Un joli melting-pot d’origines aux Journées internationales de l’Anglo-Arabe

Les Journées internationales de l’Anglo-Arabe ont connu une nouvelle édition humide la semaine passée à Pompadour, en Corrèze. Si le nombre de partants est apparu plutôt stable, avec soixante-douze engagés, les origines semblent se diversifier, permettant ainsi un plus grand mix de courants de sang.



La pluie n’a pas gâché la bonne humeur des éleveurs d’Anglo-Arabes, heureux de se retrouver pour fêter cette race qu’ils affectionnent tant la semaine dernière à Pompadour, en Corrèze, en marge des finales nationales de concours complet des Jeunes Chevaux et Poneys. L’idée de mettre en avant des chevaux de sport modernes, fiables et avec un cœur immense reste un leitmotiv. Cette année encore, l’Association nationale de l’Anglo-Arabe (ANAA) a renouvelé son opération de tombola des éleveurs avec une succès plus important encore en nombre d’étalons proposés ainsi qu’en nombre de tickets vendus.



Les lignées AA de course réinfluencent celles de sport

Un fidèle amoureux de l’AA, Thierry Ripoche, de l’élevage du Lys, a remporté la section I et II du championnat des mâles de deux ans. Il y a quelques années, l’éleveur de l’Indre, toujours en quête des courants de sang neuf, avait travaillé avec l’élevage de Béarn, qui lui avait confier son étalon Don Giovanni de Béarn (Ryon d’Anzex x Dionysos II), mais aussi des poulinières comme Étincelle de Béarn, fille de la performeuse Isis de Béarn (ISO 142, Dionysos II x Jalienny). Après huit ans sans saillie, Thierry a choisi El Triunfo, étalon de course en monte en main, afin de mettre plus de chances de son côté. Il a ainsi obtenu Jisraëlle du Lys. Croisée à Gadget Biboulet (ICC 133, AA, Business), bon performeur avec Mathieu Lemoine et provenant de la souche de Tempo de Paban (ISO 161, Jarnac), celle-ci a donné Nemty du Lys, un sérieux mâle qui a obtenu la note finale de 7,8 et le titre de champion. Nemty a devancé Newton d’Omen, fils de Calvin de Suzan et Arclander par Jebeland Pontadour, AA de course ayant déjà produit plusieurs chevaux de sport. Le protégé de Laurine Condat a obtenu la moyenne de 7,03. Ninja d’Aubiet par Rock’n Roll Animal et Lomagne par Battant du Bost, appartenant à Nathalie Barbero, a complété le podium.

En section III, le croisement de Dartagnan de Béliard et Quina de Sand (Nathan de la Tour) a séduit les juges puisque Qlockwise de Sand, né chez Sandrine Urban, a suivi la voie de sa mère, elle-même championne des deux ans en 2017, en s’offrant le titre avec la moyenne de 7,53. Il a devancé Norman de Suzan (Debiut et Vitamine Suzan par Jebeland Pontadour), né chez Emmanuelle Pipeau.

Chez les femelles, on a retrouvé des origines moins classiques parmi les trois pouliches présentées en section I et II. Néméria d’Omen, la protégée de Laurine Condat, l’a emporté avec 7,25 de moyenne. C’est une fille de Sun King de l’Esques (ICC 140, King Size x Frou Frou) et d’Une Minicom (No Comment Chayottes), provenant de la Station expérimentale de Chamberet, tout comme la mère de Newton d’Omen. New Star d’Ovalie a fini deuxième avec 7,23. Née chez Amanda Faille, cette fille de Jyva Biboulet (Rantanplan du Louet) met en évidence l’indémodable Véloce de Favi, grand performer sous la selle de Daniel Faille, le père d’Amanda, et la super souche d’Ecuadora, développée par Catherine de Lartigue. Jyva avait elle-même été championne de France des deux ans AA en 2021. Nobless d’Elah (Jaguar Mail et Bessette River par Véloce de Favi) a eu le bronze pour le compte de son éleveuse Amandine Coutarel.

En section III, Laura Thevenin, cavalière de complet, a vu Night Kiss, fille de Mylord Carthago et d’Urgent Kiss (Cook du Midour), ceinte de l’écharpe. Née chez Marie-Christine Joffre, Night Kiss met à l’honneur la fabuleuse souche de Cirka (Pancho II), à l’origine de pléthore de champions, de Kellémoi de Pepita (ISO 183, SF, Voltaire) à Copenhague Villa Rose (ISO 151, SF, Safari d’Auge) en passant par Jolie Môme D (ISO 145, SF, Almé) et Alpine B (ICC 137, AA, Pancho II). Niagara d’Oc, issue de l’élevage de Bernard et sa fille Julie Chevalier, a obtenu le deuxième prix (7,71). C’est une fille d’Up to D’Oc par Equus d’Olympe, provenant de la souche ancestrale de l’élevage d’Oc, celle de Reine des Neige (ICC 145, Tiaia, Ps et Églantine, AA par Abidjan), membre de l’équipe de France avec Joël Pons. L’originale Neola du Tsia, née chez Tifany Salierno du croisement de l’étalon Arabe Djalal Ihsane et de la KWPN Dorette (Wallenberg)à a complété le trio de tête avec 7,65.

Le sérieux Nemty du Lys a obtenu la note finale de 7,8 et le titre de champion des mâles de deux ans.

Le sérieux Nemty du Lys a obtenu la note finale de 7,8 et le titre de champion des mâles de deux ans.

© Pauline Chevalier



Un beau lot de trois ans

Les juges ont vu défiler un nombre bien plus important de concurrents de trois ans. De nombreux passionnés se sont retrouvés pour échanger sur leur jeune production. La distance de la ligne de saut en liberté n’était vraisemblablement pas positionnée pour aider les chevaux à se mettre en valeur et les juges semblent avoir été globalement frileux dans la notation. Certains mâles ont confirmé leur qualité tant en père et père de mère, à l’image de Nathan de la Tour. L’étalon gris, qui a fédéré des éleveurs et permis la naissance de Génétiqu’Anglo s’impose comme un géniteur de qualité. Citons aussi Laurier de Hère, pilier de l’Anglo-Arabie doté d’une fertilité hors norme, et Hermès d’Authieux en père de mères. Outre ces solides piliers, Ivain a montré ses qualités malgré son faible nombre de produits, tout comme Vasnupied de Jonkière, représenté par un produit français et un produit italien, l’étalon ayant été vendu en Sardaigne. Enfin, dans les sections III, les éleveurs d’AA semblent séduits par Contendro pour son sang, son chic et ses qualités en vue de produire des chevaux de complet, et par le génial Jarnac.



Meskaly et Makalu à l’unanimité!

Dans les sections de race pure, deux gris se sont clairement distingués, séduisant juges et public. Du côté des femelles, Meskaly Domerguie, fille de Nathan de la Tour et Meskal de Domerguie par Pygargue du Maury a été impériale lors de tous les ateliers, avec 8,25 de moyenne, dont 9,3 au saut monté. Un défaut d’aplomb a toutefois dégradé sa note au modèle, mais la représentante de l’élevage cantalou, fidèle au rendez-vous de Pompadour depuis vingt-cinq ans, a été magistralement mise en valeur par sa propriétaire, Charline Bringel. La jeune cavalière de complet, venue spécialement d’Alsace pour cette finale, en est repartie avec de très nombreuses félicitations. Meskal (ICC 132), sa mère, s’était illustrée en complet avec Benoît Parent.

Maïanthème de Serrat a une fois de plus mis à l’honneur l’élevage d’Yves Olivier. La fille de Laurier de Hère et Anémone de l’Océan par O’Pif d’Ivraie s’est montrée sérieuse et appliquée, tout particulièrement au saut en liberté. Elle provient de la très célèbre souche d’Agence (ISO 148, El Aïd), à l’origine de très nombreux performeurs. Avec 7,68, la troisième place est revenue à Mandragore du Manaou, une belle et élégante baie qui réunit le sang de deux grands performers de cet élevage: Potter du Manaou (ISO 135) et Saga du Manaou (ICC 155, For Ever IV), brillante sous la selle de Mathieu van Landeghem. C’est une jolie perle de l’élevage de la famille Saramont. 

Les aptitudes sous la selle de Meskaly ont impressionné les juges, tout comme celle de Makalu d’Elpégère. Le protégé d’Anne Vanet, éleveuse très fidèle à l’AA, qui a notamment vu son Haston d’Elpégère (ICC 146, Tassili d’Elpégère) participer aux Jeux olympiques de 2008 à Hong Kong avec Jean-Renaud Adde et au CCI 5*-L de Badminton avec Benjamin Massié, travaille toujours en croisant ses étalons, qu’elle a valorisé elle-même. Ici, Tauern d’Elpégère lui a donné Makalu avec Tcheck It Out, une fille d’Hermès d’Authieux issue de l’élevage de Miranda de Toulouse-Lautrec. Tcheck It Out est issue d’une souche très ancienne ayant donné d’excellents performeurs, dont Tempo de Paban (ISO 161), Arco de Paban (ISO 155, SF, Lamm de Fétan), Gadget Biboulet, Pidam de Paban (ISO 163, SF, Quidam de Revel) et l’olympique Vassilly de Lassos (ICC 162, Jaguar Mail) et Jogger des Gaves (ICC 153, Fusain du Defey). Makalu a présenté d’impressionnantes facultés de saut, tant en liberté que monté. 

Il a devancé un fils de l’étalon maison Ivain et de la championne Carla de Favi (Kim du Maury), représentant la souche de Dilème de Cèphe (ISO 185, AAC, Starky d’Anchin). Georges Moutet a présenté un cheval de qualité, Monsieur M (8,10), très reconnaissable à sa robe alezane très marquée de blanc. Né chez Eric Pouey, Millésime du Pouey (7,88) accompagne les deux mâles précédents sur le podium. C’est un fils de Don Giovanni de Béarn et de Bettyboop du Pouey (Ps, Merlino Mago). Millésime a un frère utérin par Frisson du Pecos indicé à 150 en course de plat. Cette voie mâle semble encore en difficulté: combien de ces sujets seront valorisés en sport et utilisés à l’élevage? Les souches sont aujourd’hui capitales pour attirer les éleveurs. Aussi, la race pure AA reste en souffrance avec uniquement dix représentants mâles. 

En section III, la distinguée Miranda de Sagazan, de la dynamique et enjouée Géraldine Miranda, s’est adjugé la victoire avec 7,60. Elle est une l’unique fille AA de Qualidad de Cazeneuve, issue du qualiteux et recherché Trésor du Renom, croisée avec Jarnac. Elle a devancé Milonga Domerguie (Contendro et Belhyosa de Domerguie par Véloce de Favi) et Madone D’Oc (Contendro et Up to D’Oc), sœur de Niagara. Chez les mâles, Moonlyght Fly With Us a mis à l’honneur son père Éole de Pompadour, croisé avec Conaya de Fuyssieux (Con Air). Il a devancé M’Papeur Domerguie, de l’élevage en forme de la semaine, par Contendro et Bahira de Domerguie par L’Élu de Dun, et Mercure d’Ivraie, propre frère du performeur Chrome d’Ivraie (ISO 156), par Jarnac et Loa de Pétra par Tigris.



De beaux poulains d’avenir

Chez les foals, le lot était de belle facture avec des notes proches et une hiérarchie indécise. Noisette Pompadour, de la jumenterie publique de Chignac, l’a emporté chez les femelles en sections I et II. Cette fille de Prestige Kalone, notée à 7,80, rend hommage à sa mère Mémésis Pompadour (Fango In Blue), championne de France à trois ans à Pompadour, avant de vivre une belle carrière en complet avec Mathieu Van Landeghem (ICC 131). Noisette a devancé Phyn’ar’finn, une très élégante fille de Nathan de la Tour et Apriori du Py par Olala de Buissy, née chez Génétiqu’Anglo puisque sa mère fait partie de la Jumenterie collective, pour le compte d’Axel Roesch. Pixie d’Avanti (Hautbois d’Olympe et Véganine Brébaudin par For Ever IV) a offert la troisième place à l’élevage de Dominique Théau. 

Chez les mâles de la même section, la Jumenterie de Chignac l’a emporté avec Applepie Pompadour, issu du performer Espri du Figuier (ISO 159, AA, Upsilon) et d’Adelaïde Pompadour (Cook du Midour). Applepie a devancé son concurrent Princeton d’Elah, de seulement 0,03 point (7,88). Quant à Princeton, il salue le travail passionné d’Amandine Coutarel. C’est un magnifique poulain par Deux de Cœur et Tzigane de Picpus par Gériko du Quercus, qui a séduit de nombreux spectateurs. Pik de Chabot, autre produit d’Espri de Figuier et de Callika de Chabot par Nathan de la Tour a fini troisième pour le compte de Jean Catry.

En section III s’est imposée la bien-nommée Promesse Tenue, rassemblant le sang d’Upsilon (ICC 165) à celui d’une sœur de Tenarèze (ICC 154) et Es Igual (ICC 143). La pouliche de l’élevage Sisqueille a été notée 7,98. La deuxième place a souri à Pandora Grand Air, appartenant à Caroline Deprès et issue de Nathan de la Tour et Fabuleuse d’Oréal par Ulhan du Temple (7,65). Pink Moon de Sagazan (Jarnac et Pavie du Maury par Zippy Al Maury), née chez Géraldine Miranda, a complété le podium. 

On retrouve une fois de plus à l’honneur l’élevage Pouey en cette section III chez les mâles puisque Pikachu du Pouey a électrisé les juges avec 8,28 de moyenne, dont un 9 en impression d’ensemble. Le fils d’Invictus du Pouey et Jolala Good du Pouey par Olala de Buissy a devancé Pollux de Surget, de Johann Garillon. Ce dernier a été crédité de 8,17, dont un 9 en impression d’ensemble. Pollux est issu d’Hermès Gay et As-tu lu de Surget par Véloce de Favi. Polievik de Rocali (Orient du Py et Fitchina d’Arabis par Romando de l’Abbaye), né chez Lianna O’Neill a eu le troisième prix (7,9).

Une fois de plus, la race AA a rassemblé les éleveurs passionnés, dont un grand nombre déplore le projet de livre de race Anglo-Part Bred lancé par l’association nationale, qui diluera encore plus l’AA que ne le fait déjà la section III. Certes, la production en race pure est un sacerdoce, mais elle n’en demeure pas moins nécessaire pour préserver les qualités ancestrales de ce cheval de sport attachant et plein de sang.

Les résultats complets

Noisette Pompadour, de la jumenterie publique de Chignac, l’a emporté chez les femelles en sections I et II.

Noisette Pompadour, de la jumenterie publique de Chignac, l’a emporté chez les femelles en sections I et II.

© Virginie Chaperot