’’Les cavaliers vont rester attentifs aux prochaines décisions de la FEI’’

Une délégation de pilotes de saut d’obstacles a été reçue au siège de la Fédération équestre internationale (FEI) aujourd’hui à Lausanne. À l’issue de cette rencontre visant à renouer le dialogue entre la maison-mère des sports équestres et le Club international des cavaliers (IJRC), Eleonora Ottaviani a bien voulu rendre compte des débats à GrandPrix-replay. Même si elle reste dans l’attente de véritables décisions, la directrice de l’IJRC évoque une ambiance chaleureuse et constructive.



Aujourd’hui à Lausanne, quatre cavaliers, le Français Kevin Staut, le Belge François Mathy Jr et les Suisses Steve Guerdat et Clarissa Crotta, ainsi qu’Eleonora Ottaviani, directrice du Club international des cavaliers de jumping (IJRC), ont été reçus au siège de la Fédération équestre internationale (FEI) à Lausanne. Seuls manquait à l’appel l’Allemand Marcus Ehning, retenu en Allemagne par des douleurs dentaires.

En premier lieu, il s’agissait de renouer le dialogue avec entre la FEI et les cavaliers, qui avaient amplement fait part de leur colère auprès de Sabrina Ibáñez, directrice générale de la Fédération, lors de l’assemblée générale de l’IJRC, le 9 décembre à Genève. Sur la forme, le but semble avoir été atteint: «L’atmosphère était chaleureuse et constructive. Nous avons pu nous parler très franchement et ouvertement. Les cavaliers ont pu dire tout ce qu’ils pensaient et leurs questions ont reçu des réponses. Nous espérons désormais pouvoir échanger plus régulièrement de cette manière. Après l’assemblée générale de Tokyo, où les nouveaux formats de compétition des Jeux olympiques et Jeux équestres mondiaux ont été adoptés malgré le total désaccord des cavaliers, la tension était réelle, il ne faut le cacher», rappelle Eleonora Ottaviani.

Sur le fond, l’IJRC reste évidemment prudent. «Les cavaliers vont rester attentifs aux prochaines décisions de la FEI, ainsi qu’aux débats organisés dans le cadre du Forum des sports, les 10 et 11 avril à Lausanne, où ils espèrent compter sur le soutien d’un maximum de fédérations nationales, notamment européennes. Aujourd’hui, la France, l’Allemagne, la Suisse, la Grande-Bretagne, les Pays-Bas et l’Espagne sont très mobilisés. Les enjeux sont très importants, car en ce moment, nous n’avons pas franchement l’impression que le sport évolue dans le bon sens… Maintenant, il nous faut essayer de trouver tous ensemble le meilleur chemin dans le seul intérêt de notre sport», ajoute la directrice.

Pendant un peu moins de cinq heures, face à Ingmar de Vos, président de la FEI, John Madden, président du comité de saut, John Roche, directeur du saut, Maria Gretzer, représentante des athlètes au sein du bureau, et Mikael Rentsch, directeur juridique, la délégation de pilotes a eu l’opportunité d’exposer toutes ses doléances : fonctionnement du classement mondial, règlement concernant les traces de sang décelées sur les chevaux en sortie de piste, contrôle et surveillance des écuries des concours, nouveaux règlements du Longines Global Champions Tour et de la Global Champions League (lire ici et ici), harmonisation mondiale des frais d’engagement, représentativité des cavaliers au sein des instances fédérales, formats des JO et JEM, attractivité des Coupes des nations et de la Coupe du monde, mais aussi conditions d’adhésion des fédérations nationales à la FEI… La directrice du club rend compte de quelques-uns des principaux enjeux de cette réunion.
 


Les principales questions en discussion

Jeux équestres mondiaux. «Désormais, il semble acquis que la Chasse sera bien de retour au programme des Jeux équestres mondiaux, ce qui est positif dans le sens où toutes les parties prenantes du sport, dont les cavaliers, y sont très attachées, et que cela permettra à tous les participants de sauter au moins deux parcours dans ces championnats.»
 
Conditions d’adhésion des fédérations nationales à la FEI. Cette question avait été soulevée par les pilotes à Genève, certains, dont Éric Lamaze, estimant illogique que des nations ne comptant aucun cavalier, aucun cheval ni aucun concours inscrit dans la base de données des compétitions de la FEI, bénéficie d’un droit de vote à l’assemblée générale équivalent à celui de la France ou de l’Allemagne.
«Cette question est très délicate. Les représentants de la FEI estiment qu’elle doit être traitée avec les Fédérations nationales et éventuellement avec la Fédération européenne plus qu’avec les cavaliers.»
 
Traces de sang et contaminations involontaires. Depuis deux ans, de nombreuses disqualifications ont été prononcées par des juges lors de CSI, CSI-W, CSIO et même des Jeux olympiques de Rio, à l’encontre de cavaliers dont les chevaux présentaient des traces de sang en sortie de piste. On se rappelle des cas très médiatisés de l’Irlandais Bertram Allen au CSI 5*-W de Londres, du Suédois Rolf-Göran Bengtsson et du Suisse Martin Fuchs au CSIO 5* de Saint-Gall, de l’Allemand Daniel Deusser aux championnats d’Europe d’Aix-la-Chapelle, du Belge Nicola Philippaerts, du Brésilien Stephan de Freitas Barcha et de l’ex-Ukrainien Cassio Rivetti aux JO. Sur ce point, l’IJRC demande une application plus souple des règlements et au cas-par-cas en fonction de la gravité des traces de sang et de l’usage réellement abusif ou non des éperons. Le Club demande aussi que les cavaliers dont les chevaux sont victimes de contaminations involontaires à des substances inscrites sur les listes des produits dopants ou de médication contrôlée bénéficient d’un traitement plus juste de la part de la FEI. À ce titre, on rappellera qu’un tel cas avait privé Steve Guerdat et Nino des Buissonnets de leur victoire dans le Grand Prix de France, en 2015 à La Baule, puis d’une participation aux championnats d’Europe (lire ici, ici et ici).
«Les cavaliers se sentent nerveux dans ces deux cas de figure, car même sans aucune volonté de mal faire de leur part, ils se retrouvent mis en accusation avec des répercussions importantes auprès du public et de la presse. Nous allons donc voir comment on peut trouver un bon équilibre avec le comité de saut et le département juridique de la FEI afin d’aboutir à des règles plus justes. Bien sûr, le bien-être des chevaux primera toujours sur toute autre considération et les mauvais comportements doivent être sanctionnés, mais les peines doivent être différenciées et graduelles en fonction de la gravité et du caractère volontaire des manquements aux règlements.»
 
Attractivité des circuits fédéraux et classement mondial. Alors qu’elle n’a pas encore trouvé de nouveau sponsor pour ses Coupes des nations après la fin du contrat avec le fonds saoudien Furûsiyya, lequel courait de 2013 à 2016, la FEI devrait logiquement soutenir ce circuit sur ses fonds propres cette année. Pour autant, les cavaliers s’inquiètent de la stagnation des dotations et du nombre de points comptant pour le classement mondial offerts dans ces épreuves vis-à-vis du développement du Global Champions Tour et de la Global Champions League, lesquels en offriront un maximum avec deux épreuves de catégorie AA (la plus importante sur l’actuelle échelle de valeurs) par étape.
«Les cavaliers restent très attachés aux Coupes des nations et à la Coupe du monde, mais ils considèrent que ces deux circuits doivent être mieux valorisés et défendus par la FEI et ses fédérations nationales membres, notamment face au développement des circuits privés, afin de rester attractifs. D’une manière générale, ils s’intéressent à la qualité des infrastructures des concours, aux dotations et aux points mis en jeu au classement mondial. Depuis deux ans, l’IJRC demande à ce que les modalités d’attribution des points soient revues. Désormais que le nouveau système d’engagement est en passe d’entrer en vigueur, nous allons essayer de prendre en compte tous les éléments et de proposer un nouveau système plus juste en 2018. L’idée serait peut-être de donner plus de points aux Coupes des nations et à la Coupe du monde. Nous allons y réfléchir collectivement. Évidemment, nous espérons de tout cœur que la FEI parviendra à trouver un nouveau sponsor pour les Coupes des nations, car c’est essentiel à l’avenir de notre sport.»