“Les championnats d’Europe de Crozet sont clairement mon objectif”, Bertrand Liégard
Médaillé d’argent au Master Pro de dressage de Vierzon début juin avec Ginger, Bertrand Liégard trace une trajectoire claire vers les championnats d’Europe de Crozet, objectif majeur de sa saison, qui se profilent fin août dans l’Ain. Ancien élève de Patrick Le Rolland, fervent défenseur d’une équitation de tradition et de légèreté, il continue à transmettre une vision du dressage exigeante et respectueuse. Après une longue histoire avec Star Wars, son cheval de cœur aujourd’hui à la retraite, il construit avec Ginger une relation aussi forte, fondée sur la confiance et la précision. Cet après-midi, le couple entrera en piste au CDI 4* d’Aix-la-Chapelle, avec une ambition pleinement revendiquée.
Ginger (KWPN, Tango x Don Primaire), votre nouvelle jument, est en train de se faire un nom, à en juger par votre médaille d’argent au Master Pro de Vierzon, où vous avez gagné le Grand Prix Spécial avec une moyenne de 69,277%. Comment l’avez-vous rencontrée?
C’est ma compagne, Claudia Chauchard, qui l’a repérée aux Pays-Bas. À sept ans, elle n’avait disputé que quelques petites épreuves. Notre rencontre a été disons… mémorable. Il m’a été impossible de remettre pied à terre après le premier essai: elle ne voulait rien savoir, alors nous avons dû rentrer aux écuries comme ça! Franchement, j’étais opposé à son achat, mais Claudia, convaincue, est passée outre mon désaccord et a – fort heureusement – acquis la jument. Quelques années plus tard, j’avoue avoir totalement changé d’avis. Aujourd’hui, je suis très lié à elle. Elle m’a montré sa grande sensibilité dès le départ. En compétition, nous avons débuté en Pro 3, puis tout est allé très vite.
Quels sont, selon vous, ses points forts et axes de progrès?
Elle a un passage-piaffer de très bonne tenue, facilité par son énergie et son tempérament affirmé. C’est une vraie princesse! Star Wars était souvent pris pour un étalon, alors qu’il est hongre… Là, on est dans un autre registre. Ginger ferait tout pour moi désormais, notre relation est très forte. Son galop reste un axe de travail, même si elle a déjà beaucoup mûri en ce début de deuxième saison en Grand Prix. Cette année, mon objectif avec elle est de participer à de beaux concours, prendre de l’expérience et continuer à progresser, point par point.
Visez-vous une sélection aux championnats d’Europe de Crozet, fin août? Quelle est votre stratégie?
Oui, c’est clairement mon objectif. Nous avons obtenu le titre de vice-champions de France Pro Élite à Vierzon, qui était un passage obligé pour les prétendants aux championnats d’Europe. Aujourd’hui, nous sommes donc dans la course. Je construis ma saison pour que Ginger atteigne son pic de forme à ce moment-là. Elle s’était déjà très bien comportée sur ce site en 2024, terminant troisième (sur quatre avec 67,851%, ndlr) du Grand Prix Spécial derrière DSP Quantaz et Isabell Werth. Notre route passe maintenant par le CDI 4* d’Aix-la-Chapelle, puis celui de Mâcon, qui servira de dernière étape sélective. L’encadrement fédéral sera présent et en a fait un rendez-vous incontournable.
De mon côté, je continuerai à défendre mon équitation, celle que j’aime et que les juges semblent apprécier: nez devant, muserolle peu serrée, qualité du geste et du contact. En somme, je reste fidèle à ma ligne. De plus, Crozet est un lieu qui me tient à cœur: j’y ai gagné trois épreuves avec Star Wars (SCSL, Show Star x Rosenkavalier, en 2017 et 2019, ndlr). C’est un concours que j’ai vu grandir, évoluer, devenir ce qu’il est aujourd’hui. Ce serait fort d’y revenir pour les championnats d’Europe.
“Le dressage n’est pas un sport, mais une danse”
D’ailleurs, comment va Star Wars, votre cheval de cœur, qui vous a propulsé sur le devant de la scène?
Il a maintenant vingt-trois ans, mais il reste égal à lui-même, toujours aussi fringant. Il coule une retraite pleinement méritée à la maison, vivant au paddock en journée et à l’écurie la nuit. C’est la belle vie. Je ne le monte plus, il a retrouvé toute sa liberté, et il l’a très bien accepté. Après une carrière dense, avec plus de cent épreuves de niveau Grands Prix à son actif, il a tourné la page au bon moment. Il m’a beaucoup apporté, et semble aujourd’hui parfaitement satisfait.
Vous parlez souvent de “légèreté” dans votre équitation. Comment avez-vous construit cette approche?
Je suis un élève fier de Patrick Le Rolland, que j’ai suivi pendant plus de vingt-cinq ans. C’est lui qui m’a formaté: je suis arrivé chez lui sans avoir jamais ressenti le passage-piaffer ni effectué de changements de pied. Il m’a tout appris. À mon tour, je transmets à mes élèves cette équitation du respect et de l’harmonie. Elle revient aujourd’hui sur le devant de la scène, et c’est tant mieux parce que j’aime à croire qu’elle permet aux chevaux de vivre de plus longues carrières.
Et vous, quelle est votre plus grande qualité? Et votre défaut?
Mon côté artiste, sûrement. Pour moi, le dressage n’est pas un sport, c’est une danse. Pour le reste, j’ai un caractère fort, mais j’essaie d’en faire bon usage.