Le public a été au rendez-vous pour la finale du vingt-cinquième Open de France Barnes, certainement attiré par un “effet Pelón”. Ses matches ont fait carton plein ces trois dernières semaines et, forcément, cette apothéose d’un tournoi d’une rare intensité était attendue. Mais David Stirling a offert bien plus qu’un spectacle: victime d’une vilaine chute au deuxième chukker et visiblement diminué à l’épaule, l’Uruguayen a fait preuve d’héroïsme. Reparti en selle malgré la douleur, il a mené à la victoire l’équipe de son capitaine français, Alexis Morange.

Cette finale a démarré doucement, malgré trois buts fracassants de Simon Prado en première période, creusant d’entrée un écart substantiel, mais ce sont les seuls qu’il a inscrits. Octogone a alors entamé sa remontée… avant que ne survienne la chute. “J’ai voulu tourner à droite, ma jument a trébuché et mon épaule et la tête ont fortement heurté sur le sol”, raconte le héros du match. Longtemps resté au sol, puis soigné rapidement au palenque, il est remonté en selle et a tenu son rôle avec bravoure, inscrivant trois des neuf buts de son équipe, dont le sixième, au quatrième chukker, créant le premier break en faveur d’Octogone. Comme si la douleur était effacée: “Il n’était pas question d’oublier la douleur, mais toute l’équipe a consenti un énorme effort. Chacun a très bien joué, chacun a beaucoup donné. C’est ce collectif qui nous a permis de gagner, car nous avons affronté une grande équipe.”

Deuxième meilleur réalisateur du tournoi avec trente-quatre buts, Louis Hine, encore étincelant en attaque et auteur de quatre goals, ainsi que Justo Laulhé, solide et inspiré, signataire d’un improbable golazo sous l’encolure à près de cinquante mètres, ont été brillants. Quant au capitaine Alexis Morange, il a parfaitement tenu son rôle de fédérateur, donnant à Octogone la cohésion nécessaire pour s’imposer dans ce rendez-vous prestigieux. “Oui, c’est une victoire très spéciale”, a ajouté Stirling. “C’est un grand tournoi, très compétitif, avec seize équipes engagées. Pour une première participation, avec Gabriel (le chef d’équipe, ndlr), nous avons construit une excellente équipe avec Louis et Justo, et Alexis a su créer une superbe ambiance. C’est, je crois, la grande force d’Octogone.”

Maintenant, direction l’Argentine pour Stirling, contraint de soigner son épaule avant de tenter de qualifier une nouvelle équipe pour l’Abierto. Une équipe nommée… Kazak. Ironie savoureuse: après avoir battu Kazak en finale de l’Open de France, il cherchera à qualifier sa franchise argentine pour fouler les terrains mythiques de Palermo. “Cette qualification serait déjà une victoire. En tout cas, c’est le grand objectif de ma saison”, sourit l’Uruguayen en descendant du podium, non sans un rictus de douleur.

La finale féminine a réservé une belle surprise au public cantilien. Face à Samasphere et à la redoutable Américaine Hope Arellano, grande favorite du tournoi, Augustinus Bader a créé l’exploit en s’imposant 7-5. Après un début équilibré (3-3 puis 4-4 à la mi-temps), la différence s’est faite grâce à l’intelligence de jeu de Lia Salvo. Toujours bien placée, omniprésente dans les récupérations, elle a su organiser et distribuer, assumant à merveille son rôle de cheffe d’orchestre. La répartition équilibrée des buts illustre ce collectif soudé: deux pour Salvo, deux pour Paloma Lauro, deux pour Ambre Ploix et un pour Mendoza Houben, qui a marqué son premier but du tournoi au meilleur moment. Paloma Lauro, particulièrement inspirée, a été élue meilleure joueuse de la finale. En face, Hope Arellano a une nouvelle fois impressionné, inscrivant plusieurs superbes goals dont un après une splendide descente en revers. Mais l’Américaine, irrésistible jusque-là, a manqué deux pénalités importantes en fin de partie. À ses côtés, Fatima Balzano s’est montrée très solide, multipliant les efforts pour maintenir Samasphere dans le match.

Un autre facteur a pesé: la cavalerie de Brieuc Rigaux. Grâce à ses chevaux, Lia Salvo et ses partenaires ont gardé fraîcheur et vitesse jusqu’au bout. Pour Lia, ce troisième titre à Chantilly a eu le goût d’une revanche après la défaite en finale l’an dernier: “Cette victoire compte énormément pour moi. Chantilly, c’est un peu comme une seconde maison. J’étais affamée cette année et j’ai eu la chance d’être très bien équipées grâce aux chevaux de Brieuc. Mon rôle a surtout été de défendre et de distribuer, parce que je savais que mes coéquipières pouvaient toutes marquer. Et elles l’ont fait: nous avons gagné en équipe, et c’est ce qui me rend le plus heureuse.”

Ainsi se sont achevées trois semaines de beau sport, avec un polo de plus en plus compétitif, des chevaux fabuleux, une organisation technique impeccable grâce à Philippe Perrier et son équipe, une atmosphère conviviale orchestrée par le président Arnaud de Chênevarin et un public venu en nombre: près de 2.000 spectateurs se sont réunis autour du terrain d’honneur pour ces finales.

LA FINALE DE L’OPEN DE FRANCE BARNES

Octogone bat Kazak 9 à 6 (1-3, 3-3, 5-4 et 6-4)

Octogone (handicap 16): Alexis Morange (0), Justo Laulhé (3, 1 goal), Louis Hine (5, 4 goals) et David Stirling (8, 3 goals) + 1 pénalité 1.
Kazak (16) : Sébastien Aguettant (0), Ramón Collardín (2, 2 goals), Simon Prado (6, 3 goals) et Francisco Elizalde (1).

Meilleur cheval du match : Open Big Sister de l’élevage Ellerstina Z, montée par Fran Elizalde (Kazak);
Meilleur cheval inscrit au stud-book Argentin : Oriental Malaquita, montée par Louis Hine et appartenant à David Stirling;
MVP by FlyPolo : Pelon Stirling (Octogone);
MVP Amateur : Alexis Morange (Octogone);
FairPlay Standing Rock : Octogone.

LA FINALE DE L’OPEN DE FRANCE FÉMININ

Augustinus Bader bat Samasphere 7 à 5 (3-3, 4-4 et 6-5)

Augustinus Bader (16) : Paloma Lauro (3, 2 goals), Mendoza Houben (0, 1 goal), Ambre Ploix (5, 2 goals), Lia Salvo (8, 2 goals).
Samasphere (16) : Megan Kawohl (0), Kitana Saint Cyr (0), Fatima Balzano (6), Hope Arellano (10, 5 goals)

Meilleur cheval du match : Pokémon, montée par Hope Arellano et appartenant à Julien Reynes;
Meilleure joueuse : Paloma Lauro (Augustinus Bader).