Le Longines Paris Eiffel Jumping, un beau rendez-vous sportif aux multiples défis logistiques
Cette semaine, le Longines Paris Eiffel Jumping retrouve le Champ-de-Mars. Délocalisé l’an passé au parc de Bagatelle à l’occasion des Jeux olympiques de Paris 2024, l’événement ouvrant l’été équestre se réinstalle sur la très élégante place Jacques-Rueff, en attendant de pouvoir jouir à nouveau de son emplacement d’origine, la place Joffre, où le Grand Palais Éphémère est en phase de démontage. Entre contraintes logistiques et réalités de terrain, l’étape parisienne du Longines Global Champions Tour est un authentique défi technique. Un défi relevé chaque année par Virginie Coupérie-Eiffel et son équipe, au sein de laquelle Frédéric Beauchêne joue un rôle clé.
Virginie Coupérie-Eiffel, présidente et fondatrice du Longines Paris Eiffel Jumping (LPEJ), s’apprête à célébrer la onzième édition de ce beau rendez-vous estival disputé aux pieds de la tour Eiffel. De vendredi à dimanche, l’événement – dont le village et le paddock sont accessibles gratuitement au public – attend environ dix mille personnes par jour. Les tribunes sont gratuites tous les matins et une partie de l’après-midi. Le village accueillera une exposition du réputé photographe, reporter et réalisateur français Yann Artus-Bertrand, axée sur la relation entre l’homme et le cheval, elle-même tirée du livre “Devenir Cheval”, en partenariat avec le haras de la Cense. “Nous avons toujours pu compter sur le soutien fidèle des bénévoles”, se réjouit Virginie Coupérie-Eiffel, ravie de pouvoir compter sur la présence de bon nombre des meilleurs cavaliers et chevaux du monde à quatre semaines des championnats d’Europe Longines de La Corogne.
Le cheval dans un cadre ultra urbain

Le creux crée par bassin du Champ de Mars est comblé grâce à des blocs de polystyrène, de 6 mètres de long sur 2 mètres de large. Ils permettent de créer une base uniforme pour le montage de la piste, et sont très légers, ils n'ont nécessité que des moyens humains pour être placés.
© Frédéric Beauchêne
Installer aux pieds de la Dame de fer des carrières, des tribunes et des écuries, accueillir chevaux, cavaliers, grooms, accrédités et public, et le tout pour trois jours de festivités… Le défi est de taille. Commençons par la création des aires équestres. Ce challenge-là est relevé avec brio par Frédéric Beauchêne, professionnel de l’événementiel et ancien sportif qui a réalisé des exploits en planche à voile: premier à traverser la Manche en 1978, premier à franchir le cap Horn, premier à traverser l’Atlantique Nord en planche à voile en tandem en 1985, parmi d’autres. Avant le LPEJ, il a rendu possible de nombreux événements indoor de planche à voile en Europe, réalisé et produit un événement de snowboard sur la place du Trocadéro, créé un parcours de golf de dix-huit trous dans dix-huit jardins de Paris, mis en place une compétition de planche à voile au stade de France, etc. “Nous avons toujours essayé d’apprivoiser l’impossible. Comme nous sommes un peu fous, tout en gardant les pieds sur terre, nous sommes capables de gérer de gros défis techniques”, introduit Frédéric Beauchêne, contacté dès 2014 pour la première édition du LPEJ par Coco Coupérie-Eiffel, la sœur de Virginie. “Quand elle m’a appelé pour me demander si j’étais capable de monter la partie technique d’un concours hippique sur le Champ-de-Mars, je lui ai évidemment répondait que cela ne me poserait aucun problème.”
Une piste éphémère… sur un bassin ornemental

Une fois le polystyrène positionné, une bâche est posée, et des panneaux de répartition de 350kg chacun sont placés, pour solidifier et tasser le tout, et de mieux répartir la charge du sable de la piste.
© Frédéric Beauchêne
Délocalisé l’an passé au parc de Bagatelle en raison du montage des très nombreuses infrastructures temporaires des Jeux olympiques de Paris 2024, l’événement clôturant le printemps et ouvrant l’été se réinstalle sur la très élégante place Jacques-Rueff, à un peu plus de trois cents mètres de la tour Eiffel. “C’est l’endroit le plus difficile à travailler pour nous. Nous avons été contraints de nous y installer en 2021 lorsque nous avons appris que le Grand Palais Éphémère (en cours de démontage, ndlr) serait édifié sur la place Joffre (au bout du Champ-de-Mars, face à l’École Militaire, où le LPEJ s’est déroulé en 2014, 15, 17, 18 et 19, ndlr). Avant d’investir la place Rueff, j’ai arpenté Paris dans tous les sens. Comme l’objectif était de rester à proximité de la tour Eiffel, il n’y avait pas de meilleure solution que celle-ci. Il y avait juste un petit hic: le bassin du Champ-de-Mars. Pour le boucher, j’ai eu idée a été de le remplir de blocs de polystyrène pour en épouser la forme sans l’abîmer et, surtout, avoir une charge répartie à 100% sur toute la surface”, poursuit-il.
Lors de l’événement test des Jeux olympiques de Londres, en 2012, la piste éphémère installée dans le bucolique parc de Greenwich, reposant sur un système de pilotis, avait été réprouvée par les cavaliers, en raison des vibrations et des sons provoqués par les sauts des chevaux. La structure avait dû être repensée, et le polystyrène fut l’un des éléments de la solution: “J’ai trouvé cette idée de polystyrène amusante et très imagée, à l’instar de la construction des pyramides dans “Astérix et Obélix, Mission Cléopâtre”, le film d’Alain Chabat. Ainsi, nous nous sommes baladés dans Paris avec des blocs de six mètres de long et deux mètres de large sur l’épaule! Du fait de la légèreté de ce matériau, nous avons pu remplir le bassin grâce aux seuls moyens humains. De plus, tout est réutilisable, ce qui constitue un bonus non négligeable vis-à-vis de notre engagement écoresponsable”, argue Frédéric Beauchêne. Après les blocs de polystyrène, posés de manière uniforme, ses équipes ajoutent des panneaux de répartition de 350kg afin de tasser le tout et mieux répartir la charge du sable de la piste. Un chantier colossal.

La place Jacques-Rueff, après la mise en place du polystyèrene et des blocs de répartition, prête à accueillir le sable de la piste du LPEJ.
© Frédéric Beauchêne
Les habitants intégrés également

L'installation du sable lors du chantier colossal sur le Champ de Mars.
© Frédéric Beauchêne
En comptant les équipes de Virginie et Coco Coupérie-Eiffel, celles de Frédéric Beauchêne et les collaborateurs des sociétés prestataires, dont Equiplus pour les sols équestres, et Liberté Events pour les boxes démontables, près de cent cinquante personnes s’activent au montage, puis au démontage de ce stade équestre éphémère. Même si la place Jacques-Rueff se situe à distance raisonnable de tout résident riverain, tout est mis en place pour réduire les nuisances au strict minimum. “Nos journées débutent à 8h et s’achèvent à 19h. En termes de décibels, nous restons à des niveaux raisonnables. Pendant l’événement, la sonorisation les fait augmenter, mais les dernières épreuves s’achèvent à 21h30, et le spectacle équestre, programmé juste après (d’une durée d’une heure, ndlr), est présenté à un niveau sonore bien plus doux.”
Si le son fait l’objet d’une attention particulière, d’autres contraintes à respecter?“À Paris, tout est plus encadré: les règles environnementales et de sécurité, le partage de l’espace public, etc. La présence d’un tel événement au cœur de la ville est le fruit de démarches administratives accomplies en bonne et due forme, mais aussi de négociations et de conciliations”, commente Virginie Coupérie-Eiffel. “Nous dialoguons avec l’association des Amis du Champ-de-Mars et les gestionnaires des espaces verts. Je comprends les attentes de chacun. L’idée est de nous insérer dans ce cadre avec le moins de nuisances possibles. Un événement éphémère génère forcément quelques désagréments, mais nous savons que les retombées sont positives et qu’elles équilibreront le tout.” Une attention particulière a été portée à la vie du VIIe arrondissement, qui accueille l’événement. “Le jeudi, les portes sont exclusivement ouvertes aux habitants. Nous avons aussi des opérations avec les écoles du quartier et avec les commerçants, qui occupent une partie du village. Nous tentons de leur offrir des choses qu’ils n’auraient pas sans nous, d’où les expositions gratuites et les animations ouvertes à tous.”
Une communauté forte!
L’édition 2025, avec en nouveauté le montage d’une nouvelle tribune, promet un grand spectacle et ravit Frédéric Beauchêne. “Nous ne disons jamais non. Nous essayons de toujours aller dans le sens de Virginie et Coco: toujours plus grand, toujours plus beau. Je trouve fantastique qu’elles aient réussi à faire du LPEJ un classique. Toutes deux conservent l’état d’esprit de la French Lines (établissement public qui a pour objet la sauvegarde, la conservation et la valorisation du patrimoine de la marine marchande et de ses compagnies maritimes, ndlr), où l’on ne montre pas les souffrances et les difficultés. De plus, s’agissant d’un concours made in Paris, au-delà de la réussite du sport, il y a aussi un esprit festif, qui plaît énormément aux partenaires et aux cavaliers. Cette sensation de bien-être, ce plaisir de se retrouver en communauté, est l’un de leurs points forts”, conclut celui qui fut un joyeux cavalier durant sa jeunesse, vécue à La Baule.
