“L’objectif est de courir les Jeux équestres mondiaux”, Aldrick Cheronnet

Ce week-end à Madrid, le Français Aldrick Cheronnet participera à sa quatrième étape de Coupe du monde Longines de la saison. Sixième à Helsinki grâce à Tanael des Bonnes et bien déterminé à se rendre à la finale de l’AccorHotel Arena en avril, le cavalier installé dans le Sud-Ouest de l’Hexagone peut compter sur trois bons chevaux pour atteindre ses objectifs. Il a par ailleurs un discours bien tranché sur le classement mondial, actuel sujet de discorde entre la Fédération équestre internationale et le Club international des cavaliers. Pour GRANDPRIX-REPLAY, Aldrick Cheronnet s’est confié.



GRANDPRIX-REPLAY : Vous êtes ce week-end au CSI 5*-W de Madrid ou se courra la sixième étape de la Coupe du monde, quels sont les objectifs ? 
A.C. : Le premier objectif sera de se qualifier demain pour le Grand Prix Coupe du monde. Mon ambition est simple, je voudrais obtenir une qualification et participer à la finale de Paris. Je vais donc essayer de prendre des points ici avant d’aller à La Corogne dans quinze jours, où j’essaierai également de prendre des points. C’est Tanael qui devrait sauter ces deux Grands Prix. Il faut que je prenne encore une trentaine de points pour être tranquille, l’objectif est donc d’en engranger le maximum afin d’avoir la meilleure place possible au classement général. J’espère pouvoir faire le concours de Bordeaux et, pour la suite, je verrai avec Philippe Guerdat s’il y a la possibilité d’avoir une place sur d’autres concours. Pour l’instant, c’est la chasse aux points, comme pour tous mes collègues !
 
GPR : À Madrid, vous compterez sur Tanael des Bonnes et Atlantys By Wisbecq, mais également sur Uris de la Roque. Comment évolue ce cheval de neuf ans ? 
A.C. : C’est un cheval en lequel je fonde beaucoup d’espoirs. Si j’ai un cheval un peu fatigué, il est à même de prendre le relai. Uris était monté par Valentine (Belooussoff, l’élève d’Aldrick Cheronnet, ndlr) qui a fait le choix avec son papa de me le confier en début d’année, de façon à lui faire prendre du métier et de l’expérience. C’est désormais chose faite ! Ce cheval permet d’épauler mes deux autres montures de tête, ce qui rend mon piquet plus solide.
Se qualifier rapidement pour la finale Coupe du monde me permettrait de mettre un autre cheval dans une étape, ce qui voudrait dire qu’en cas de qualification, je pourrais compter sur deux chevaux à Paris, dont un qui courrait l’épreuve de chasse. Cela permet de préserver celui qui court l’épreuve en deux manches et la finale.
 
GPR : Tanael des Bonnes et Atlantys By Wisbecq évoluent en parallèle, comment jugez-vous leur progression ?
A.C. : Ce sont des chevaux plus que chouettes ! Ils sont réguliers, Atlantys commence à être vraiment performant et Tanael a quant à lui déjà gagné, cela fait déjà plus d’une saison qu’il évolue à haut niveau. Atlantys a atteint ce niveau un peu plus récemment, je ne le monte que depuis le début d’année et il a fallu le temps que nous nous mettions ensemble et de le former. Il a mûri assez rapidement et c’est un cheval qui a beaucoup de moyens. Il ne fait pas forcément de démonstration mais il est très respectueux et très “concours”. Il commence maintenant à aller un peu plus vite, les quatre premiers mois je ne cherchais pas tellement à obtenir des classements avec lui. Maintenant, je sens qu’il est arrivé à maturité donc je lui en demande un peu plus. Il se rapproche plus régulièrement du podium désormais. C’est un cheval qui a un gros potentiel et qui pourra lui aussi courir la Coupe du monde.
Mon cheval de tête mais aussi de cœur est tout de même Tanael. C’est un cheval qui peut aller très vite et que je monte depuis son début d’année de sept ans, cela fait donc trois saisons. Je le connais vraiment bien et je sais que je peux compter sur lui quand il est au barrage.


”Il y a pas mal d'hypocrisie dans ce que l'on peut lire et entendre”

GPR : Outre la finale Coupe du monde de l’AccorHotels Arena de Paris, avez-vous également dans un coin de la tête les Jeux équestres mondiaux qui se courront à Tryon en septembre 2018 ? 
A.C. : Oui tout à fait. J’aurais tendance à dire que l’objectif est de courir les Jeux équestres mondiaux avec Uris de la Roque. Je compte beaucoup sur lui donc je vais certainement le préserver dans les concours indoor, à moins que Tanael ou Atlantys ne fatigue un peu. Mais le plan est surtout de le préserver pour la saison extérieure afin qu’il puisse évoluer sur de grandes pistes en sable, un profil de piste qui peut ressembler à une finale des Jeux mondiaux. Je suis dans une situation assez confortable, je peux compter sur trois chevaux qui ont beaucoup de moyens et qui peuvent me permettre d’évoluer à un bon niveau. Mon objectif en début d’année était d’intégrer le Top 100 du classement mondial. Aujourd’hui, je suis cent-deuxième et je devrais avoir davantage de points le mois prochain grâce à Lyon et, je l’espère, grâce à ce week-end. Pour moi ce serait bien d’intégrer ce Top 100, cela permet d’accéder plus facilement à de beaux concours.
 
GPR : Justement, quel est votre point de vue sur le débat actuel au sujet du classement mondial ? 
A.C. : J’ai suivi un peu tout ce qui s’est dit. Je trouve qu’il y a pas mal d’hypocrisie dans ce que l’on peut lire et entendre, que ce soit de la part des organisateurs ou des cavaliers. Je pense qu’il faut vraiment réfléchir au classement mondial. Pour moi, seuls les cavaliers classés en Grand Prix 2, 3, 4 et 5* devraient prendre des points. Si toutes les autres épreuves ne comptaient pas, cela changerait énormément le classement, et ça ne gênerait pas du tout qu’il y ait des personnes qui paient des tables pour pouvoir prendre le départ d’un concours. Un tel système changerait la donne et redonnerait un peu de valeur au classement mondial. Des amateurs qui achètent des places ne feraient pas d’ombre aux professionnels.
De toute manière, il faut des personnes qui achètent des places pour aller en concours. Ils ne dérangent personne, dans la mesure où ils ne prennent pas de points (les cavaliers engagés en CSI 1* n’engrangent pas de points pour le classement mondial, ndlr). Et ils permettent de générer de l’argent puisqu’ils achètent des chevaux et font appel à des cavaliers pour du coaching.  Ce qui est à revoir, c’est le système de distribution des points. Aujourd’hui, il n’est pas normal que le gagnant d’un Grand Prix CSI 3* remporte autant de points que celui qui gagne l’épreuve majeure de la première journée. Il y a des cavaliers qui trustent ces épreuves de vitesse et qui par conséquent sont très bien classés, ce qui fait un peu de mal à la discipline.
Ces temps-ci, on entend un peu de tout. Certains cavaliers qui profitent du système le dénoncent. Je crois quelque part qu’il faut arrêter de taper sur Jan Tops et sur d’autres organisateurs. Il ne faut pas oublier que s’il y a de très belles dotations en concours, c’est grâce à eux. La Fédération équestre internationale à commencer à repenser l’attribution des points du classement mondial, et je crois qu’une évolution est nécessaire.