Simon Delestre écrit l’histoire à Bois-le-Duc et devient le premier Français à s’imposer dans un Grand Prix du Grand Chelem Rolex

Parti en dernier d'un barrage à trois contre Yuri Mansur et Scott Brash, Simon Delestre vient de s'imposer dans le mythique Grand Prix Rolex du CSI 5* de Bois-le-Duc! Associé au phénoménal Cayman Jolly Jumper, le Lorrain a signé le seul double sans-faute de cette épreuve mythique, devenant le premier Français à remporter une étape du Grand Chelem Rolex depuis la création de cette série. L’Écossais Scott Brash finit deuxième avec Hello Chadora Lady, et le Brésilien Yuri Mansur troisième avec Miss Blue-Saint Blue Farm.



Simon Delestre est devenu le premier Français à remporter un Grand Prix du Rolex Grand Slam.

Simon Delestre est devenu le premier Français à remporter un Grand Prix du Rolex Grand Slam.

© Mélina Massias

“Le parcours d’aujourd’hui était très, très délicat; assez long, et avec une combinaison difficile à la fin. Il fallait vraiment avoir un cheval avec beaucoup d’énergie et de puissance, comme Ry… Euh, comme Cayman Jolly Jumper!”, se reprend Simon Delestre en conférence de presse, quelques minutes après son historique victoire dans le Grand Prix 5* de Bois-le-Duc. Si le Lorrain commet ce lapsus qui prête à sourire, c’est qu’il sait bien que son fils de Hickstead est de la trempe de Hermès Ryan des Hayettes, le petit alezan surdoué qui lui avait jusqu’ici offert ses plus beaux succès sportifs, en individuel au moins, puisqu’il avait à ses côtés remporté les Grands Prix 5* d’Anvers, Paris-Villepinte, Lyon ainsi que celui du Saut Hermès et de Vérone par deux fois. 

Signant le seul et unique double zéro de ce Grand Prix très relevé, dont le parcours imaginé par le chef de piste néerlandais Louis Konickx n’aura livré que trois sans-faute, Cayman Jolly Jumper a montré toute l’étendue de son talent. Si ses prestations sont loin d’être académiques et que l’on mourrait d’envie de le voir encore plus relâché et serein, le Selle Français de treize ans a une nouvelle fois montré qu’il avait ce petit truc en plus des très grands chevaux. Il n’a pas connu un sursis au premier tour et Simon Delestre, motivé comme jamais (il faut dire qu’à part une deuxième et une troisième places hier dans l’épreuve intermédiaire à 1,45m, les Bleus ont littéralement fait chou blanc ce week-end), l’a même accompagné d’un petit claquement de langue sur le dernier obstacle. Au barrage, le duo qu’il forme avec son cavalier a eu tout le loisir de prendre son temps pour assurer un score vierge, ses deux concurrents ayant chacun laissé une barre à terre avant lui. Une stratégie qui a payé puisque Simon Delestre a finalement soulevé le trophée.



Une victoire retentissante à de nombreux titres

Un trophée symbolique à trois titres. D’abord, il s’agit de la première victoire en Grand Prix 5* de ce binôme formé depuis l’automne 2021. Jusqu’ici, il avait terminé deuxième d’un Grand Prix 5* à Saint-Tropez, en 2024, sans oublier ses doubles sans-faute dans les Coupes des nations des CSIO 5* de Rome et de Rotterdam, en juin dernier. Deuxièmement, cela ne fait que quelques mois que le bai est revenu sur les terrains de compétition, ayant souffert d’une blessure au printemps dernier qui l’a éloigné d’une perspective olympique à Paris. Ce retour en forme, qu’il avait déjà esquissé au CSI 5*-W d’Amsterdam, fin janvier, où il avait terminé dixième du Grand Prix de la Coupe du monde, puis au CSIO 5* d’Abou Dabi, mi-février, où il avait fini treizième du Grand Prix et troisième de la Ligue des nations Longines (0+0), est de bon augure pour la suite de l’année! Troisièmement, et c’est peut-être le plus retentissant, le Lorrain est aujourd’hui devenu le premier Français à remporter une étape du Rolex Grand Slam! Kevin Staut et l’inoubliable Silvana*HDC avaient bien remporté ce Grand Prix Rolex de Bois-le-Duc, en 2014, mais il ne faisait pas encore partie de ce circuit privé, qu’il a rejoint en 2018. Quant aux étapes d’Aix-la-Chapelle, que seul Marcel Rozier a remporté avec Sans Souci en 1971, de Calgary, qu’Eugénie Angot reste la seule Française à avoir décroché en 2006 avec Cigale du Taillis, et de Genève, que Kevin Staut et Silvana avait gagné en 2010, dix-neuf ans après Philippe Rozier et Waïti Oscar, le prestigieux circuit du Rolex Grand Slam n’existait pas encore. Alors ne boudons pas notre fierté de voir enfin un cavalier tricolore inscrire son nom dans l’un de ces Grands Prix, considérés comme les plus mythiques (et donc difficiles) du saut d’obstacles mondial!



Scott Brash révèle la nouvelle star de ses écuries

Scott Brash et Hello Chadora Lady.

Scott Brash et Hello Chadora Lady.

© Mélina Massias

Ouvreur du barrage, Yuri Mansur a opté pour jouer le tout pour le tout, se sachant au pire troisième. En selle sur Miss Blue-Saint Blue Farm, qui avait survolé le tour initial, le Brésilien a essayé de mettre la pression sur ses concurrents… mais le dernier obstacle est tombé sur son passage après une trop grosse prise de risque dans la dernière ligne.  

À sa suite, Scott Brash s’est élancé, accompagné de Hello Chadora Lady. Parfaite au premier tour, la baie de douze ans l’a été tout autant au barrage. Hélas, elle et son partenaire ont laissé l’avant-dernier obstacle à terre, laissant le champ libre à Simon Delestre par la suite. Révélée sur la scène internationale par la Suédoise Angelica Augustsson Zanotelli, puis vue à un plus haut niveau sous la selle de l’Américaine de Natalie Dean, Chadora Lady évolue avec l’Écossais depuis l’été dernier seulement. En l’espace de sept mois environ, le couple semble déjà s’être bien formé. Il faut dire que la fille de Chacco-Blue correspond tout à fait au genre de chevaux que l’on a l’habitude de voir sous la selle de Scott Brash: rapide, agile, pas nécessairement très démonstratif mais doté d’une vraie intelligence de la barre. On a déjà hâte de les revoir ensemble!



La palme du plus beau parcours est attribuée à Pieter Devos et Casual DV!

S’il n’a pas réussi à se qualifier pour le barrage, ayant franchi la ligne d’arrivée avec vingt-quatre centièmes de seconde de trop par rapport au chronomètre imparti (76’’), Pieter Devos mérite néanmoins de sincères félicitations. Le Belge avait évidemment choisi de tenter sa chance avec sa star Casual DV, qui affiche des statistiques impressionnantes puisqu’elle s’est classée dans quatre des cinq derniers Grands Prix 5* qu’elle a courus - elle a en effet terminé septième à Lyon, onzième à Riyad, troisième à Malines et deuxième à Bordeaux. Cet après-midi, la fille de Windows van het Costersveld a déroulé à nouveau une magnifique prestation, sereine, propre et classe. Des trente couples ayant affronté ce très difficile parcours, celui qu’elle forme avec Pieter Devos gagne probablement la palme du plus beau passage aujourd’hui. Cela lui a ainsi permis d’ajouter une quatrième place dans le Grand Prix de Bois-le-Duc à son palmarès!

Cinquième après avoir bouclé la prestation à quatre points la plus rapide, Kent Farrington espérait probablement mieux aujourd’hui. D’autant que l’Américain, qui n’était pas revenu en Europe depuis le CHI de Genève début décembre, n’avait emmené que Toulayna dans ses bagages et l’avait préservée tout le week-end en vue de l’épreuve phare. Hélas, le duo a péché sur la très fautive entrée du double 8. Derrière lui, on retrouve le Néerlandais Harrie Smolders et Monaco, tenants du titre de l’étape genevoise du Rolex Grand Slam et dont on imagine également qu’ils visaient davantage le bonus de 500 000 euros qu’une honorable sixième place… Mais ils ont eux fait les frais de la sortie du double 8. Le maître suédois Peder Fredricson a lui terminé septième avec Catch Me Not S, après une rageante faute sur le numéro 9, qui n’était clairement pas la difficulté majeure du parcours. Laura Kraut et Baloutinue, auteurs d’une grosse faute sur l’entrée du triple, leur ont emboité le pas au classement. Citons aussi le parcours du Belge Abdel Saïd, qui a déroulé un magnifique tour avec l'excellente Bonne Amie.

Pieter Devos et Casual DV.

Pieter Devos et Casual DV.

© Mélina Massias



Julien Épaillard présente un Donatello d’Auge en meilleure forme

Apparu en petite forme vendredi soir lors de l’épreuve phare du jour, dans laquelle il avait concédé seize points, Donatello d’Auge s’est montré plus coopératif cet après-midi. Julien Épaillard a, comme souvent, très bien monté, mais cela n’a pas suffi et le couple a laissé la sortie du double 8 à terre. Les deux autres Normands au départ, Kevin Staut et Julien Anquetin, ont eux accusé des scores un peu plus lourds. Le premier, associé à Visconti du Telman, a péché en fin de course, fautant sur le 9, le 11 et la sortie du double 14. Le second était lui accompagné de son fidèle Blood Diamond du Pont, avec lequel il a récolté vingt points sur les numéros 6, 10, 11, 12 et la même sortie du double 12. Bien géré par l’équipe qui l’entoure, ayant disputé les CSI 5* de Rabat, Lyon, Riyad, Amsterdam et Bordeaux depuis le mois d’octobre, soit un peu moins d’un concours par mois, on imagine que le Normand n’a pas abandonné en cours de route pour endurcir un peu son fils de Diamant de Semilly, avec lequel il participera pour la première fois à une finale de la Coupe du monde début avril, à Bâle. 

Les résultats



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