Daniel Deusser crée la surprise et s’impose à La Baule devant un public en folie
Le barrage du Grand Prix Rolex du CSIO 5* de La Baule avait déjà offert du très grand sport et des émotions exaltantes en 2024, et celui de l’année 2025 ne nous a pas déçus non plus! Devant un public passionné et survolté malgré l’absence de cavaliers français au second tour, Daniel Deusser s’est imposé au terme d’un parcours époustouflant aux rênes d’Otello de Guldenboom. L’Allemand a réussi à devancer René Lopez, qui a lui aussi bien failli créer la surprise avec Londina, et surtout le redoutable Américain McLain Ward, troisième sur Imperial HBF.

Daniel Deusser et Otello de Guldenboom.
© Dirk Caremans/Hippo Foto
Sa dernière victoire en Grand Prix 5* datait du 29 septembre 2024, lorsqu’il s’était imposé dans l’épreuve phare du concours de Coapexpan, au Mexique. Cet après-midi, c’est-à-dire huit mois après s’être fait un peu plus discret sur les terrains de compétition, Daniel Deusser a renoué avec la victoire dans le Grand Prix Rolex du CSIO 5* de La Baule. Sur la piste en herbe du traditionnel stade François-André, l’Allemand a créé la surprise en signant le meilleur des doubles sans-faute aux rênes d’Otello de Guldenboom, qu’il monte depuis l’été 2023 et disputait sa quatorzième épreuve à 1,60m. Parti en dernier du barrage, le couple, qui n’avait encore jamais fini mieux que dixième dans un Grand Prix 5*, a pulvérisé le chronomètre déjà très rapide (et que l’on pensait difficilement battable) de René Lopez, passé juste avant lui. Il a pu compter sur tout le talent et la générosité d’Otello de Guldenboom, qui n’est autre… qu’un produit de Tobago Z, son fidèle petit alezan avec lequel il a remporté pas moins de six Grands Prix 5*! “Ils sont différents l’un de l’autre physiquement, d’autant qu’Otello n’était naturellement pas le plus rapide même s’il a beaucoup progressé ces derniers mois, mais ils se ressemblent pas mal en termes de mentalité”, a d’ailleurs décrit le champion du jour en conférence de presse, précisant au passage que les championnats d’Europe, programmés dans un mois à La Corogne, ne constituaient jusqu’ici pas un objectif en soi. “L’Allemagne compte de très bons couples en ce moment, et mes deux bons chevaux (Otello de Guldenboom et Gangster van het Noddevelt, ndlr) sont encore jeunes, donc nous verrons.”
René Lopez à deux doigts de créer une surprise tout aussi retentissante

René Lopez Lizarazo et Londina, deuxièmes du Grand Prix.
© Dirk Caremans/Hippo Foto
Gagnant le Grand Prix Rolex de La Baule avec plus d’une seconde d’avance sur son plus proche concurrent, Daniel Deusser avait évidemment à l’esprit d’abaisser celui de René Lopez Lizarazo. N’ayant encore jamais remporté de Grand Prix 5*, le plus français des Colombiens, comme on le surnomme souvent, avait les crocs. D’autant qu’il fut largement encouragé par les quelque milliers de spectateurs, qui avaient vu en lui leur favori, aucun Français n’ayant réussi à se qualifier pour la finale au chronomètre. Après un démarrage plutôt normal, le cavalier de la géniale Londina, une prometteuse fille de London (ex-Carembar de Muze) âgée de onze ans, a mis les bouchées doubles, notamment dans la dernière ligne, où il a poussé son alezane sans jamais la reprendre! Un parcours qui avait déjà semblé être une petite prouesse pour l'avant-dernier binôme à prendre le départ, puisque McLain Ward avait juste avant bouclé un autre très beau parcours. Accompagné d’Imperial HBF, qui n’avait déjà pas connu un seul sursis au tour initial, le redoutable Américain a emprunté un tracé incroyable au barrage. Dès l’obstacle numéro 1, qu’il a abordé complètement de biais pour être dans l’axe de son virage suivant, le pilote a monté tout son parcours dans le mouvement en avant (rien d’étonnant pour un Américain), et a même amorcé son virage suivant pendant son unique foulée dans le double oxer-vertical! Le duo qu’il forme avec l’ancien partenaire du Britannique Tim Gredley a dû se contenter de la troisième place.
La Suède teste ses nouveaux couples en vue des Européens P

Scott Brash et Hello Folie de Nantuel.
© Dirk Caremans/Hippo Foto
Parmi les binômes classés à l’issue de ce barrage à huit, on relèvera notamment la très belle performance de ceux qui l’ont ouvert, à savoir Pedro Veniss et Nimrod de Muze*Imperio Egipcio. Le Brésilien et son formidable alezan, qui ont démarré l’année 2025 tranquillement à Vejer de la Frontera, Oliva, puis Bourg-en-Bresse, Mâcon-Chaintré et Cabourg, ont bouclé le dernier double zéro de l’épreuve. Ils ont pris la quatrième place, devançant le Britannique Scott Brash sur l’excellente Hello Folie de Nantuel, l’Italien Riccardo Pisani avec Chatolinue PS, l’Allemand Richard Vogel sur Levi Noesar et l’ancien numéro un mondial suédois Henrik von Eckermann avec Minute Man.
La prestation de ce dernier était d’ailleurs intéressante à suivre car le bai de onze ans constitue sa cartouche principale pour les championnats d’Europe de La Corogne, où la Suède devra aligner une équipe très majoritairement renouvelée depuis la baisse de forme de King Edward, le départ à la retraite de Catch Me Not S et la prise d’âge de H&M Indiana notamment. De ce point de vue, le passage du talentueux Peder Fredricson et Alcapone des Carmille a aussi été très instructif. Auteurs d’un splendide parcours, et fort bien monté, les deux complices ont tout de même écopé d’une grosse faute sur l’oxer 11. Affaire à suivre.
Les jeunes Tricolores font rêver, mais ont encore des réglages à faire

La répartition des fautes au tour initial.
Hélas, parmi les huit cavaliers qualifiés pour le barrage, pas un Français... Le parcours dessiné par Grégory Bodo, en charge des parcours de l’Officiel de France depuis 2022, a donné du fil à retordre aux cinquante engagés, dont les Bleus, qui ont été dix à se présenter au total. La fin du parcours - à partir du numéro 8 très exactement – aura concentré la majorité des fautes (voir graphique). C’est par exemple sur l’oxer sur bidet numéro 11 qu’a fauté Kevin Staut, qui a signé la meilleure performance tricolore. Dixième avec New Libero One d’Asschaut en bouclant le deuxième plus rapide des parcours à quatre points, le Normand a tout de même déroulé un bon parcours sur l’étalon de douze ans, avec lequel il candidaterait pour les championnats d’Europe de La Corogne le mois prochain.
Classée quatorzième juste derrière l’Espagnol Armando Trapote et le très aérien Tornado VS, qui ont déroulé un fabuleux parcours mais failli sur le dernier, Jeanne Sadran a réalisé un bonne prestation, mais a à nouveau récolté des pénalités sur la rivière… Alors qu’elle avait à cœur de se rattraper après sa Coupe des nations Barrière en demi-teinte de vendredi, dans laquelle elle avait écopé d’une faute sur l’obstacle d’eau après un abord trop timide, la partenaire de Dexter de Kerglenn semble avoir fait l’exact inverse aujourd’hui. Cette fois-ci, la jeune Toulousaine de vingt-trois ans a peut-être mis un poil trop de pression avant cette fichue rivière et n’a pu empêcher une faute. Il lui faudra travailler sur cette difficulté en vue d'une potentielle sélection pour les championnats d’Europe de La Corogne, tout comme son collègue d’écuries Antoine Ermann. Le cavalier de Floyd des Prés a déroulé un somptueux parcours, faisant montre de son équitation à la fois très fine, efficace et discrète, mais a aussi écopé d’une faute sur la rivière après avoir obtenu une mauvaise distance. Complétant ce trio de jeunes Tricolores à être candidats pour les Européens, Nina Mallevaey a elle aussi conclu son passage avec quatre points au compteur. Associée à Nikka vd Bisschop, double zéro dans la Coupe des nations du CSIO 5* de Rome il y a deux semaines, l’amazone portait d’ailleurs tout le poids des supporters sur les épaules puisqu’elle était la dernière représentante tricolore à s’élancer! Elle a signé un splendide parcours, mais n’a pu empêcher une faute sur la première barre de l’oxer d’entrée du double 6… Le Normand Marc Dilasser sur Arioto du Gèvres et Nicolas Sers avec Eleven de Riverland ont concédé le même score. Mention spéciale pour ce dernier, qui, malgré quelques sueurs froides parfois, s’est montré parfaitement à la hauteur de sa première sélection à l’Officiel de France!
Dorai d’Aiguilly peine à retrouver sa brillance
Peinant visiblement à retrouver une Dorai d’Aiguilly*GL events au sommet de sa forme comme en 2024, Olivier Perreau a concédé deux fautes cet après-midi, butant sur les obstacles 10 et 12. Si la médaillée de bronze par équipes des Jeux olympiques (JO) de Paris sautait et bougeait bien mieux aujourd’hui que ces dernières semaines, il faut avouer que la crack semble moins souveraine depuis plusieurs mois, n’ayant signé que trois sans-faute sur les dix-neuf parcours à 1,60m qu’elle a affrontés depuis les JO. Le duo, que l’on a envie de revoir plus à l’aise, a fini vingt-sixième, juste devant l’Américain Kent Farrington et Greya, les tenants du titre, qui ont affiché une petite forme et récolté huit points. Pénalisés sur l’entrée du double 6 et l’oxer 11, Olivier Robert et Iglesias DV ont accusé le même score, tout comme Arthur Le Vot et Djinn Cécé. Ayant été repêchés après le forfait du Suisse Adrian Schmid et Chicharito 11, ces deux derniers en ont profité pour faire leurs armes à ce niveau et ne s’en sont pas du tout mal sortis, malgré des fautes sur le 6a et le 10.
Pour Charlotte Léoni et Vivolenska, ça n’est pas passé. Elles ont accumulé douze points, pénalisées sur le fragile vertical 10 ainsi que le milieu et la sortie du triple. Un score assez élevé, qui ne reflète pas tellement la propreté et la qualité de leur parcours. Quant à Philippe Rozier, fautif dès le numéro 1 avec Dirty Sweet, il a préféré abandonner.
Toutes les épreuves du Jumping international de La Baule sont à revoir sur GRANDPRIX.tv