Le Grand Parquet a réussi sa mue

Les passionnés d’élevage et de sport ont eu le bonheur de voir une partie des épreuves de la Grande Semaine de l’élevage de Fontainebleau retrouver le Terrain d’honneur du Grand Parquet, fin août et début septembre. Après le passage de près de mille chevaux sur cette piste en herbe rénovée, les retours semblent unanimes quant à sa qualité, et au plaisir de pouvoir de nouveau y sauter des parcours. Agathe Jolly, directrice du site francilien, dresse un bilan à l’issue de la première demi-saison d’utilisation.



Fin août et début septembre, la Grande Semaine de l’élevage de Fontainebleau a repris possession du Terrain d’honneur du stade équestre du Grand Parquet pour la première fois depuis 2019, pour le plus grand bonheur de bien des acteurs des finales nationales Jeunes Chevaux de la Société hippique française (SHF). Durant l’intermède, cette piste en herbe chargée d’histoire et de légendes a été entièrement aplanie et rénovée avec un système de subirrigation, c’est-à-dire d’arrosage par capillarité. Fin juin, le Terrain d’honneur rénové avait été étrenné lors de Fontainebleau Classic, un événement mis sur pied par les équipes de GRANDPRIX Events et au cours duquel il avait accueilli 325 parcours des CSI 1*, Jeunes chevaux et Amateurs. “Le terrain avait un peu marqué le premier jour, comme le font souvent les pistes en herbe, subirriguées ou non”, explique Agathe Jolly, directrice du Grand Parquet. “Les jours suivants, la surface s’est bien stabilisée.”

Malgré une inondation causée par les pluies torrentielles tombées fin août sur la Seine-et-Marne, le Terrain d’honneur a ensuite pu accueillir trois épreuves réservées aux chevaux de six ans – pour un total d’un peu moins de trois cents passages – durant les finales du Cycle libre de la SHF, du 29 au 31 août. “La piste s’est bien comportée malgré les averses et les trombes d’eau qui étaient tombées auparavant”, relate Agathe Jolly. “L’entretien du terrain en herbe demande énormément d’attention et d’actions que nous avons réalisées avec notre prestataire entre les finales du Cycle libre et celles du Cycle classique.”



En tout, du mercredi 3 au dimanche 7 septembre, le Terrain d’honneur a accueilli quelque six cents parcours, impliquant des chevaux âgés de quatre, six et sept ans. Réunir tous ces espoirs du saut d’obstacles sur une piste où se sont écrites certaines des plus belles pages de l’histoire de la Grande Semaine, et plus généralement du jumping français, a demandé un travail important à l’équipe du Grand Parquet. “Notre cahier des charges indique un nombre de chevaux maximal par journée”, reprend la directrice du site. Dans le cas présent, il impliquait aussi de déplacer les obstacles entre les épreuves qualificatives des femelles et des mâles afin de pouvoir tondre et aspirer la matière arrachée. En outre, le principe avec cette piste est de retirer toutes les décorations et autres bidets afin d’éviter de marquer le terrain. Les épreuves Jeunes Chevaux requièrent d’autant plus de travail que les équidés y évoluent souvent sur une bien plus grande surface que lors d’épreuves de CSI 3* ou 4*, par exemple, les tracés étant bien moins serrés. Durant les temps de compétition, il y avait en permanence cinq personnes pour tasser le sol, au niveau des zones d’abord et de réception notamment, pour assurer un bon maintien de l’engazonnement. Il y avait une forte attente des acteurs de notre filière à retrouver le Terrain d’Honneur, et sans prétention, je crois que les retours sont unanimes après cette Grande Semaine: tout le monde s’est régalé.”



Des pistes en herbe en voie de disparition

Dès l’annonce du projet de transformation du Terrain d’honneur en piste subirriguée, des critiques s’étaient fait entendre quant à la perte des dénivelés caractéristiques de ce lieu chargé de tradition. Pour autant, “il y avait une vraie demande pour un terrain aplani”, rappelle Agathe Jolly. “Un certain nombre de propriétaires de chevaux de valeur ne voulaient plus voir de réceptions incertaines ou en dévers qui peuvent occasionner des foulures, par exemple. Aplanir la piste a amoindri ces risques et amélioré le confort des chevaux.”

Au début de la Grande Semaine, quelques équidés ont semblé glisser sur l’herbe du Terrain d’Honneur, mais “ils n’étaient pas ferrés ou alors pas cramponnés, ce qui est normalement nécessaire pour concourir sur cette surface”, rappelle la directrice du site. “Ce phénomène n’est pas sans lien avec la quasi disparition des pistes de compétition en herbe, y compris sur le circuit dédié aux Jeunes Chevaux, qui en compte très peu en dehors de la Normandie. Beaucoup d’acteurs de la filière trouvent très bien que les jeunes chevaux sautent de nouveau sur herbe ici, mais le pendant est qu’il s’agit d’une découverte pour nombre d’entre eux, notamment à quatre ans”, poursuit Agathe Jolly, avant de conclure: “La SHF a toujours souhaité que la rénovation du Terrain d’honneur ne transforme pas sa nature, afin de pouvoir revoir tous ses finalistes sur cette piste en herbe lors de la Grande Semaine. Cependant, une chose est sûre: les chevaux doivent pouvoir bénéficier d’un circuit de qualificatives sur herbe durant la saison, ce qui n’est pas le cas à ce jour.”



Un travail d’entretien important

Si l’entretien du joyau bellifontain durant les compétitions demande beaucoup de travail, sa maintenance nécessite un suivi et un contrôle journalier, notamment en ce qui concerne la “gestion de la tonte. Bien qu’elle soit assurée par un robot, celui-ci doit être nettoyé à chaque sortie, et sa lame, changée toutes les cinq semaines”, éclaire Agathe Jolly. “Tout cet entretien est très technique, et nous apprenons encore à l’optimiser. Nous devons également gérer l’arrosage aérien de la piste. Même si elle est subirriguée, en périodes de fortes chaleurs, l’arroser par le dessus permet de faire descendre la température en surface et d’éviter que les feuilles de l’herbe ne grillent. En outre, cela permet de mieux faire pénétrer les engrais, de sorte qu’ils soient actifs plus rapidement.”

Après ces galops d’essai particulièrement réussis, le Terrain d’honneur va pouvoir se reposer jusqu’en avril 2026: “Nous voulions y aller doucement en cette première année, afin d’observer le comportement de la piste. Vu l’investissement consenti par la Communauté d’agglomération du Pays de Fontainebleau, soutenu par les autres collectivités territoriales, nous nous devions de tout mettre en œuvre pour réussir cette mue.” Au printemps, il devrait accueillir ses premières compétitions de très haut niveau à l’occasion du Printemps des sports équestres, organisé par GL events Equestrian Sport.