’acquérir à l’époque!

Une course contre la montre enflammée

La bataille fut rude lors de ce cross indoor, qui a commencé sur les chapeaux de roue avec Lucas Brun, accueilli comme il se doit en tant que local de l’étape. L’Aquitain aura peut-être signé le plus rapide des chronomètres de toute l’épreuve (107’’77), mais il a concédé une faute, le plaçant derrière les huit sans-faute. Le premier à réussir un parcours parfait fut Jeanne Rossez, accompagnée pour l’occasion de Turbo de la Croix. L’ex-champion en titre, Benjamin Massié, a fait résonner les chœurs lors de son passage avec un parcours des plus compétitifs, mais s’est finalement incliné à la troisième place avec son fidèle partenaire de l’événement, Cupidon du Cardonne. “J’avais envie de gagner une deuxième fois d’affilée, mais je pense que je suis parti trop lentement... J’ai un poil trop sécurisé. C’est le jeu, mes adversaires ont été meilleurs que moi aujourd’hui, et tant mieux pour eux! J’ai pris goût à la victoire, mais pour Bordeaux, je me suis moins conditionné que l’année dernière. Je suis un peu superstitieux: l’année dernière j’ai fini premier, l’année d’avant deuxième, alors là je devais finir troisième!”, déclare Benjamin Massié. 

Il a cependant été rapidement rattrapé par son compatriote Fabrice Saintemarie, en selle sur César de Roy, qui s’est élancé sur le parcours juste après lui et a coupé les cellules en 110’’34, avec presque trois secondes d’avance. “César est très maniable et a un super équilibre. Ce n’est pas un énorme galopeur, mais il est assez rapide, surtout sur les terrains sinueux. C’est un cheval qui va continuer le sport en extérieur, mais il va peut-être être vendu malheureusement... C’est un cheval que j’ai depuis ses sept ans; il en a aujourd’hui treize et a déjà couru de belles épreuves. Il est maintenant prêt à faire plaisir à un jeune cavalier dans des épreuves éventuellement un peu plus petites”, a confié Fabrice Saintemarie en sortie de piste. Quant à Salomé Poisson, elle est arrivée au pied du podium avec Upsa des Ajoncs, en 114’’. Le couple a ainsi signé sa première participation à une épreuve de ce type, et de belle manière! 

Seul contre la France, le cavalier thaïlandais Korntawat Samran, connu dans l’Hexagone pour être l’un des élèves de Maxime Livio, a signé un joli sans-faute avec un chronomètre honorable de 114’’83. Le cavalier asiatique a terminé à la cinquième place. On notera qu’un autre cavalier international devait être présent, Albert Hermoso Farras, mais l’Espagnol a annoncé sur les réseaux sociaux plus tôt dans la journée que sa jument, Keenabout Wonderland, s’était blessée durant le transport. Une autre désillusion a frappé la nouvelle coach des Juniors et Jeunes Cavaliers de concours complet, Gwendolen Fer, qui a éprouvé deux dérobades de la part du jeune étalon de neuf ans, Galway du Biolay.

Les résultats

Toutes les épreuves du Jumping international de Bordeaux sont à suivre en direct sur GRANDPRIX.tv.