Yuri Mansur boucle le Grand Prix de Rome presto, où Nina Mallevaey bondit sur un nouveau podium
Comme à Fontainebleau, Yuri Mansur et Miss Blue-Saint Blue Farm ont fait résonner l’hymne brésilien en conclusion du Grand Prix CSIO 5* de Rome. Sur la sublime Piazza di Siena, l’Auriverde a été un brin plus rapide que l’Irlandais Cian O’Connor sur Iron Man, tandis que la Française Nina Mallevaey a une fois de plus fait des étincelles en se plaçant troisième avec Dynastie de Beaufour.
Le charme irrésistible de la Piazza di Siena, où un public très nombreux est venu apprécier à l’ombre des majestueux pins parasols le Grand Prix du CSIO 5* de Rome, a réussi à Yuri Mansur cet après-midi. Associé à la très efficace et intelligente Miss Blue-Saint Blue Farm, qui lui a déjà permis de remporter l’épreuve reine du 5* de Fontainebleau le 27 avril, le Brésilien a été le meilleur de ce rendez-vous en deux manches. Ayant troqué son incontournable veste jaune pour la verte de l’équipe des Auriverdes aujourd’hui, celui qui a débuté l’équitation à quatorze ans outre-Atlantique a notamment réalisé un tournant remarquable pour aborder le troisième effort de l’acte deux, placé par le chef de piste italien Uliano Vezzani.
Pour s’imposer, Yuri Mansur a pu compter sur sa baie de douze ans par Chacco-Blue, née Miss Blue Mystic Rose, au haras Rosa Mystica, au Sud-Est du Brésil. “Je l’ai découverte là-bas, et elle n’avait pas la moindre expérience. Au début, elle a connu quelques soucis de santé, que nous avons finalement réussi à traiter. Après trois années en Europe, voilà qu’elle m’offre les plus belles victoires de ma carrière”, s’est réjoui le cavalier de quarante-six ans. Déjà lauréate d’une épreuve à 1,50m au CSI 5* de Miami puis du réputé prix d’Europe au CHIO d’Aix-la-Chapelle en 2023, la jument du stud-book brésilien n’a pas réussi à montrer tout son potentiel lors des Jeux olympiques de Paris l’été passé, mais connaît une entame de saison 2025 idéale.

“Après trois années en Europe, voilà qu’elle m’offre les plus belles victoires de ma carrière”, dit Yuri Mansur de sa baie née Miss Blue Mystic Rose.
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Après Rodrigo Pessoa, Rome accueille un nouveau brésilien en son panthéon

Le podium du Grand Prix du CSIO 5* de Rome, composé de Yuri Mansur, Cian O’Connor et Nina Mallevaey.
© Massimo Argenziano/CSIO di Roma
Sur sa partenaire qu’il qualifie de “très rapide”, Yuri Mansur se dit chanceux d’avoir pu s’élancer à la fin de la seconde manche. Prenant la main grâce à un tour très efficace en 35“65, il a mis la pression à ses trois derniers adversaires. Actrice de la victoire américaine dans la Coupe des nations vendredi, Laura Kraut a littéralement fusé avec Bisquetta, arrêtant le chronomètre en 33“39. Une prise de risque trop grande puisque l’entrée du double n’a pu rester sur ses taquets. Première à avoir trouvé la clef du sans-faute lors du round initial, la Belge Émilie Conter a été piégée à deux reprises sur Portobella van de Fruitkorf. Enfin, l’ultime cavalier à entrer en piste, Ben Maher, avait une sérieuse carte à jouer avec le génialissime Point Break, deuxième de la finale de la Coupe du monde Longines. Le duo s’est d’ailleurs fait attendre pour un souci de ferrure, augmentant encore la tension à de l’issue de l’épreuve. La petite amplitude du bai, à qui GRANDPRIX a récemment consacré un portrait, n’a malheureusement pas été suffisante pour couvrir les huit longues foulées jusqu’au double, sur lequel il n’a pu sauver une faute. Finalement huitième, le duo britannique a ainsi laissé filer la victoire, mais s’est probablement rassuré, une semaine exactement après une chute très impressionnante dans l’épreuve reine du CSI 5* de Windsor.
Yuri Mansur a donc permis au Brésil de remporter cette épreuve pour la deuxième fois de son histoire, la première ayant été pour Rodrigo Pessoa et Let’s Fly, en 2009. Il inscrit ainsi son nom dans un palmarès de haut vol, qui comprend notamment Hans Günter Winkler et Halla (1959), Eddie Macken sur Boomerang (1978), Pierre Durand avec Jappeloup (1990), ou encore Nick Skelton associé à Arko (2006) et Big Star (2013).
Le Brésil a également eu de quoi se réjouir pour Stephan de Freitas Barcha, décidement à l’aise en Italie, où il a remporté deux épreuves ce week-end. Il se place aujourd’hui cinquième avec Chevaux Primavera Imperio Egipcio, une jument de quatorze ans née Primavera Montana. Devant lui, l’Irlandais Seamus Hughes Kennedy a été plus rapide d’un peu plus d’une seconde avec l’atypique Esi Rocky, fils de Stakkato Gold de quinze ans. Un autre représentant de l’île Verte a été encore plus en forme aujourd’hui, pusique Cian O’Connor s’est placé deuxième avec Iron Man, très plaisant hongre de douze ans par Charisma Z. La paire a dû s’avouer vaincue pour onze centièmes de retard sur les lauréats.

Après Nikka vd Bisschop et My Clementine, au tour de Dynastie de Beaufour de briller sous la selle de Nina Mallevaey, saluée de toutes parts.
© Rolex Equestrian Series
Nina Mallevaey n’en finit plus d’impressionner
Si depuis 2004 et la victoire d’Eugénie Angot associée à sa chère Cigale du Taillis, le Grand Prix de Rome échappe à la France – qui en a tout de même été lauréate vingt fois – Nina Mallevaey n’est pas passée très loin d’un sacre.
Depuis son titre de championne de France décroché grâce à Nikka vd Bisschop le 26 avril à Fontainebleau, la jeune femme connaît une période tout à fait scotchante avec ses trois meilleures juments. Lauréate du Grand Prix 3* du Touquet Classic le 11 mai grâce à My Clementine, la jeune femme de vingt-cinq ans a remis cela la semaine suivante dans une épreuve du même niveau à Kessel, où elle a également pris le soin de gagner une épreuve à barrage à 1,50m sur Dynastie de Beaufour. Engagée pour la toute première fois au CSIO 5* de Rome et dans une Coupe des nations avec sa jument championne de France vendredi, la Nordiste a été irréprochable en signant l’un des quatre double zéro de l’épreuve, contribuant au deuxième rang des Bleus. Cette fois, la surpuissante baie a laissé la place à sa voisine d’écurie au profil similaire, Dynastie de Beaufour, née il y a douze ans dans les prés d’Éric Levallois et formée par Madeleine Lefebvre, Fabien de Robillard, Thomas Rousseau, Romain Lescanne et Valentin Besnard.
Louée de toutes parts pour son équitation légère, Nina Mallevaey a signé une première démonstration, avant de réitérer en seconde manche, lors de laquelle les cellules d’arrivée ont été coupées en 36’’35. De quoi lui permettre de monter sur la troisième marche du podium et boucler son week-end sans la moindre barre à terre. Puisse cet état de grâce durer jusqu’au CSIO 5* de La Baule, où Nina Mallevaey sera sélectionnée pour la première fois dans la Coupe des nations sur l’une de ses deux baies, et plus loin encore… Peut-être jusqu’aux championnats d’Europe, pour lesquels elle se dégage parmi les meilleurs prétendants à une sélection ?
Associé à Dorai d’Aiguilly*GL Events, médaillée de bronze par équipes aux Jeux olympiques de Paris, Olivier Perreau n’a pu faire mieux que vendredi, et a aussi laissé une barre à terre, la palanque n°9. Classé en début de week-end, Queen’s Balou B, un hongre alezan par Balou du Rouet et avec une mère par For Feeling qu’il monte en compétition depuis fin novembre, Kevin Staut a fauté à quatre reprises. Son alezan était engagé pour la toute première fois dans un Grand Prix extérieur aussi exigeant.

Giulia Martinengo Marquet a été stoppée dans son élan lors du tour initial.
© Massimo Argenziano/CSIO di Roma
Déception légitime pour plusieurs candidats à une belle performance
Quelques couples aux ambitions légitimes n’ont pas réussi leur rendez-vous aujourd’hui dans les jardins de la villa Borghèse. Tenant du titre, le Californien Karl Cook montré de la déception après avoir écopé de huit points sur la géniale Caracole de la Roque. La supersonique baie a pêché sur les n°4A et 6, ne semblant pas aussi à l’aise que l’an passé, avec notamment deux glissades dans des tournants.
L’histoire ne dira jamais si l’issue aurait été différente, mais Giulia Martinengo Marquet aurait de bonnes raisons d’être frustrée ce soir. Bien partie sur le parcours initial avec Delta del’Isle, l’Italienne a été stoppée net dans son élan à l’abord du vertical n°6, devant lequel un homme de piste était positionné et pas particulièrement désolé d’avoir interrompu l’Italienne. Après l’arrêt du chronomètre, la cavalière a pu reprendre son parcours, mais sa concentration a indiscutablement être dû mise à mal, ce qui pourrait en partie expliquer sa faute sur un obstacle suivant. Tout de même qualifiée pour l’acte deux, elle a conclu son concours par un sans-faute et une neuvième place.
Capable du meilleur, comme il l’a prouvé l’été passé en offrant l’or olympique à la Grande-Bretagne, il n’est pourtant pas impossible que Hello Jefferson, partenaire de l’Écossais Scott Brash, connaisse quelques importants trous d’air. Cela a été le cas aujourd’hui avec plusieurs barres, un refus dans le triple, et un score lourd de trente-cinq points sur le parcours initial.