Un vent frais gonfle les voiles de l’équipe de France, et cela fait du bien

Aux championnats d’Europe Longines de La Corogne, où la France n’a terminé “que” septième, comme au CSIO 5* de Bruxelles, où le Coq a brillamment remporté la Coupe des nations et où Nina Mallevaey a gagné son premier Grand Prix de niveau 5*, associée à Dynastie de Beaufour, une nouvelle génération de cavaliers s’est imposée en équipe nationale. Au-delà des résultats, ce vent de fraîcheur est bénéfique et nourrit les espoirs d’une grande et riche olympiade pour le jumping tricolore.



Quelle joie de voir de l’émerveillement, des visages s’illuminer un peu plus, des déceptions frapper un peu plus fort et des émotions vécues si intensément. Du 16 au 20 juillet à La Corogne, en Espagne, la brise balayant la côte atlantique galicienne a porté une fraîcheur attendue dans les rangs tricolores. Dans cette région cousine de la Bretagne, tant sur les plans géographiques et climatiques que d’un point de vue culturel, Nina Mallevaey, Jeanne Sadran et Antoine Ermann ont vécu leur tout premier grand rendez-vous en Seniors lors des Européens Longines organisés au complexe Casas Novas. Julien Épaillard et Kevin Staut, leurs aînés dans cette aventure, ont, eux aussi, démontré toute leur motivation, mais ils sont bien davantage rompus à ces exercices.

Jeanne, Antoine et Nina ont noué des liens forts depuis des années. La première et le deuxième partagent leur vie au sein des écuries Chev’el, par lesquelles la troisième est passée durant son cursus. En juillet, le trio d’espoirs a montré que la jeunesse française était pleine de ressources et, surtout, très honorée à l’idée de porter haut le drapeau tricolore. Certes, le résultat collectif – une septième place – ne restera pas dans les mémoires, mais cette année a offert à la Fédération française d’équitation une formidable opportunité de faire entrer du sang neuf dans son équipe de jumping. Exempte de qualification olympique, l’échéance biennale a permis de voir de nouveaux visages dans bien d’autres équipes, à l’instar de l’Irlandais Seamus Hughes Kennedy, cinquième sur ESI Rocky, ou du Belge Thibeau Spits, en or par équipes et neuvième en individuel avec Impress-K van’t Kattenheye. Aucun autre sélectionneur n’a toutefois eu autant d’audace qu’Édouard Coupérie, qui a laissé sa chance à trois cavaliers de moins de vingt-cinq ans, dont Antoine Ermann, uniquement engagé dans le championnat individuel sur Floyd des Prés et finissant meilleur Français à la seizième place. Avant la sélection de Mégane Moissonnier (avec Cordial) aux Européens de Milan, en 2023, il fallait remonter à 1991, trente-quatre ans en arrière, pour voir un cavalier de moins de vingt-cinq ans, un certain Roger-Yves Bost, porter la veste bleue dans une échéance continentale, en selle sur Norton de Rhuys. Outre les aspects comptables, cette sélection inédite a séduit cavaliers et observateurs saluant la prise de risque, qui reste toutefois modérée dans un championnat non qualificatif pour les Jeux olympiques.

Dès sa prise de fonction en février, le nouveau patron des Bleus avait annoncé la couleur en martelant sa volonté d’intégrer du « sang neuf » dans les rangs français. Cinq mois plus tard, le cofondateur des écuries du Grand Veneur a largement tenu sa promesse. Mieux encore, l’intégration de ces jeunes pousses s’est faite dès le début de son mandat, avec des chances données en Ligues des nations Longines, en Coupes des nations et dans plusieurs CSI 5*. De quoi leur permettre de faire leurs preuves, Nina Mallevaey, sacrée championne de France en avril à Fontainebleau, étant la meilleure en la matière avec une victoire, célébrée dimanche au CSIO de Belgique, et quatre autres podiums en Grands Prix de niveau 5* et deux doubles sans-faute en Coupes des nations, obtenus lors des CSIO 5* de Rome et Bruxelles vendredi dernier. Sur la place de Sienne comme chez Stephex, Antoine Ermann et elle ont obtenu leur sélection pour l’épreuve par équipes, qu’ils avaient honorée avec deux prestations tout bonnement irréprochables. À Rome, voir deux si jeunes cavaliers sélectionnés à ce niveau relevait alors du jamais vu depuis dix ans pour le Coq.



Édouard Coupérie récompensé de ses choix

En France, on n’avait plus assisté à un tel renouvellement générationnel depuis la décennie 1980, qui avait vu émerger notamment Philippe Rozier, Éric Levallois, Patrice Delaveau et Roger-Yves Bost. Souhaitons aux rookies actuels de marcher dans les pas de leurs illustres aînés et de collectionner autant de succès. À ce stade, leur intégration a eu le mérite d’apporter beaucoup d’enthousiasme et de bienveillance dans les rangs tricolores, ce qui a transpiré à La Corogne. Le chef des troupes a lui-même décrit “une équipe très soudée, ensemble du début à la fin”, soulignant les échanges constructifs et naturels entre toutes et tous. Plus encore, tout au long de la saison, les cadors de l’équipe de France ont semblé éprouver un mélange de curiosité et de motivation face à un phénomène poussant inéluctablement à une remise en question salutaire.

Instigateur de cette dynamique, Édouard Coupérie a semble-t-il très vite pris la mesure de ses fonctions et se montre particulièrement à l’aise dans son nouveau costume, après avoir fait ses armes de 2019 à 2024 en tant qu’adjoint de Thierry Pomel, puis de Henk Nooren. Ce rôle lui a indiscutablement servi et fait prendre conscience de l’importance d’intégrer des jeunes au groupe France.

De l’autre côté du miroir, il suffit d’observer l’engouement suscité par ce renouveau pour apprécier toute l’étendue du mouvement. Particulièrement plébiscités sur les réseaux sociaux et admirés dans bien des écuries, Jeanne, Nina et Antoine ont de grandes chances de devenir des fidèles de la veste bleue. Véritable locomotive, ce trio inspire déjà et pourrait faire figure de modèle pour les générations à venir. Souhaitons maintenant que l’ascension se poursuive jusqu’aux prochains grands rendez-vous: les Mondiaux d’Aix-la-Chapelle l’an prochain, puis les Jeux olympiques de Los Angeles, en 2028. Puissent d’autres conscrits prendre encore le train en marche et contribuer à de futurs grands succès pour le clan bleu, blanc et rouge.



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