Le seigneur Quabar des Monceaux s’est éteint

Hier, l’annonce de la mort du plus performant poney français de l’histoire a chamboulé le monde équestre. La star, Quabar des Monceaux, qui avait quitté les pistes en 2020 après huit ans de bons et loyaux services au plus haut niveau, a définitivement tiré sa révérence à l’âge de vingt et un ans. L’émotion est grande au moment de rendre hommage à ce petit étalon bai, pilier de l’équipe de France qui aura marqué tous ceux qui ont croisé son chemin. Propriétaires, éleveurs, entraîneurs et cavalières s’accordent pour décrire un poney au tempérament exceptionnel et à la volonté hors norme.



La mort de Quabar des Monceaux à l’âge de vingt et un ans a été annoncée ce lundi 24 février 2025. Né dans la Manche, il est le premier poney à avoir vu le jour – le 26 mars 2004 – chez André et Chantal Magdelaine, éleveurs de chevaux de sport qui avaient décidé de croiser Gina des Monceaux, une jument d’1,55m pleine de sang, à un poney allemand d’1,38m qui avait été finaliste des Européens de jumping : Nabor SL. “Dès sa naissance, Quabar des Monceaux dégageait une prestance unique”, se souvenaient André Magdelaine, il y a quelques années pour nos confrères de L’éperon. “Son équilibre naturel et son amour du saut étaient évidents dès ses jeunes années. À quatre ans, il tirait déjà pour franchir les obstacles restés en place après une séance. En concours, à la détente, il était distrait, sautant n’importe comment, mais dès que la cloche retentissait, il se transformait, concentré et prêt à performer. Son mental exceptionnel a toujours compensé son léger manque de puissance, faisant de lui un compétiteur hors norme”, a-t-il continué.

Avec Ninon Castex, Quabar des Monceaux a été double médaillé d'on en individuel et par équipes lors des championnats d'Europe de Millstreet

Avec Ninon Castex, Quabar des Monceaux a été double médaillé d'on en individuel et par équipes lors des championnats d'Europe de Millstreet

© Camille Kirmann



Une aventure couronnée de médailles avec Ninon Castex

Après avoir effectué ses débuts sous la selle de Gwenaelle Anne, c’est avec Ninon Castex, qui l’a récupéré au début de son année de sept ans, que l’étalon bai a explosé au plus haut niveau. Tous deux participent aux championnats d’Europe pour la première fois en 2013, à Arezzo, où un refus lors de la toute dernière manche les prive de l’or individuel. Qu’à cela ne tienne : l’année suivante, où Ninon Castex explique avoir été en véritable « osmose » avec son partenaire dans l’épisode de Légendes cavaliers consacrée à Quabar, la jeune fille se fixe comme objectif clair de remporter les Européens de Millstreet, quelques semaines après avoir été sacrée championne de France As Élite Excellence. En Irlande, malgré quelques points de temps dépassé, Ninon et son fils de Nabor contribuent largement à la victoire écrasante de l’équipe de France. Lors de la finale individuelle, Ninon, sous pression mais sereine, réalise un dernier parcours quasi parfait et décroche de nouveau l’or, devenant la première championne d’Europe individuelle Poneys pour la France. 

“Quabar a littéralement transformé ma vie. Sans lui, rien ne serait pareil, je ne pourrai jamais l’oublier. J’ai eu une chance immense de croiser sa route”, déclarera la cavalière dans une interview à GRANDPRIX en mars 2017. Pour Claude Castex, père et entraîneur de la Française, “Quabar et Ninon formaient un véritable couple”, comme il l’expliquait au micro du podcast de GRANDPRIX Légendes Cavalière en octobre 2021. “Il la reconnaissait, et ils avaient une connexion unique. D’ailleurs, Quabar est difficile à canaliser : au paddock, il est bouillonnant, il doit bouger en permanence et peut vite s’énerver. Lorsque Charlotte Lebas a commencé à le monter, pour leur premier Grand Prix, Ninon était là, et elle a tenu Quabar au paddock. Contre toute attente, il est resté immobile, parfaitement calme. Il était avec Ninon, en totale harmonie.” “On le reconnaît dès qu'il rentre sur un paddock”, saluait quant à lui Olivier Bostsélectionneur de l’équipe de France Poneys, dans le podcast de GRANDPRIX Légendes Cavalières. “Il a besoin qu'on le remarque. À mes yeux, c'est un seigneur. Il sait où il est, il sait pourquoi il est là. Il aime le concours, il aime la visite vétérinaire, il aime le paddock, il aime faire plaisir.” 



Le poney de plusieurs cavalières

Après son épopée avec Ninon Castex, c’est sous la selle de Charlotte Lebas que Quabar des Monceaux a poursuivi sa brillante carrière. Ensemble, ils ont décroché le titre de champions de France As Élite Excellence en 2015, et contribué la même année à la médaille de bronze par équipes française lors des championnats d’Europe de Malmö, en Suède. En 2017, leur complicité les a menés à la victoire dans le Grand Prix du prestigieux CSIOP de Hagen. Charlotte Lebas décrivait pour un article de GRANDPRIX en 2020, un poney au tempérament bouillonnant, mais au mental d’exception : “Même s’il s’agite, s’énerve ou s’excite, quand il entre en piste, il est très disponible. Derrière cette boule d’énergie se cache un poney vraiment gentil et attachant.”

En fin d’année 2017, c’est la jeune Romane Orhant qui a repris les rênes du champion, avec encore deux titres de vice-championne de France et deux médailles de bronze européennes par équipes à la clef, sans oublier des victoires dans les Coupe des nations de Fontainebleau en 2018 et Opglabbeek en 2019. “Il était plus facile de commencer les Grands Prix avec un poney comme Quabar, car je savais qu’il était capable de tout faire”, louait la cavalière à Poney As. “Si je le montais bien, forcément, tout se passait bien. Il m’a énormément apporté, sans lui, je n’aurais jamais vécu tout cela.” En 2020, alors que les performances du couple se faisaient plus irrégulières et que Romane Orhant peinait à retrouver les sensations du début, l’entourage du poney a décidé de lui offrir une retraite sportive bien méritée, et le bai a retrouvé la ferme de ses éleveurs, dans le Cotentin, jusqu’à sa mort. 

Romane Orhant et Quabar des Monceaux lors du German Masters à Stuttgart en 2018

Romane Orhant et Quabar des Monceaux lors du German Masters à Stuttgart en 2018

© Stefan Lafrentz



Un héritage perpétué

Ayant accumulé les médailles dans le sport, Quabar a aussi connu du succès à l’élevage, et a quatre cent soixante-neuf produits enregistrés dans la base de données du Système d’information relatif aux équidés (SIRE), dont trente-cinq indicés à plus de 140. Parmi eux, Valiant des Charmes (PFS, Quabar des Monceaux x Étoile d'Hardy), né en 2009, est le détenteur du meilleur IPO, égal à 177. Ayant décroché la mention Élite lors de la finale du Cycle classique Jeunes poneys de saut d’obtacles à quatre ans, puis Excellent à cinq et six ans sous la selle de Ninon Castex, il a ensuite été couronné champion de France en 2016 dans la catégorie As Poney 1 Excellence avec Charlotte Lebas. En 2024, Quabar des Monceaux était à la fois le deuxième meilleur père et le deuxième meilleur père de mère en Cycle classique Jeunes poneys. “Je crois qu’il aura marqué son passage. Dans tous les cas, j’ai eu beaucoup de chance d’avoir ce champion”, a confié son éleveur à Poney As.

Quabar des Monceaux et Charlotte Lebas dans le Grand Prix 1,30m poney du Bordeaux International Jumping en 2017

Quabar des Monceaux et Charlotte Lebas dans le Grand Prix 1,30m poney du Bordeaux International Jumping en 2017

© Sportfot



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