“J’aimerais que l’on puisse montrer que nos couples sont là pour en découdre”, Jean-Luc Force
Cette semaine, à Blenheim, Jean-Luc Force aborde son premier grand championnat en tant que sélectionneur de l’équipe de France tricolore de concours complet. L’ancien cavalier de Crocus Jacob est revenu sur le stage de préparation nouvellement organisé à Saumur, et non plus à Saint-Martin-de-Bréhal, et notamment sur le travail mis en place en saut d’obstacles avec les cavaliers tricolores. Il a aussi détaillé ses choix concernant la composition de l’équipe de France et l’ordre de passage au sein de celle-ci, non sans décrire le parcours de cross qui attend les concurrents.
Comment s’est déroulé le stage de préparation, nouvellement organisé à Saumur, et non plus à Saint-Martin-de-Bréhal comme à l’accoutumée?
Tout s’est très bien passé. Nous avons eu le malheur de perdre deux couples expérimentés, d’abord celui formé par Karim Laghouag et Triton Fontaine, puis Nicolas Touzaint et Absolut Gold*HDC dernièrement. Ces deux chevaux ont montré une petite gêne physique, et nous avons préféré ne prendre aucun risque, d’autant que nous voulions faire découvrir les championnats à d’autres duos en devenir. Nous avons fait contre mauvaise fortune bon cœur.
J’ai choisi le site de Saumur car selon moi, il est très adapté à un tel stage au vu des infrastructures qui y sont mises à notre disposition. Le sol de l’hippodrome de Verrie est de très grande qualité, et il nous intéressait donc beaucoup pour réaliser les galops d’entraînement. En outre, nous pouvons y pratiquer le dressage et le saut d’obstacles sur l’herbe, comme à Blenheim. Il y a une clinique vétérinaire sur place, ce que je trouve essentiel, et Xavier Goupil (vétérinaire sur le site de l’Institut français du cheval et de l’équitation et vétérinaire fédéral auprès de l’équipe de France de complet, ndlr) y exerce. Or, il a accumulé une vraie expérience qui nous permet facilement d’échanger, discuter et analyser l’état de santé des chevaux ainsi que leur évolution. Pour les athlètes humains, nous avons le centre médico-sportif de l’IFCE, dont nos cavaliers sont très friands. Y aller est bon pour leur physique et leur moral, donc c’est super. Je souhaite remercier Philippe et Nathalie Müll, qui sont des contacts très appréciables pour moi au sein de l’institution, ainsi que tous les personnels qui nous ont aidés à accéder à tous les outils dont nous avions besoin.
Ces dernières années, lorsque les Français pêchaient quelque part lors des grandes échéances, c’était souvent au saut d’obstacles. Comment se passe le travail avec le nouvel intervenant spécialisé dans la préparation de ce test, Pascal Henry?
Pascal Henry a vraiment œuvré, en étant appuyé par Henk Nooren (ancien entraîneur et sélectionneur de l’équipe de France de saut d’obstacles, ndlr) à certains moments, parce que je crois beaucoup au travail d’équipe. Lorsque l’on travaille à plusieurs, une certaine complémentarité se crée, et si la confiance est là, cela peut mener à de gros progrès. Nous pouvons aussi compter sur Cédric Lyard, qui crée une sorte d’interface entre le cross et le saut d’obstacles. Après, nous ne pouvons non plus nous permettre de faire trop sauter les chevaux pendant un tel stage, d’autant que nous devons y intégrer trois galops de préparation en vue d’un cross comme celui de Blenheim.
Votre objectif est d’obtenir une médaille par équipes?
Oui, bien sûr. J’aimerais que l’on puisse montrer que nos couples sont là pour en découdre, que l'équipe de France fonctionne bien, qu'on a tout un entourage aussi, avec de super grooms notamment, et qu’il règne une très bonne ambiance. Il faut remercier les propriétaires qui nous soutiennent et nous font confiance, parce que ce n’est pas si évident que cela de se dire que l’on confie un cheval et que son programme nous échappe un peu. En outre, je suis ravi de la qualité du staff que j’ai réuni autour de moi. Il est composé de personnes d’expérience, motivées et respectueuses les unes des autres. Il existe une super dynamique entre nous, et je pense que les cavaliers le ressentent.
Dans quelle mesure la configuration du cross et les conditions météorologiques ont-elles eu une influence sur la composition et l’ordre de passage de l’équipe?
Il est certain que je devais voir l’état du sol avant d’opérer ces choix, d’autant qu’il a plu à Blenheim ces derniers temps. Globalement, le terrain est bon et souple, mais à la limite d’être gras. Normalement, il ne pleuvra qu’en fin de journée samedi (jour du test de fond, ndlr), selon les prévisions actuelles. J’ai décidé d’envoyer Luc (Château, qui s’est également confié à GRANDPRIX, ndlr) en ouvreur car il est habitué aux épreuves anglaises, et en général, son cheval (Cocorico de l’Ébat, ndlr) se comporte bien lors du cross. Il est léger et même s’il n’est pas le plus rapide du quatuor, il est en pleine ascension cette année et il peut apporter des informations intéressantes pour les autres. Ensuite, Sébastien (Cavaillon, ndlr) est un peu le nouveau de l’équipe. Il a besoin d’être légèrement protégé, donc nous l’enverrons en deuxième, ce qui le mettra dans une position d’attente. Qui plus est, même si le terrain semble être bon, il devrait l’être d’autant plus en première moitié d’épreuve. Lorsqu’il s’élancera avec Elipso de la Vigne, un cheval puissant qui peut faire valoir beaucoup de qualités sur un parcours comme celui-ci, nous aurons déjà beaucoup d’informations, car nous avons eu la chance de tirer le numéro quatorze au tirage au sort. Ce couple est aussi capable d’une très belle performance individuelle, mais je souhaite que Sébastien reste bien à l’écoute de mes consignes et dans son rôle d’équipier. Viendront ensuite Alexis (Goury, dont l’interview en vidéo est disponible ici, ndlr) et Je’Vall, qui est un vrai cheval de cross. Il nous a vraiment séduits grâce à sa qualité de galop. Enfin, le couple le plus capé, composé d’Astier (Nicolas, qui a également accordé un entretien à GRANDPRIX, ndlr) et Alertamalib’Or. Il s’agit d’un cheval léger et rapide, qui devrait pouvoir bien se comporter même dans le cas où le terrain se serait un peu dégradé.
Quant aux concurrents individuels, Gireg (Le Coz, ndlr) a intégré la sélection assez tard, après le forfait de Nicolas Touzaint. Il porte le dossard dix avec Caramel d’Orchis, mais nous aurons déjà des informations à lui transmettre, car Luc Château se sera élancé avant lui. Benjamin (Massié, ndlr), partira plus tard, mais présentera tout de même sa reprise ce jeudi sur Figaro Fonroy. Je suis désolé pour lui de ne pas l’avoir intégré à l’équipe, mais je devais opérer des choix, et ces couples-là doivent s’aguerrir pour l’année prochaine.
Pour l’heure, que pensez-vous du parcours de cross?
Le début du parcours incite vraiment à galoper, en proposant de gros sauts. Ensuite, il y a un petit gué en tournant (qui porte le numéro six, ndlr) dans très peu d’eau, mais avec deux directionnels qui sont des obstacles frangibles auxquels il va falloir faire très attention. Guère plus loin, on entre dans la carrière principale, où sont installés une grosse table ainsi qu’un double de haies de biais. Puis, juste à la sortie, il y a une combinaison de pointes avec beaucoup de biais et une distance très en avançant. Cela correspond assez à ce que l’on peut voir en France dans les parcours de Mathieu Grasset ou Pierre Michelet, donc je pense que nous sommes plutôt bien préparés, mais il faudra rester très vigilants. Ensuite, en numéro dix-huit, on trouvera le deuxième gué, dont l’entrée est un gros saut panoramique avec peu de front. Cet obstacle d’eau sera suivi d’une vraie côte, en haut de laquelle se trouve le troisième gué. Là encore, la distance est un peu en avant pour aborder une pointe en sortie d’eau. En somme, il y a beaucoup de points, de directionnels et de distances en avant.