Florian Ganneval, cavalier artisan et artisan cavalier

Florian Ganneval a bâti sa réussite sportive à la force de son travail, conjuguant son métier de maréchal-ferrant avec l’entraînement quotidien de ses chevaux. Sacré champion de France Pro 1 de concours complet début avril à Pompadour, l’Occitan renoue avec l’élite cette semaine à Luhmühlen en participant au septième CCI 5*-L de sa carrière, le deuxième avec son fidèle Erebor de Fleyres. Portrait.



Florian Ganneval et Blue Bird de Beaufour lors du CCI 5*-L de Pau en 2023.

Florian Ganneval et Blue Bird de Beaufour lors du CCI 5*-L de Pau en 2023.

© Scoopdyga

Issu d’un milieu éloigné du monde équestre, Florian Ganneval s’est épanoui à contre-courant, animé par une passion sincère et un goût affirmé pour l’artisanat autant que pour le sport. Sacré champion de France Pro 1 de concours complet début avril à Pompadour avec Erebor de Fleyres (SF, Con Air x Jaguar Mail), l’Occitan, établi à Revel, à soixante kilomètres à l’est de Toulouse, s’est fait une place dans le paysage du concours complet. C’est au détour d’une balade dominicale, à six ans, que Florian a découvert l’équitation. Ce jour-là, il croise le chemin d’un concours, monte sur un poney et se prend de passion pour la chose équestre. Par attrait naturel, il débute alors en compétition. Son père l’accompagne dans sa progression et partage avec lui son immersion dans ce nouvel univers. “Il a joué un rôle déterminant. S’il n’avait pas été là, je n’aurais pas pu progresser comme je l’ai fait”, reconnaît-il. Dès lors, les concours s’enchaînent, tout comme les demi-pensions. Florian Ganneval se tourne d’abord vers l’enseignement avant de s’éloigner du monitorat. À la fin de l’adolescence, un choix s’impose: Florian Ganneval interrompt provisoirement sa progression équestre pour se former au métier de maréchal-ferrant. “Avoir cette casquette-là, c’était ce que je désirais vraiment: être à mon compte et travailler pour moi.”

Ce choix de vie, il l’assume pleinement. “J’ai voulu faire différemment, selon ce qui me correspondait le mieux. Si j’avais emprunté une autre voie, j’aurais peut-être été meilleur, mais je ne regrette rien.” Il admet que cette organisation présente des avantages mais aussi des limites, notamment sur le plan sportif. Son quotidien est calé au millimètre près. Il assure seul le financement de ses saisons et la préparation de ses chevaux, pendant que son père l’épaule dans la gestion de l’écurie, nourrissant et prenant soin de ses chevaux, notamment en semaine. Ce cadre garantit son équilibre et ce fonctionnement rodé lui permet de concilier son métier et la compétition tout en restant présent auprès de sa famille. “Le dimanche, si je veux profiter de mes enfants, je sais que mon père sera là pour veiller sur les chevaux.” Ce système limite aussi ses possibilités, avec un temps d’entraînement réduit, et seulement deux bons chevaux aujourd’hui, loin des sept ou huit montures qu’il lui faudrait pour concourir tous les week-ends.



Cette approche, en décalage avec les trajectoires plus classiques, n’a pas empêché le complétiste de franchir des caps majeurs. Après ses débuts au niveau 5*, en octobre 2021 à Pau avec Blue Bird de Beaufour (SF, Diamant de Semilly x Elanville), il a avancé lentement, formant lui-même ses chevaux. Il a notamment façonné Erebor de Fleyres, qu’il n’a pas engagé sur le Cycle classique, préférant respecter sa croissance. Ce grand cheval d’1,80m a couru son premier 5* à dix ans, l’automne dernier à Pau. “Ce que j’ai réussi avec Erebor, c’est le fruit de la patience.” Ce choix, qu’il estime bénéfique, a permis au cheval d’atteindre un niveau qu’il n’aurait peut-être jamais abordé autrement. “En principe, une carrière n’est pas finie à trente-six ans. J’ai encore des choses à aller chercher”, confie-t-il. À l’image de Blue Bird de Beaufour son ancien compagnon, qu’il a vendu l’an passé à Maxime Goutailler et Ericka Cathy Ricci, cette voie singulière illustre pleinement la méthode Ganneval: artisanale, exigeante et patiente. Ce système, il l’a construit avec des chevaux achetés à trois ans, à peine débourrés, par nécessité financière.

Pour Cédric Lyard, qui l’a vu évoluer depuis ses débuts jusqu’au niveau 5*, Florian Ganneval incarne un modèle atypique. “C’est un vrai bosseur, passionné, toujours à la recherche de conseils. Il s’est formé dans la durée, sans jamais se précipiter. Ce qu’il propose aujourd’hui, c’est remarquable.” L’actuel entraîneur de cross de l’équipe de France de complet, un temps installé dans le Sud-Ouest, connaît bien le cavalier pour l’avoir accompagné à ses débuts au niveau 5*. Il rappelle que Florian a atteint ce niveau en tant qu’amateur, grâce à un travail continu, sans tournants marquants, mais avec constance: “Il a le potentiel, la tête et surtout, il est équipé pour durer.” Pour Cédric Lyard, la question de le tester dans une Coupe des nations est aujourd’hui légitime. “Il est équipé dans sa tête”, juge-t-il.

Florian Ganneval, lui, reste concentré sur son cap, préférant les épreuves de formats longs. “Je suis davantage émerveillé par Burghley que par les Jeux olympiques”, confie-t-il. Il ne vise pas à tout prix les sélections, mais ne les snobe pas non plus, sachant que seuls ses résultats peuvent lui ouvrir ces portes. “Je serais très content si j’étais appelé. Ce serait une bonne expérience.” Jusqu’à présent, il ne se considérait pas suffisamment performant pour postuler.

Humble et rigoureux, Florian Ganneval continue de se former lors de stages aux côtés d’Aurélien Leroy, cavalier international de saut d’obstacles ayant concouru à haut niveau en complet, et de Jean-Marc Vié, entraîneur ancien cavalier de dressage, formé par feu Patrick le Rolland, qu’il remercie pour leur accompagnement et leur disponibilité. Cette ouverture lui permet d’enrichir son travail et d’affiner son approche, sans jamais perdre de vue ses principes. De ses premiers concours au titre national, entre maréchalerie et sport, Florian Ganneval avance donc à son rythme, celui d’un cavalier pour qui chaque étape compte.



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