L'Europe s'inquiète de l'avenir du saut d'obstacles mondial

Ce week-end, Marco Fuste, Sönke Lauterbach, Henk Nooren et Theo Ploegmakers ont tiré la sonnette d'alarme concernant l'avenir du saut d'obstacles mondial. En cause, les nouveaux systèmes de places dans les CSI mis en place dans le Global Champions Tour ainsi que la volonté de la Fédération équestre internationale d'harmoniser les engagements entre Europe et États-Unis.



Le saut d'obstacles mondial est-il en danger ? En tout cas, les dernières décisions prises par la Fédération équestre internationale (FEI) inquiètent fédérations nationales européennes et cavaliers. Deux particulièrement.
La première concerne le Global Champions Tour. En signant un accord d'entente avec Jan Tops quant à ses deux circuits, le Global Champions Tour (GCT) et la Global Champions League (GCL), la FEI a accepté un changement dans les système d'engagement. Alors que, jusque-là, les trente meilleurs cavaliers au classement mondial étaient invités à participer au GCT, désormais, seuls les quinze premiers se verront ouvrir les portes du circuit. Et si quatre cavaliers nationaux ainsi qu'un autre cavalier pourront bénéficier de Wild Card, les autres (soit 60% des cavaliers prenant part à la compétition) devront passer à la caisse. En effet, maintenant, les cavaliers en dehors des quinze meilleurs mondiaux devront faire partie d'une équipe de la GCL pour participer au GCT. Et, pour rappel, le droit d'entrée de chaque équipe (composée de cinq cavaliers) pour le GCL est fixé à deux millions d'euros par saison... Tant pis pour les cavaliers n'ayant pas les moyens ou ne pouvant compter sur de gros sponsors. "La FEI a donné une position privilégiée aux concours GCT/GCL sous prétexte qu'il s'agit d'un circuit", expliquent Marco Fuste, Sönke Lauterbach, Henk Nooren et Theo Ploegmakers dans un communiqué. "Dans le futur, tous les concours 2, 3, 4 et 5* qui s'unissent en circuit pourront se tenir sous les mêmes conditions que les concours GCT/GCL."
Avec ces nouvelles conditions, la FEI va donc dans le sens contraire d’un accord auquel elle était arrivé avec les fédérations européennes concernant les engagements. "Ces quatre ou cinq dernières années, le groupe de travail de la Fédération équestre européenne (EEF) et le Bureau de l'EEF ont travaillé main dans la main avec le directeur du Comité de Jumping afin de trouvé un accord satisfaisant sur un système mondial d'invitations concernant les CSI 2, 3, 4 et 5* pour finalement arriver à un système qui satisfait la majorité des fédérations nationales", peut-on lire. Ce nouveau système incluant 60% d'invitations provenant du classement mondial, 20% de cavaliers nationaux dont 3/4 de Wild Cards et 20% d'invitation émanant des organisateurs (la plupart des PayCards). "La mise en oeuvre de cette proposition a été retardée car le système de la FEI n'était pas encore assez opérationnel pour s'assurer que ces règles soient respectées", ajoute le communiqué.


Vers un sport de riches ?

 
La deuxième cause d’inquiétude concerne les montants des engagements en concours. ’’La FEI a proposé aux fédérations nationales d’harmoniser les tarifs des engagements au niveau mondial. Cela signifie, qu’en Europe, cela augmentera de plus du double.’’ En effet, il s’agirait d’adapter les tarifs européens sur les tarifs américains. Si, en Europe, les montants sont à peu près fixes, aux États-Unis, les engagements sont fixés en fonction de la dotation d’une épreuve ou de la compétition.
Pour exemple : ’’En Europe, les cavaliers paient en moyenne quatre cent euros par cheval pour un CSI 2*. En prenant la nouvelle proposition de la FEI, avec un niveau de dotation maximum, l’engagement peut passer à mille deux cent euros par cheval pour un CSI 2* et approcher les mille cinq cent euros dans un CSI 3* d’ici trois ans.’’
L’EEF a donc décidé de réagir et d’exposer à l’instance internationale les réserves de la majorité des fédérations européennes, dont la France quant à cette nouvelle mesure. L’EEF propose également de nouvelles mesures, dont celle de modérer les engagements sur les CSI 2, 3 et 4* en Europe. Elle veut ainsi expliquer à la FEI la différence qui existe entre l’Europe et les États-Unis où il est clair que les cavaliers des niveau 2 à 4* ne pratiquent pas le même sport. ’’En Europe, les compétitions servent de plateformes pour les cavaliers professionnels et les éleveurs afin de former les jeunes chevaux au plus haut niveau. Les compétitions de plus petit niveau servent également de formation pour les jeunes cavaliers, qui peuvent y collecter des points pour le classement mondial et prouver à leur fédération nationale qu’ils sont de sérieux candidats pour porter les couleurs de leur pays.’’ Aspect pratique des CSI 2, 3 et 4* donc, mais également aspect financier, de peur que le saut d’obstacles ne devienne réellement un sport réservé aux plus fortunés. ’’L’équitation est déjà un sport très cher et il est naïf de penser que seul le talent compte. Les cavaliers ont besoin d’excellents chevaux et la FEI doit être capable d’offrir à chaque cavalier une chance raisonnable de poursuivre son objectif de haut niveau. En ne le mettant à la portée que de certains, nous allons bientôt perdre en crédibilité et mettre le sport en danger.’’ D’une manière générale, Marco Fuste, Sönke Lauterbach, Henk Nooren et Theo Ploegmakers affirment que ’’l’Europe domine le sport équestre et devrait décider du développement du système’’.
Cette mesure doit encore être discutée lors du Sport Forum de la FEI, qui se tiendra le 10 avril. En attendant, la Fédération européenne se réunira demain en Assemblée générale pour discuter des mesures à prendre.