En quoi la victoire de Julien Épaillard dans la finale de la Coupe du monde est-elle historique?
Julien Épaillard a remporté la finale de la Coupe du monde de saut d’obstacles à Bâle, en Suisse, ce 6 avril 2025. Associé à son produit maison Donatello d’Auge, il a devancé le Britannique Ben Maher sur Point Break et son compatriote Kevin Staut avec Visconti du Telman. Depuis vingt-et-un ans, la France n’avait pas été à pareille fête, pour bien des raisons !
Une victoire française attendue depuis vingt-et-un ans
Grâce à une seule barre tombée sur l’ensemble de la quarante-troisième finale de la Coupe du monde Longines de Bâle, Julien Épaillard et Donatello d’Auge ont fini par l’emporter hier après-midi, avec une avance de trois points sur le Britannique Ben Maher et son extraordinaire Point Break, le joyau suédois issu d’un centre équestre. En fin de journée, le Normand a donc eu le bonheur de soulever ce trophée si convoité, que la France n’avait plus tenu entre ses mains depuis… 2004 ! Il faut en effet remonter vingt-et-un ans en arrière pour revivre le sacre de Bruno Broucqsault et l’atypique Dilème de Cèphe, à Milan. À ce titre, la performance du “flying fenchman”, “le Français volant”, comme aiment le nommer les médias étrangers, entre dans l’histoire du sport français. L’an passé, Julien Épaillard avait d’ailleurs lui-même frôlé ce trophée en se plaçant deuxième de la finale de Riyad, associé à Dubaï du Cèdre, vendue depuis. C’est dire si ce sacre était espéré !

Depuis Albfuehren's Paille de la Roque, aucun Selle Français n’avait réussi à mener son cavalier au sommet du podium.
© Hippofoto
Une stratégie payante
Dès le deuxième jour de compétition, Julien Épaillard a adopté une tactique encore jamais vue dans une finale de la Coupe du monde. Vainqueur de l’épreuve initiale au barème C, il a ensuite choisi de ménager Donatello d’Auge en renonçant au barrage de la seconde épreuve du championnat. “Nous nous sommes posés beaucoup de questions avant le barrage et ne saurons jamais s’il s’agissait de la bonne décision ou non. Il aurait fallu que je termine [au pire] deuxième [pour accroître mon avance] Martin (Fuchs, ndlr) et Max Kühner avaient tous deux signé des barrages très rapides, il aurait donc fallu que j’entame vraiment l’énergie de mon cheval. Une troisième place [dans cette épreuve] n’aurait rien changé”, avait expliqué le Normand samedi, lors du jours de relâche. Installé en tête du classement général, le quadragénaire savait donc que deux parcours sans pénalité le séparaient du trophée convoité. Finalement, ses concurrents directs ayant tous commis au moins une faute dans la finale, Julien Épaillard a pu laisser tomber l’entrée de l’ultime double à terre, sans que cela n’ait d’incidence sur sa victoire. Il a ainsi pu bondit au sommet du podium avec quatre points, soit trois de plus que Ben Maher et Kevin Staut, départagés par leur chronomètre sur le deuxième parcours.

La stratégie du Normand s’est avérée payante.
© Hippofoto
L’élevage français à l’honneur
Cette victoire est d’autant plus symbolique que son partenaire Donatello d’Auge est le fruit d’un croisement entre Tequila d’Auge, héritière d’Hello Pierville, l’ancien cheval de concours de l’épouse de Julien Épaillard, Susanna, et le Selle Français Jarnac. Né au Pré-d’Auge, le hongre de douze ans est donc un pur produit français. Avant lui, quatre autres représentant de l’élevage tricolore avaient déjà propulsé leurs cavaliers au zénith lors de cette échéance mondiale. Il y eut I Love You, fils d’Almé, avec l’Américain Norman Dello Joio, en 1983 à Vienne. Par la suite, Baloubet du Rouet a créé l’exploit encore jamais égalé de remporter ce trophée trois fois d’affilée avec le Brésilien Rodrigo Pessoa, entre 1998 et 2000. Ideo du Thot avait été le meilleur en 2007 avec le suisse au style impeccable, Beat Mändli. Enfin, la dernière représentante du stud-book Selle Français à avoir ravi ce sommet hivernal était jusqu’alors Albfuehren’s Paille de la Roque, brillante en 2015 avec le triple vainqueur de ce rendez-vous, Steve Guerdat. Dix ans après, Donatello d’Auge vient compléter ce quintette hexagonal !
Le coq chante
Cette édition de la finale de la Coupe du monde a également été marquée par la performance de Kevin Staut, qui, avec Visconti du Telman, a décroché la troisième place. La présence de deux cavaliers français sur le podium relève là encore de l’exceptionnel, d’autant plus lors de finales également marquées par le triomphe de Quentin Jabet en voltige. Pour ne rien gâcher, le dressage français a confirmé sa progression avec l’encourageante quatrième place de Corentin Pottier avec Gotilas du Feuillard.