Julien Epaillard : « Il fallait absolument se remettre en question »

Julien Epaillard revient longuement sur sa victoire à Bordeaux, sa nouvelle collaboration avec Bertrand de Bellabre, ainsi que sur les chevaux sur lesquels il comptera pour cette saison 2017



GPR : Quelles sont vos impressions après cette première victoire Coupe du monde à Bordeaux ?
Julien Epaillard : Je suis bien sûr super content pour toute l'équipe, que ce soit la Laiterie de Montaigu, mon partenaire, ou tous les gens qui travaillent avec moi. C'est quelque chose qui remotive toutes les troupes. En plus, c'est une victoire qui arrive en France, devant notre public, ce qui est encore plus fort, d'autant que nous n'étions pas favoris au départ. Je ne venais pas ici en me disant que j'allais gagner, d'autant que Quatrin de la Roque avait été moins bien en fin de saison et que je l'avais vraiment trouvé fatigué. Je l'avais remis en route à Oliva, mais je ne le trouvais pas très brillant et, du coup, j'ai décidé de l'emmener à la plage et de ne plus lui faire voir une carrière pour lui redonner du moral.

GPR : Vous avez récemment commencé à travailler avec Bertrand de Bellabre. Que vous a-t-il apporté ?
J E : Ça fait deux fois que Bertrand vient à la maison et, en deux séances, on a appris beaucoup de choses sur le cheval. Bertrand de Bellabre est venu à Oliva le lundi avant Bordeaux et nous avons fait un entraînement vraiment tranquille, en essayant d’avoir le cheval relâché, avec le sentiment d’avoir fait un bon travail. Je pense que Bertrand a très bien cerné le cheval et a vu qu’il était très sensible et très stressé. Il a vraiment cherché à faire un travail dans la décontraction. Quand on est tout seul, on n’a pas forcément le même regard et il m’a beaucoup aidé dans la façon d’appréhender le cheval. 

GPR : Vous partiez donc en confiance à Bordeaux...
J E : On partait à Bordeaux en ayant fait un bon boulot et une séance vraiment constructive, mais de là à se dire qu’on allait gagner le Grand Prix, on n’en était pas là, on voulait juste voir sa réaction. J’ai sauté le warm-up du jeudi en faisant cinq ou six sauts bien décontracté. Le vendredi, j’ai de nouveau fait une petite épreuve dans la décontraction et j’ai senti que le cheval se relâchait vraiment, il a vu que c’était facile. Pour le Grand Prix Coupe du monde, j’ai fait une détente comme si j’allais sauter une petite épreuve, sans lui mettre la pression, qu’il ne se rende pas compte qu’on allait sauter une épreuve difficile. Et j’avoue que ça a vraiment bien fonctionné, le cheval est rentré en piste super apaisé et sans charger sur les barres.
Après, j’ai eu un peu de chance sur l’oxer sur bidet au premier tour et j’aurais pu faire quatre points pareil, mais le cheval était vraiment bien. 


GPR : Qu'est-ce qui a motivé le fait de faire appel à Bertrand de Bellabre ?
J E : Nous avons fait le point sur la saison 2016 et il s’est avéré que j’avais des meilleurs chevaux qu’en 2015, mais j’ai fait des moins bons résultats. J’ai gagné un Grand Prix trois étoiles et quelques classements en cinq étoiles, mais le bilan n’était pas bon. Je me suis dit qu’il fallait absolument se remettre en question et j’ai cherché avec qui je pourrais m’entraîner. Bertrand de Bellabre est quelqu’un que je connais bien depuis les Juniors et Jeunes cavaliers. Le courant est toujours très bien passé avec lui, c’est un homme de cheval, quelqu’un qui sait de quoi il parle, qui a de très bonnes bases et qui me paraissait être la personne adéquate pour ce que je recherchais. J’avais besoin de quelqu’un qui vienne chez moi, qui regarde un peu comment je fonctionne, comment je gère les chevaux, qui me fasse travailler et fasse travailler mon cavalier maison. Quelqu’un qui va un peu superviser toutes mes décisions et avec qui je vais pouvoir discuter de tout ouvertement. Il fallait une personne qui ait de l’expérience et le temps de le faire. On n’en est qu’au début, mais pour l’instant, tous les petits points sur lesquels il a pu m’aider ont été bénéfiques sur tous les chevaux. 

GPR : Cette victoire vous ouvre-t-elle de nouvelles perspectives ? Pouvez-vous envisager le championnat d'Europe ?
J E : Le championnat d’Europe, on n’en est pas là. J’ai juste fait une perf pour l’instant et ce n’est pas suffisant pour envisager une grosse échéance. Pour l’instant, il faudrait avant tout que l’on fasse preuve de régularité au cours de la saison extérieure pour pouvoir envisager un championnat. 
 


GPR : Outre Quatrin, sur quels chevaux comptez-vous pour cette saison 2017 ?
J E : J'ai Sephora Sonzéenne (Kannan), qui montre de très bonnes aptitudes. je la remets en route à Oliva, la jument saute vraiment bien, il faut lui laisser encore un peu de temps, mais elle est vraiment intéressante. Safari d'Auge (Diamant de Semilly) est un très bon cheval, mais je n'ai pas vraiment eu de chance avec lui, car il y a toujours eu un petit souci et il a été fréquemment arrêté. Là, il a l'air d'être en grande forme et je pense qu'il a vraiment les moyens d'être compétitif à haut niveau. Je viens également de récupérer Toscane d'Aiguilly, qui a un gros potentiel, mais je ne l'ai pas encore montée en piste. J'ai bien sûr Cristallo (Casall), qui est très bien pour les épreuves intermédiaires et les grosses du premier jour. Ce devrait être également le créneau de Sheriff de la Nutria (Diamant de Semilly), qui devient vraiment compétitif. Puis, j'ai également deux chevaux avec moins d'expérience, Usual Suspect d'Auge (Jarnac), qui a un gros potentiel mais également un peu de caractère et qu'il faut savoir attendre, ainsi que Vanille d'Aragon (No Name de Siva), une jument intéressante que m'a confié mon père.