Les ténors Fuchs et Clooney s'offrent un bis repetita à Longines Equita Lyon

Martin Fuchs et Clooney 51 ont conservé leur titre dans le Grand Prix Coupe du monde Longines d’Equita Lyon, cet après-midi à Eurexpo, au terme d’une épreuve à la mise en scène irréprochable. Au mérite d’un barrage parfait, le Suisse a devancé l’Américaine Jessica Springsteen et le Belge Pieter Devos, respectivement associés à RMF Zecilie et Claire Z. Julien Épaillard, meilleur Français, a fini cinquième avec Queeletta.



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Sur une scène d’opéra comme sur une piste de saut d’obstacles, on attend toujours d’un ténor la note juste, la perfection technique, le tempo, la puissance et la virtuosité. Quand celle-ci s’exprime sans retenue, on ne se lasse jamais soit de réentendre un air que l’on connaît pourtant par cœur, soit de célébrer la victoire d’un couple habitué aux grands honneurs. Cet après-midi, ce sentiment a saisi une bonne partie du public d’Eurexpo, qui a assisté à un deuxième  succès consécutif de Martin Fuchs et Clooney 51 dans le Grand Prix Coupe du monde Longines d’Equita Lyon. Eh oui, ce n’est pas parce qu’on a le sentiment d’avoir tout dit et écrit sur cette paire magique (lire également ici) que l’on ne se réjouit pas de la voir continuer à gagner avec l’art et la manière des plus grands.
 
Telle une diva devant entretenir le désir de ses fans en sachant se faire plus un peu plus rare de temps à autre, le Suisse a annoncé en conférence de presse que son fabuleux hongre gris ne sauterait aucune autre étape de la Ligue d’Europe de l’Ouest de la Coupe du monde et qu’il ne comptait pas non plus sur lui en vue de la finale de la série, au printemps prochain à Las Vegas. Que ses groupies se rassurent, le duo se produira sur d’autres scènes plus ou moins prestigieuses : Prague fin novembre pour le Super Grand Prix du Longines Global Champions Tour (LGCT) et les play-offs de la Global Champions League, Genève mi-décembre pour les immanquables finale du Top Ten et Grand Chelem Rolex, peut-être Bois-le-Duc au printemps, et pourquoi pas Wellington, en Floride, durant l’hiver. Cependant, pour Martin Fuchs et Clooney 51, vice-champions du monde et champions d’Europe en titre, le seul véritable objectif est désormais Tokyo 2020, où ils compteront parmi les plus sérieux candidats au sacre olympique. En attendant, ils ont merveilleusement honoré le grand rendez-vous lyonnais de leur présence, et l’on ne s’en plaindra pas.
 
Trente-neuf autres couples ont pris le départ de cette troisième étape de la Ligue d’Europe de l’Ouest, mise en scène par un autre virtuose, le chef de piste français Grégory Bodo, qui a accompli un travail impeccable tout au long de ce CSI 5*-W. Des barytons les plus expérimentés aux prometteuses jeunes sopranes, bien des stars ont péché, notamment sur le triple oxer-vertical-oxer placé en 7 et le double de verticaux posé en 9, sur un parcours exigeant de bout en bout et particulièrement long, à en juger par le temps imparti de 84’’. Treize prétendants, soit près d’un tiers du plateau, ont tout de même su interpréter la partition et le livret du jour sans fausse note et dans le juste tempo, preuve que rien n’était infranchissable.
 


Flamboyante Jessica Springsteen

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Premiers à revenir en piste pour le barrage, René López Lizarazo et Twig du Veillon se sont montrés moins virevoltants qu’au tour initial, fautant sur le vertical 9b et devant de sustenter de la treizième place. Olivier Perreau, lui, rêvait de faire de ce dimanche lyonnais le plus beau jour de sa carrière. Cavalier partenaire de GL events Equestrian Sport, société organisatrice d’Equita, le régional de l’étape a tout tenté avec GL events Venizia d’Aiguilly, jument de cœur née chez ses parents. Hélas, une faute sur le vertical 3, diaboliquement placé dans un angle fermé juste avant la dernière galopade, les a relégués à une dixième place très méritoire mais pas de nature à demeurer dans l’histoire. Pour Jessica Springsteen, la fille du Boss, plus grand ténor de la musique populaire américaine, il y a eu quelques notes de musique dans ce barrage – comprendre quelques touchettes çà et là – mais pas la moindre faute. Surtout, on a senti chez l’Américaine et sa fabuleuse RMF Zecilie la même rage de vaincre qui leur avait permis de remporter en fin d’été le LGCT de Saint-Tropez. Cette performance de haut vol leur a offert une splendide deuxième place.
 
Deuxièmes de la qualificative Longines de vendredi soir, Alexis Deroubaix et Timon d’Aure semblaient partis pour gagner le deuxième Grand Prix de niveau 5* de leur épopée… jusqu’à l’oxer final, qui s’est effondré à leur passage, victime collatérale de leur légitime empressement. Huitièmes, ils n’en ont pas moins marqué de précieux points en Coupe du monde, en espérant – redisons-le – qu’ils ne soient pas séparés dans les semaines à venir par la possible vente du hongre… La septième place est revenue au Néerlandais Bart Bles, qui a assuré son double sans-faute avec Israel van de Dennehoeve. Alors qu’on attendait d’eux un grand air en crescendo, le Suédois Henrik von Eckermann et Tovek’s Mary Lou ont fait mieux que les derniers nommés, mais n’ont pour autant fini que sixièmes.
 


Julien Épaillard presque trop sage!

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Les deux concurrents suivants, le Brésilien Marlon Módolo Zanotelli et le Néerlandais Marc Houtzager, ont fauché le maudit vertical 3, se classant onzième et douzième avec VDL Edgar M et Sterrehof’s Calimero. C’est alors que sont revenus en scène Martin Fuchs et Clooney, qui ont livré une magistrale démonstration, dont on retiendra le splendide virage en épingle entre le double et l’oxer 11 et une dernière ligne droite avalée en moins de temps qu’il ne faut pour le dire. Dans la foulée, Steve Guerdat, numéro un mondial, compatriote et ami de Martin, a lui aussi renversé le 3 avec le vaillant Vénard de Cerisy, neuvième.
 
Malgré un gros frémissement du public au franchissement du 11, Emanuele Gaudiano et Chalou, un binôme à l’élégance discutable et à la technique étonnante, ont finalement rejoint l’arrivée sans encombre et terminé quatrièmes… Comme d’habitude, sans déchaîner les passions, le Belge Pieter Devos s’est hissé à la hauteur des attentes du public, avec un double sans-faute et une troisième place presque logiques. Les aficionados français, majoritaires dans les tribunes, espéraient alors que Julien Épaillard parviendrait à produire l’un de ces coups de théâtre dont il a le secret, mais le librettiste de cette œuvre en deux actes en avait visiblement décidé autrement. Presque trop sage, le Normand s’est tout de même satisfait de sa cinquième place avec Queeletta, lauréate vendredi de l’épreuve d’ouverture, que l’on a découverte et particulièrement appréciée à ce niveau. Nulle doute qu’elle recevra d’autres ovations et bis repetita. Comme Martin Fuchs et Clooney, qui ont définitivement été les plus inspirés aujourd’hui.
 
Les résultats
Le parcours
Le classement général de la Ligue d'Europe de l'Ouest
La réaction de Pieter Devos ici
La réaction de Jessica Springsteen ici
La réaction de Julien Epaillard ici
La réaction de Martin Fuchs ici