La Libellule prend son envol depuis le nid d’Olga

Ce matin, La Libellule a été sacrée championne de France des juments de quatre ans de saut d’obstacles en ouverture de la sixième journée de la Grande Semaine de l’élevage de Fontainebleau. Cette fille de Pegase van’t Ruytershof (BWP, Comme Il Faut x Cartani) et de Gachette Libellule (SF, Ogano Sitte x Papillon Rouge) est née à Guern, dans le Morbihan, chez Gilles Baumann pour le compte commun de cet éleveur breton et des écuries du Breil d’Olivier Domergue, situé à La Mouche, entre Avranches, Granville et Villedieu-les-Poêles, dans la Manche. Ayant initié sa formation, le Normand n’a pas pu la monter à Fontainebleau, s’étant blessé à une épaule. Son fils Antoine, âgé de quinze ans, a su prendre le relais et mener cette prometteuse baie jusqu’au titre grâce à deux sans-faute obtenus hier, ainsi qu’une note de modèle de 15,8, une moyenne de présentation de 16,5 lors de la qualificative et une moyenne de présentation de 18 en finale. La Libellule est issue de l’une des plus glorieuses souches du Selle Français, d’où proviennent notamment les SF Olympique Libellule (ISO 171, Jarnac x Papillon Rouge), son propre frère Uppercut Libellule (ISO 156), sa sœur utérine Qomédie Libellule (ISO 150, Élan de la Cour), Cap Libellule (ISO 159, Cap Kennedy), mais aussi Imperio Rouge (ISO 160, Libero H x Starter), Monaco d’Auvray (ISO 146, Mr. Blue x Starter), l’étalon Donald Rouge II (ISO 164, Thoas du Theillet x Kouglof II) et son frère utérien Epsom Rouge (ISO 175, Papillon Rouge), sans oublier la fabuleuse Myrtille Paulois (ISO 187, Dollar du Mûrier x Grand Veneur), sacrée championne d’Europe en 2013 avec Roger-Yves Bost et très grande gagnante en Grands Prix. Matrone en cheffe de cette lignée, Olga (SF, Juriste) est la sixième mère de la nouvelle championne des quatre ans.

Antoine Domergue, qui a décalé sa rentrée en seconde générale au lycée Notre Dame de la Providence d’Avranches, afin de pouvoir participer à la Grande Semaine, n’est pas peu fier du comportement de sa partenaire. “Elle a été formidable hier comme aujourd’hui, sur des parcours instructifs pour les chevaux, plus compliquée en termes de tracés que hauts, dans cet environnement qu’ils ont découvert. En finale, la rivière avait de quoi impressionner, et le Terrain d’Honneur en général, d’autant que certains chevaux n’avaient pas sauté sur herbe avant de venir ici. Moi, j’avais eu la chance de pouvoir monter La Libellule à Dinard, ce qui nous a beaucoup apporté. C’est une jument qui a un très grand potentiel, avec beaucoup de puissance, de sang et d’envie de bien faire. Son seul défaut serait peut-être son manque de souplesse, mais cela viendra avec le temps. Hier, je ne l’ai pas montée au mieux, mais elle a répondu présent, et aujourd’hui, je me suis davantage appliqué, et tout s’est bien déroulé”, se réjouit l’ado, qui monte également la jument June du Breil (SF, Bamako de Muze x Oramé) dans le championnat des femelles de six ans, avec une faute ce matin. Venu pour prendre de l’expérience, Antoine envisage déjà une expérience aux États-Unis ou en Irlande, afin de parfaire son anglais et sa formation équestre, avant de revenir passer son bac, et exercer le métier de cavalier professionnel. L’élevage du Breil a notamment produit Virtuose Breil (alias Truman, ISO 175, SF, Mylord Carthago x Kolibri), sélectionné aux Mondiaux de 2022, aux Jeux panaméricains de 2023 et aux Jeux olympiques de Paris 2024 avec la Canadienne Amy Millar. Les chevaux Breil et Libellule pourraient constituer de sérieux atouts pour lancer la carrière du jeune homme. Quant à La Libellule, elle pourrait rapidement changer de main.

Deux, trois, quatre et cinquième, Leskise Pironnière (SF, Starter de Lagache x Impala des Fontaines), Lady Million de Bamar (SF, Million Dollar van het Schaeck x Fétiche du Pas), Lila Des Joncs (Candy de Nantuel x Diamant De Semilly) et Lilou de L’Abbaye (SF, Ekano DKS x Diamant De Semilly) ont également obtenu des mentions Élite avec Pierre Imbert, Antoine Baillargeat, Judith Giguet et Dylan Boulineau.

Lamborghini ravit l’élevage de Riverland et France Étalons

Dans le championnat des mâles de quatre ans, la Société hippique française n’a décerné que trois mentions Élite, comme dans celui des hongres nés en 2021. Lamborghini Riverland a été couronné champion de France, valorisant une fois encore l’élevage charentais de Mickaël Varliaud et le syndicat France Étalons, qui a fait sien ce fils de Catoki et de Dauphine du Château par Calvaro, soit deux étalons Holsteiner éprouvés sportivement et à l’élevage et une descendante de l’une des meilleures lignées maternelles hexagonales, celle de Ballerine III (AAC, Rantzau, Ps). Cette souche a donné une kyrielle de grands et très grands gagnants internationaux SF dont Itot du Château (ISO 192, Le Tot de Semilly x Galoubet A) et pas moins de dix autres produits du Château indicés à plus de 150 et nés pour le compte de Jean Grandjean, qui nous a quittés le 27 mai dernier à quatre-vingt-quatorze ans. Ce titre sonne aussi comme un hommage à cet immense éleveur de la Marne.

C’est Léo Thomazo, cavalier du Dr Michel Guiot, à la tête du haras de Talma, copropriétaire de France Étalons et président de la SHF, qui a mené au titre cet étalon alezan, qui a obtenu 16,7 au modèle, puis des notes de présentation de 17 et 17,75. “Comme Lamborghini avait participé au testage des mâles Selle Français de trois ans, il n’a pas eu à sauter trop de parcours. Il a disputé huit parcours avant d’arriver ici, afin qu’il reste dans l’état d’esprit des concours. C’est un cheval très sérieux et régulier, de taille moyenne mais qui présente un super galop, des moyens et une technique de saut déjà impeccable au niveau des antérieurs. Il a tout pour devenir un super compétiteur”, loue le Breton expatrié dans les Ardennes, qui a apprécié les parcours de cette finale.

Montés par Antoine Charpentier et Manon Geismar Bonnemains, Lamm de Kerangre (SF, Von Chacco Ixe x Cicero Z) et Lupin d’Auville (SF, Eldorado van de Zeshoek x Candy de Nantuel) ont obtenu les deux autres mentions Élite.

Un Charentais (Lamborghini Riverland) pouvait en cacher un autre (Label du Peu)

L’élevage charentais s’est également mis en valeur dans le championnat des hongres de quatre ans. Et pour une fois, ce n’est pas le fait de Mickaël Varliaud, mais de Valérie et Jean-Michel Gaildraud, installée à Ruffec, qui a fait naître Label du Peu, sacré cet après-midi sur la Carrière des Princes. En effet, contrairement aux mâles et femelles, les hongres n’ont sauté que sur le sable à Fontainebleau. Cet alezan est un fils du très sollicité Candy de Nantuel et de Valine du Peu par Double d’Elle. Si sa souche peut sembler moins prolifique que celles de La Libellule et de Lamborghini, on lui doit tout de même l’excellent étalon performeur Apache d’Adriers (ISO 181, SF, Double Espoir x Felix, Ps).

Label du Peu s’est imposé sous la selle de Johannes Coignoux, cavalier de quarante-six ans établi à Angoulême, en Charente bien sûr. “Je suis ravi de ce titre. Mon objectif était surtout de bien faire, avec ce cheval pétri de qualités. Au concours interrégional de Pompadour, il avait obtenu la note de 16,5, ce qui laissait augurer de belles choses ici. L’éleveur et le propriétaire ne souhaitaient pas forcément l’engager en finale, mais j’ai pensé que cela permettrait de le mettre en valeur et peut-être de le vendre, ce qui est toujours un objectif. Il est précoce et facile, comme le sont souvent les produits de Candy de Nantuel. En outre, il est sûr de lui et doté d’un bon style à l’obstacle, ce qui a fait la différence aujourd’hui. Dans les concours régionaux, il avait tendance à se contenter du strict minimum. Là, il s’est montré un peu différent, du fait des décors, des beaux obstacle et de l’ambiance de ce stade équestre”, analyse l’ancien cavalier du haras de Tus, de retour à la Grande Semaine après quelques années d’absence. “Le naisseur de Label, Jean-Michel Gaildraud, travaille à l’élevage de Riverland. Pascal Crepelle l’a acheté à trois ans, au pré, sans le voir sauter, et me l’a confié. Force est de constater qu’il ne s’est pas trompé. L’objectif reste de le vendre, mais s’il reste chez moi une année de plus, je ne serai pas mécontent.”

Ludique du Rondeau (SF, Chacoon Blue x Diamant de Semilly) et Lartiste du Tertre (SF, Deuxcatsix d’Églefin x Idéal de Prissey) ont été labellisés Élite sous les selles de Charles Aubri Chavet et Pablo Goutière.

Le classement du championnat des femelles de quatre ans
Le classement du Critérium des femelles de quatre ans
Le classement du championnat des mâles de quatre ans
Le classement du Critérium des mâles de quatre ans
Le classement du championnat des hongres de quatre ans
Le classement du Critérium des hongres de quatre ans