“J’ai été habitué assez jeune à concourir avec de la pression”, Tom Wachman
Tout juste médaillé d’argent par équipes aux championnats d’Europe Jeunes cavaliers avec l’Irlande, Tom Wachman, vingt ans, concourt à la fois dans les épreuves réservés aux athlètes de son âge et au plus haut niveau. Au début du mois, il a réalisé un rêve en prenant part pour la première fois au CSIO 5* d’Aix-la-Chapelle. Rencontré là-bas, le représentant du Trèfle, dont la famille est très active dans le monde des courses hippiques, est revenu sur son itinéraire vers le plus haut niveau, des débuts de sa collaboration avec Cian O’Connor voilà bientôt huit ans à ses succès récents. Évoquant la manière dont il envisage son avenir professionnel, Tom Wachman a aussi parlé de son crack, Tabasco de Toxandria, et des autres montures qui ont marqué son parcours jusqu’ici.
Votre famille est à la tête de Coolmore, l’une des structures leaders en matière d’élevage, d’entraînement et d’étalonnage dans le monde des Pur-sang. De votre côté, comment avez-vous découvert le saut d’obstacles?
Mon frère aîné, Max, qui a un an de plus que moi, s’était initié à cette discipline avant moi. Il aimait monter à cheval, donc il a commencé à suivre des cours dans un centre équestre proche de là où nous vivions. Au début, ce n’était pas trop mon truc, mais j’ai fini par le suivre. J’ai commencé à concourir à poney et cela m’a beaucoup plu. En septembre 2017, alors que j’avais douze ans, nous avons rencontré Cian O’Connor, et il a commencé à m’entraîner.
Lorsque vous avez commencé à travailler avec Cian, quels étaient les points sur lesquels votre entraînement se concentrait?
Il a accordé beaucoup d’importance aux bases et m’a notamment appris à bien travailler sur le plat. Nous avons aussi énormément utilisé les barres au sol, afin que je m’entraîne à compter les foulées, à en ajouter ou en enlever à volonté. Il nous a beaucoup transmis les enseignements qu’il avait lui-même reçus de Gerry Mullins, et qui mêlent approches européenne et américaine. Je considère devoir à Cian l’ensemble de mes résultats ou presque, mais son bras droit, Ross Mulholland, nous a aussi beaucoup aidés au début de notre carrière sportive. Il était alors basé à Tipperary, au sein de notre structure Coolmore Showjumping, où il formait des jeunes chevaux en plus de nous entraîner, Max et moi. Il a toujours été là pour nous, notamment quand Cian était occupé ailleurs, et il l’est encore aujourd’hui.

En 2019, Tom Wachman a été sacré par équipes aux Européens Poneys avec Océan des As
© Lukasz Kowalski / FEI
“Il est vraiment bénéfique de pouvoir compter sur l’expérience d’une personne comme Cian O’Connor ”
Aujourd’hui, Cian et vous êtes souvent partis en concours et ne prenez pas toujours part aux mêmes événements. Comment votre collaboration s’articule-t-elle?
Clairement, il est important d’apprendre à évoluer en autonomie lorsque l’on concourt à ce niveau, mais quand on s’y frotte très jeune, il est vraiment bénéfique de pouvoir compter sur l’expérience d’une personne comme Cian. Quand il le peut, il monte mes chevaux le matin, me coache à la détente et établit un plan avec moi avant d’entrer en piste. Il m’aide aussi énormément lors des reconnaissances et dans le management de mes chevaux. En outre, je viens d’obtenir un diplôme de commerce à l’université de Dublin, et lorsque je l’ai intégrée, j’ai fait déménager mes chevaux à Karlswood, la structure irlandaise de Cian, qui n’était qu’à quarante minutes de trajet de mon université. Ainsi, je pouvais monter tous les jours avant d’aller en cours. J’ai décidé de rester installé là-bas pour l’instant, afin de profiter des excellentes infrastructures et du personnel très professionnel qui y est présent.
Votre carrière sportive désormais bien lancée et votre diplôme de commerce en poche, comment imaginez-vous votre avenir professionnel?
Je souhaite continuer à évoluer au plus haut niveau en saut d’obstacles tout en m’impliquant dans notre activité familiale au sein du monde des courses, mais pas que. Nous avons aussi d’autres entreprises, auxquelles je m’intéresse et dans lesquelles j’essaye de m’engager. En ce sens, pouvoir compter sur un système aussi éprouvé et professionnel que celui en place à Karlswood est très utile, car cela me permet de dégager du temps pour faire autre chose que monter à cheval. Aussi, avec mon frère Max et Cian, nous avons une entreprise nommée WoW – pour Watchman, O’Connor, Watchman – Trading, au travers de laquelle nous achetons et valorisons des chevaux de commerce depuis plusieurs années déjà. C’est une activité assez sympa, même si c’est aussi génial de pouvoir acquérir et conserver d’excellents chevaux pour prendre de l’expérience à haut niveau.

Ici aux Européens Jeunes cavaliers 2024, Cathalina S a offert trois médailles européennes à Tom Wachman, dont elle a marqué la carrière
© Leanjo de Koster / FEI
“Lorsque les choses ne se déroulent pas comme on le souhaite, on en retire beaucoup d’enseignements”
Vous avez disputé vos premiers CSI 5* dès l’âge de dix-huit ans. Avez-vous ressenti une pression particulière lors de vos débuts à ce niveau?
Oui, clairement. Je me rappelle que ma première Coupe des nations 5* ne s’était pas bien déroulée du tout (il avait écopé de seize points dans l’édition 2023 de l’épreuve par équipes Barrière du CSIO 5* de La Baule, avec Rock of Cashel, alias Icoon VDL, ndlr), alors que j’avais obtenu de bons résultats auparavant. Mentalement, cela avait été difficile à vivre. Cela dit, j’ai été habitué à concourir avec de la pression assez jeune, car lorsque je montais à poney, nous avions toujours pour objectif d’être sélectionnés pour les championnats d’Europe. Il fallait donc produire des sans-faute au bon moment, notamment en Coupes des nations. Et puis, lorsque les choses ne se déroulent pas comme on le souhaite, on en retire beaucoup d’enseignements pour la suite. Par exemple, je dirais que je suis plus calme lors des grandes compétitions qu’il y a deux ans. Évidemment, pouvoir compter sur un partenaire de la qualité de Tabasco (de Toxandria, son cheval de tête actuel, ndlr) aide aussi énormément.
Justement, quelles sont les caractéristiques de ce hongre que tout le monde juge exceptionnel?
Il est très sûr, respectueux et puissant. Il est un véritable accélérateur de carrière pour moi, et c’est un vrai plaisir de le monter. Sans lui, je ne serais pas ici, à Aix-la-Chapelle. Cian l’a repéré lorsqu’il avait six ans et en a acquis la moitié des parts avec Stephan Conter. Kendra (Claricia Brinkop, qui était aux portes de l’équipe d’Allemagne olympique avec Tabasco l’an passé avant que celui-ci ne rejoigne Tom Wachman en fin d’été, ndlr) a ensuite réalisé un excellent travail pour faire progresser Tabasco jusqu’au plus haut niveau. Début 2025, nous avons réalisé deux doubles sans-faute en Grands Prix 5* aux États-Unis (à Ocala et Wellington, terminant quatrième par deux fois, ndlr). Puis, il s’est bien comporté en Ligue des nations Longines à Ocala (signant un parcours à quatre points et un à un point, ndlr), ce qui nous a permis d’être sélectionnés pour la Coupe des nations Barrière du CSIO 5* de La Baule (où tous deux ont pris part à la victoire de l’Irlande avec un sans-faute en seconde manche, après avoir laissé deux barres à terre au premier acte, ndlr), pour la Ligue des nations de Rotterdam (que le couple a conclu avec trois points au total de deux manches, ndlr) et pour le CSIO 5* d’Aix-la-Chapelle. Y participer était l’un de mes rêves, et un grand objectif pour cet été avec Tabasco, étant donné qu’en termes d’échéances continentales, je visais les Européens Jeunes Cavaliers avec Obora’s Laura (tous deux ont été médaillés d’argent par équipes et se sont classés cinquièmes en individuel à Riesenbeck, ndlr), et non les championnats Seniors.

Le sensationnel Tabasco de Toxandria a permis à Tom Wachman de réaliser de très belles performances en épreuves par équipes cette saison
© Mélina Massias
Vous avez remporté de nombreuses médaillées en championnats d’Europe Jeunes. Un souvenir de ces échéances vous reste-t-il particulièrement en mémoire?
Oui. Il s’agit de la médaille d’or que nous avons décrochée aux championnats d’Europe Poneys de Strzegom, en 2019. Je montais Océan des As et faisais équipe avec mon frère, Max, et nous avons dû en passer par un barrage avec le Grande-Bretagne pour nous imposer. C’était un super moment!
Outre ce poney et Tabasco, quelles autres montures vous ont-elles marqué jusqu’ici?
J’ai eu une très bonne jument nommée Cathalina S (elle lui a permis de décrocher l’or par équipes et l’argent individuel aux Européens Juniors 2023, puis encore le titre collectif et une sixième place en individuel dans la catégorie d’âge supérieure en 2024, ndlr), qui est désormais à la retraite après m’avoir permis de gagner beaucoup d’épreuves. Elle était toujours très compétitive! Il y a aussi Rock of Cashel, avec qui j’ai disputé mes premiers CSI 5*. Malheureusement, il s’est blessé et est également à la retraite, chez nous à Tipperary. Il en va de même pour Urvoso du Roch (le cheval olympique de Nicolas Delmotte, ndlr).