“Un cheval réformé saura sans nul doute emplir d’étoiles les yeux de son cavalier”, Julie Gandelheid
“J’ai un réformé”. Cette phrase, de nombreux propriétaires l’ont prononcée et la prononcent encore à ce jour. Si un cheval réformé de courses, trotteur ou galopeur, peut être un super cheval de sport ou de loisirs, il n’en reste pas moins un cheval sensible, à considérer avec toutes les attentions. Portrait synthétique du cheval reformé des courses, pour en comprendre tous les aspects.
Un cheval de course est né pour courir en lignes droites, sauter rapidement et pouvoir distancer ses congénères. Sa morphologie, sa génétique et son mental en sont la parfaite combinaison. Mais qu’en-il une fois qu’il quitte les hippodromes? Un coursier peut être réformé selon trois critères: une indisposition physique ou mentale pour ce sport, généralement détectée rapidement, une fragilité physique qui s’est transformée en blessure ou est en passe de le devenir, l’âge maximum légal est atteint, plus simplement. Par exemple, il s’élève à onze ans pour les Trotteurs. “La vie d’un cheval de course est à l’opposé de celle d’un cheval de selle. Le rapport à l’humain, les horaires, les conditions de détention, l’alimentation, les codes, etc. Tout est différent. Un cheval réformé des courses doit obligatoirement être redébourré, afin que la transition intervienne en douceur”, introduit Julie Gandelheid, première égérie de la marque d’airbags Hit-Air France et propriétaire d’un AQPS réformé, FeuFrancis, dont elle a partagé l’aventure sur les réseaux sociaux et qui nous a, hélas, quittés voici quelques mois. “Cela passe par une compréhension de son ancienne vie, notamment son alimentation et ses dépenses énergétiques. La première chose à faire est de s’entourer de professionnels spécialisés dans la reconversion, à tous les niveaux.”
Être prêt à prendre son temps et bien connaître ses compétences techniques
“La visite d’achat est primordiale, même si le prix d’achat est souvent bas. Elle permet de vérifier les éventuels antécédents de blessure et, surtout, de conditionner la suite de l’entraînement pour l’équitation classique. Si je peux insister sur un point de vigilance, c’est bien sur celui-ci”, reprend Julie Gandelheid. En effet, du fait de leur entraînement intensif dès leur plus jeune âge, les chevaux de course peuvent être davantage sujets aux blessures. En contrepartie, il est aussi bon de noter qu’ils sont souvent très bien soignés et nourris dès leur naissance et qu’ils sont génétiquement sélectionnés pour être physiquement résistants. “Les réformés peuvent parfois transiter par une écurie de reconversion. Véritable sas entre les courses et le sport/loisirs, celle-ci va reprendre les bases de travail du cheval afin qu’il puisse s’insérer dans une nouvelle filière. En toute logique, ces écuries n’ont pas vocation à vous fournir un cheval clé en main et polyvalent au plus haut point dès le premier jour. Il appartient au futur propriétaire de poursuivre sa formation et, de fait, de bien appréhender les compétences techniques nécessaires et le nécessaire engagement de long terme sur les plans financier et émotionnel.”
Un merveilleux cheval de sport en devenir

William Fox-Pitt et Parklane Hawk en 2013 au CCI 5*-L de Badminton.
© Kit Houghton/FEI
Un reformé des courses est logiquement un cheval aux capacités sportives élevées. Sa reconversion en cheval de sport lui convient généralement bien, car il peut mettre à profit son énergie et sa réactivité. Le horse-ball, le polo ou le concours complet ont su accueillir avec succès de nombreux réformés. “En voir certains évoluer à très haut niveau a sans nul doute appuyé mon choix de me tourner vers eux”, confirme Julie Gandelheid. À ce titre, mentionnons Parklane Hawk, vainqueur des CCI 5*-L de Burghley et Lexington avec le Britannique William Fox Pitt, Auleto, médaillé d’or des Jeux méditerranéens de 1997 et quatrième des championnats d’Europe d’Hickstead en 1999 avec Michel Robert, Cadeau du Roi, cinquième à Burghley avec Cédric Lyard, Wont Wait, troisième du CCI 5*-L de Pau avec Clara Loiseau. “FeuFrancis m’a ouvert des portes sportives que je pensais inaccessibles. Son cœur, sa confiance et sa transparence d’émotions ont été un superbe cadeau. Je me suis tant remise en question pour ce cheval. Grâce à lui, j’ai énormément évolué, sur tous les plans. Il était doté d’une incroyable sensibilité. Ce fut le cheval d’une vie et je ne peux que comprendre les autres propriétaires de réformés quand ils louent leur proximité fusionnelle avec eux. Avec le soutien d’une équipe de professionnels spécialisés, du temps, de la patience et une vraie vie, au pré, un cheval réformé saura sans nul doute emplir les yeux d’étoiles de ceux qui en prennent soin…”, conclut Julie Gandelheid.
Revivez la seconde manche de Michel Robert et Auleto dans le Grand Prix de France au CSIO de La Baule en 1999