Martin Fuchs inscrit son nom au palmarès du plus grand de tous les Grands Prix
Martin Fuchs a remporté le Grand Prix Rolex du CSIO 5* d’Aix-la-Chapelle, cet après-midi en Allemagne. En selle sur son prodigieux Leone Jei, le Suisse est sorti vainqueur d’un barrage à onze, laissant à plus de deux secondes l’Américaine Laura Kraut et son compatriote et ami Steve Guerdat, deux et troisième sur Baloutinue et Dynamix de Bélhème. Héroïque cet après-midi encore, Nina Mallevaey s’est classée cinquième de cette épreuve de légende sur la géniale Dynastie de Beaufour.
Martin Fuchs a inscrit son nom au palmarès du plus grand de tous les Grands Prix, cet après-midi à Aix-la-Chapelle, en Allemagne, où il a fallu éclairer le Hauptstadion du parc de la Soers tellement le ciel s’est assombri après trois belles journées ensoleillées. Mardi, ce fabuleux CSIO 5* d’Allemagne avait débuté dans la moiteur et la chaleur, le thermomètre affichant plus de 35 degrés. Ce soir, il s’achève dans une atmosphère automnale, avec 18 petits degrés et un air bien humidifié par les averses du jour. À l’inverse, Martin Fuchs est allé crescendo dans ce concours, qui fait rêver tous les cavaliers à travers le monde. Avant ce Grand Prix Rolex, le Suisse n’avait guère brillé cette semaine, ne se classant que deux fois en sept épreuves disputées: neuvième d’une Vitesse Jeunes Chevaux jeudi avec Untouched Princess, puis sixième vendredi d’une Spéciale en Deux Phases à 1,45m sur Conner Jei, qu’il montera dans dix jours aux championnats d’Europe Longines de La Corogne.
Loin de se décourager de ses quelques contre-performances, et notamment de son élimination spectaculaire avec Commissar Pezi vendredi dans le Prix de Rhénanie-du-Nord-Westphalie, l’ancien numéro un mondial, sacré champion d’Europe en 2019 et vainqueur des Grands Prix du CSIO 5* de Calgary et du CHI de Genève, qui composent le Grand Chelem Rolex avec cet Officiel d’Allemagne et le CHI de Bois-le-Duc, a plus volontiers nourri sa motivation dans l’adversité. Préqualifié pour ce Grand Prix grâce justement à sa victoire à Spruce Meadows, Martin Fuchs, non concerné par la Coupe des nations – la Suisse n’ayant pas été invitée en équipe – dit avoir construit toute sa semaine vers le seul objectif de performer aujourd’hui. Satisfait du retour à la compétition de Conner, il a passé sa soirée d’hier à visionner ses parcours avec Leone Jei dans cette épreuve mythique, que le gris avait déjà sautée à quatre reprises, avec à la clé une quatrième place l’an passé et deux huitièmes places en 2021 et 23. “Je voulais voir ce que je pouvais améliorer pour être plus performant avec lui sur cette piste”, a-t-il expliqué (sa réaction complète est disponible ici). En termes de préparation mentale au moins, le neveu de Markus Fuchs, vainqueur ici en 2004 avec Tinka’s Boy, et filleul de feu Willi Melliger, lauréat en 1983 avec Van Gogh, fait figure de modèle.

Comme toujours, le hongre KWPN de treize ans par Baltic VDL et une mère par Corland a tout donné à son cavalier.
© Dirk Caremans/HippoFoto
Une seconde manche pour pas grand-chose…
Pour s’imposer aujourd’hui, il fallait produire pas moins de quarante-deux sauts sans commettre la moindre faute. Ce format en deux manches avec barrage, qui n’a plus cours qu’à Calgary et Aix depuis que Global Champions a changé la formule de ses concours, transforme les Grands Prix en marathons. Dans les deux cas, le public y adhère, à en juger par le taux d’occupation des tribunes et la ferveur du public. Pour autant, cette formule ne donne véritablement satisfaction que lorsque les deux manches sont suffisamment sélectives, ce qui n’a pas été le cas cet après-midi. Frank Rothenberger et ses assistants espéraient environ douze sans-faute au premier acte. Ils en ont eu quatorze, ce qui n’a rien de scandaleux vu les forces en présence. De toute façon, les cotes étaient à leur maximum et aucune difficulté technique ne manquait à l’appel. En revanche, la seconde manche n’a pas franchement rebattu les cartes, onze de ces quatorze champions ayant réitéré un sans-faute. On ne dit jamais assez à quel point le job de chef de piste est ardu, mais l’Allemand, qui devrait orchestrer les prochains championnats du monde, prévus ici-même en août 2026, devra analyser ce qui a fonctionné et surtout ce qui a péché cette semaine, où ses parcours n’ont pas toujours surpris dans le bon sens…
En première manche, les Français ont été au rendez-vous, deux des trois cavaliers d’Édouard Coupérie qualifiés pour ce Grand Prix, à savoir Olivier Robert et Nina Mallevaey, ayant réussi un sans-faute, associés à Iglesias DV et Dynastie de Beaufour. Seul Olivier Perreau n’y est pas parvenu, ayant fauté sur la sortie du double final avec Dorai d’Aiguilly*GL events, de retour en très grande forme. Le Girondin et la Nordiste ont de nouveau tenu le choc en seconde manche, contrairement à l’Étasunien Kent Farrington, l’un des grands favoris, battu avec sa géniale Greya sur l’oxer placé après le triple oxer-vertical-vertical, et aux Belges Nicola Philippaerts et Emilie Conter, fautifs sur l’oxer 2 et le milieu du triple avec Katanga van het Dingeshof et Portobella van de Fruitkorf.
Au barrage, le triple de la première manche, réduit en double vertical-oxer et remis en scène avec un matériel intégralement doré représentant Charlemagne, a causé bien du tort aux onze derniers candidats au Graal. Olivier Robert et le champion olympique allemand Christian Kukuk ont buté sur l’entrée avec leurs flamboyants Iglesias DV et Checker 47, finalement huitième et septième. Le premier triple sans-faute a été l’œuvre des champions des derniers Jeux panaméricains, le Brésilien Stephan de Freitas Barcha et son incroyable Chevaux Primavera*Imperio Egipcio, finalement quatrièmes. Dans la foulée, les champions d’Europe en titre, Steve Guerdat et sa prodigieuse Dynamix de Bélhème, ont effacé leur chronomètre de près de deux secondes. Le Suisse, dont la réaction est disponible ici, n’a pas explosé de joie, certain que son temps serait battu. Ravi de sa troisième place et du comportemenrt de sa Selle Français, il aurait toutefois préféré – et il n’est pas le seul – que le tracé de ce troisième parcours offre au moins une option aux cavaliers.

Nina Mallevaey a quitté la Soers avec des sentiments mitigés, mais quelle première elle a réussi à Aix-la-Chapelle.
© Dirk Caremans/HippoFoto
Nina Mallevaey marque encore les esprits
L’Allemand Gerrit Nieberg, vainqueur ici en 2022 avec Ben 431, a péché sur le mur 14 représentant le stade avec le magnifique pie Ping Pong van de Lentamel, neuvième. C’est alors que Martin Fuchs est revenu en piste. Lançant Leone Jei à pleins gaz ou presque, il a touché le vertical 11, deuxième effort de ce barrage, avant de survoler le reste du parcours, sans reprendre le gris devant le double. Comme toujours, le hongre KWPN de treize ans par Baltic VDL et une mère par Corland a tout donné à son cavalier, produisant les efforts nécessaires dans cette combinaison et sur le vertical final. Deux secondes et trois dixièmes plus rapide que son compatriote et ami de toujours, Martin Fuchs a hissé la barre à un niveau presque infranchissable pour ses derniers rivaux.
L’Étatsunienne Lillie Keenan et Fasther ont fauté sur l’entrée du double et dû se contenter du sixième rang. La chute de deux éléments de cette maudite combinaison a repoussé l’Allemand Richard Vogel et l’extraterrestre United Touch S à la dixième place. Le souffle de toute la France du cheval s’est arrêté lorsque Nina Mallevaey est rentrée en piste, et l’espoir a grandi tant la Nordiste et sa géniale Dynastie de Beaufour semblaient faire jeu égal avec Martin Fuchs et Leone. La révélation de l’année a elle aussi tenté de prendre la première distance venue pour le double. Hélas, la Selle Français n’a pu éviter une faute sur l’entrée. Le couple, dont la prestation restera dans les mémoires, a signé le meilleur chrono du barrage, mais cette faute ne lui a donné “que” la cinquième place. Nina a quitté la Soers avec des sentiments mitigés, mais quelle première elle a réussi à Aix! Chapeau, Madame!
Avant de lever le bras au ciel, Martin Fuchs a surveillé le passage de l’ancienne coach de Nina, Laura Kraut. Avec son insubmersible Baloutinue, l’Américaine a “assuré” le quatrième et dernier triple sans-faute dans un train qui lui a permis de s’intercaler entre les deux Suisses (sa réaction est disponible ici). Comme eux, elle reviendra sûrement ici l’an prochain, et plutôt deux fois qu’une, puisqu’Aix accueillera fin mai un CSI 5* étape du Grand Chelem, puis des presque Jeux équestres mondiaux en août. Vivement 2026!
Revivez le barrage gagnant de Martin Fuchs et Leone Jein