Galan de Sauvagère, partenaire de l’archange Nicolas Touzaint, s’est envolé vers les cieux

Ce matin, Nicolas Touzaint a annoncé la mort de Galan de Sauvagère, le fabuleux partenaire qui lui avait permis d’être sacré double champion d’Europe en individuel en 2003 et 2007. Entre temps, l’Angevin et son charismatique gris avaient également contribué à la médaille d’or olympique de la France aux JO d’Athènes 2004, lors desquels le regretté Jean Rochefort avait attribué le surnom d’archange au jeune Nicolas Touzaint. Mort à trente et un ans, Galan de Sauvagère coulait une retraite heureuse au pré depuis près de quinze ans.



C’est en sa compagnie que Nicolas Touzaint, en route vers un titre olympique par équipes à Athènes, avait hérité du surnom d’archange dans les commentaires du truculent et regretté Jean Rochefort: Galan de Sauvagère, cheval mythique dans l’histoire du complet français s’il en est, a rejoint les étoiles à trente et un ans. Né le 22 avril 1994 chez Michel Leroy à Sébécourt, dans l'Eure, à une vingtaine de kilomètres à l'ouest d'Evreux, le charismatique gris était un descendant direct de l’étalon Selle Français Jolly Jumper, lui-même petit-fils du chef de race Ibrahim via son père, Ukase, et d’une Pur-sang prénommée Douce Julia. Acheté par Monique Girard-Claudon, fidèle mécène de la famille Touzaint malheureusement disparue en 2008, Galan a été confié à Nicolas et lui a permis de signer son premier exploit dès ses jeunes années. En effet, en 2000 et 2001, l’élégant Selle Français est devenu le premier cheval à remporter à la fois le Mondial des chevaux de six ans et celui des sept ans au Lion-d’Angers, tout près de chez son cavalier.

Après deux victoires en CCI 3*-L et CCI 3*-S décrochées à Punchestown et Martinvast en 2002, Nicolas et Galan décrochent en 2003 leur sélection pour les championnats d’Europe organisés eux aussi à Punchestown. Là, ils signent la meilleure reprise de la compétition, devançant même Bettina Hoy et Ringwood Cockatoo grâce à leur score de 29,8 points. Ne lâchant que trois secondes de temps dépassé lors du cross, ils abordent le concours hippique avec deux barres d’avance, et si l’obstacle numéro deux tombe sur leur passage, ils rallient la ligne d’arrivée sans autre faute, apportant ainsi à la France son deuxième titre continental individuel en complet, dix ans après celui décroché par Jean-Lou Bigot et Twist la Beige. L’année suivante, Nicolas Touzaint et son gris entament les JO d’Athènes comme ils avaient débuté les Européens: en remportant le premier test, cette fois avec 29,4 points. Tous deux enchaînent avec un “maxi” au cross, et ne commettent qu’une faute lors de la première manche de concours hippique, mais celle-ci est surtout le point de départ d’un incroyable imbroglio. Pour cause, Bettina Hoy a franchi deux fois la ligne de départ, mais son chronomètre n’a été déclenché que lors de son second passage. Ce problème révélé, l’Allemagne se voit destituée de son titre et celui-ci est attribué à la France, mais sous la pression de la puissante délégation allemande, la Mannschaft est replacée au premier rang - qu’elle perdra de nouveau bien plus tard au profit d’une décision du Tribunal Arbitral du sport. Dans cette situation très particulière, Nicolas Touzaint a bien du mal à se reconcentrer pour le second parcours au programme, où il laissera quatre barres à terre et écopera de trois points de pénalité pour temps dépassé, laissant s’envoler le titre individuel et terminant huitième.



En 2005 et 2006, une douleur à un boulet puis une entorse au grasset privent Galan de Sauvagère de grands championnats. Il remporte tout de même la finale de la Coupe du monde de complet la seconde année à Malmö, avant de signer une saison 2007 tout bonnement extraordinaire, qui lui vaudra d’ailleurs un indice de performance de 193! Coup sur coup, le hongre, alors âgé de treize ans, permet à son cavalier le remporter le CCI 4*-S de Fontainebleau, le CCI 4*-L de Pratoni del Vivaro et le CCI 4*-S de Vittel. Abordant donc les Européens de Pratoni en pleine confiance, le couple leader de l’équipe de France y termine deuxième du dressage avec 29,4 points, puis signe le seul sans-faute dans le temps du cross, pour conclure avec un nouveau parcours parfait sur les barres! Il décroche ainsi un second titre européen individuel, tandis que la France se pare de nouveau d’argent collectif. “C'est fabuleux, j’ai un cheval fabuleux”, déclare Nicolas Touzaint. “J'ai juste à faire mon boulot pas trop mal… il est vraiment exceptionnel. Je ne sais pas trop quoi dire d’autre que de le remercier. Il m’étonne moi-même.” L’année suivante, les JO de Hong-Kong tourneront au cauchemar pour le cavalier et son Galan. Monique Girard-Claudon, la propriétaire du gris, décède la veille du départ du cavalier pour l’Asie. Puis, à l’avant-veille de l’épreuve de dressage, le Selle Français se blesse dans son box durant un orage. Il passe tout de même l’inspection des chevaux initiale, mais lorsque Nicolas entame sa détente avant sa reprise, tout l’entourage du couple est forcé de se rendre à l’évidence: il faut déclarer forfait. Des examens décèleront plus tard une fracture de l'aile droite du sacrum de Galan. Le gris ne retrouvera finalement jamais le plus haut niveau, et prendra sa retraite en 2010, à l’âge de seize ans.

Depuis, il coulait des jours heureux au pré, où il a passé de nombreuses années avec Hildago de l’ïle, autre valeureux partenaire de Nicolas Touzaint disparu, lui, le 8 mai 2023, quinze ans jour pour jour après avoir offert à son cavalier la seule victoire française dans le CCI 5*-L de Badminton. L’an passé, après avoir décroché l’argent par équipes aux JO de Paris 2024 sur Diabolo Menthe, le cavalier angevin avait encore pu réunir ses trois médaillés olympiques sur une même photo: Diabolo, bien sûr, mais aussi Galan et Absolut Gold*HDC, qui s’était paré de bronze à Tokyo. “L’heure est venue pour toi, Galan, de rejoindre ton compère de toujours, Hildago, au paradis des chevaux”, a écrit Nicolas Touzaint ce matin. “Tant de choses accomplies tous les trois… si j’en suis là aujourd’hui c’est avant tout grâce à vous deux. Je ne vous oublierai jamais. Merci encore pour tout ce que vous avez fait pour moi.”

(Re)découvrez l’épisode du podcast Légendes cavalières consacré à Nicolas Touzaint et Galan de Sauvagère, où le cavalier angevin revient sur leur épopée commune
Retrouvez les extraits du cross de Nicolas Touzaint et Galan de Sauvagère commenté par Jean Rochefort et Christian Choupin ci-dessous

La rédaction de GRANDPRIX adresse ses pensées émues à tout l’entourage de Galan de Sauvagère




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