“Mon objectif est clairement le haut niveau !”, Hugo Breul

Fraichement installé dans les installations flambant neuves du haras des Grands Chênes, Hugo Breul participe ce week-end au deuxième CSI 5* de sa carrière à l’occasion de Longines Equita Lyon. Pouvant notamment compter sur le bon Utahmano Alu, le Français qui soufflera sa vingt-huitième bougie le 28 décembre compte bien figurer durablement au plus haut niveau. Entre deux épreuves, le sympathique cavalier qui a pris part à cinq championnats d’Europe Jeunes s’est confié. 



Depuis quelques semaines, Hugo et sa compagne Marie sont se sont installés au haras des Grands Chênes.

Depuis quelques semaines, Hugo et sa compagne Marie sont se sont installés au haras des Grands Chênes.

© DR

Après le CSIO 5* de Gijón en 2017, vous participez ici à Lyon à votre deuxième concours de label 5*. Comment avez-vous eu l’opportunité de prendre part à cette compétition ? 
Quelques bons résultats m’ont permis de venir courir ce CSI 5*, qui est selon moi le meilleur indoor. Nous sommes très bien reçus, et je suis déjà venu à de nombreuses reprises courir le CSI 2*, que j’avais d’ailleurs remporté (en 2011 avec Loup Cael, ndlr). Lors de cette édition, j’avais couru deux épreuves comptant pour le classement mondial, et j’avais gagné les deux. Je suis très heureux d’être passé dans le CSI 5*-W cette fois ! 
 
Vous êtes ici avec Utahmano Alu et Valine de Preuilly, vos deux montures de tête. Pouvez-vous nous parler d’eux ? 
Utahmano Alu a onze ans, appartient à ma mère, et il est mon premier cheval. Nous l’avons acheté à sept ans et j’ai toujours énormément cru en ce cheval. Il doit encore atteindre un palier supérieur pour courir les plus belles épreuves, mais son potentiel est bien là. Il l’a montré à plusieurs reprises cette saison, et même si nous n’avons pas réalisé notre meilleur résultat en Coupe des nations (en mai à Drammen, le couple a écopé de neuf et seize points, ndlr),ce sont des choses qui arrivent. Compte tenu de son âge, je suis content de son évolution et il devrait encore montrer de belles choses. 
Valine de Preuilly appartient à Benjamin Grandjacques. Je l’ai récupérée au mois de mars afin de la valoriser et de la commercialiser. Je l’apprécie énormément car elle est toujours de bonne composition. Elle a pour habitude de prendre part à des épreuves d’1,40-1,45m, mais elle a ici couru sa troisième ou quatrième épreuve à 1,50m de belle manière. Nous avons commis une légère faute sur le n°1 (interview réalisée le 1ernovembre, ndlr), mais elle s’est déjà classée deux fois au CSI 4* de Saint-Tropez. Ce sont deux très bons chevaux encore en phase d’apprentissage. 
 
Avez-vous des chevaux plus jeunes capables de prendre la relève ? 
Oui tout à fait, j’ai deux très bons chevaux de huit ans. Je vais aussi de nouveau pouvoir compter sur Alto de Talma, qui était blessé. J’ai également un très bon cheval de sept ans et issu de l’élevage maison, où sont également quelques recrues plus jeunes et très prometteuses. Ma mère et moi avions deux poulinières, qui avaient été montées par mon père et moi. À partir de celles-ci, nous avons eu nos premiers poulains, puis tout s’est enchainé. Je pense que le haut niveau est quelque chose qui se prépare bien en amont. Cela passe par la formation de jeunes chevaux, et donc par l’élevage. Par ailleurs, nous n’avons pas envie de produire en quantité, mais en qualité.  
Je peux également compter sur de nouveaux propriétaires, les écuries Al Asayl, dont le cavalier principal est Frédéric David (le Français est installé aux Émirats Arabes Unis depuis de nombreuses années, ndlr). Je m’occupe de la formation des jeunes chevaux, et à terme, nous terminons par nous les redistribuer. 
 
Il y a quelques semaines, vous avez déménagé dans de nouvelles écuries. Pouvez-vous nous en parler ? 
Tout à fait, je suis désormais installé au haras des Grands Chênes ! Ma compagne Marie Diverres et moi sommes très fiers, il s’agit de quelque chose de tout nouveau. Nous disposons de cinquante boxs, dont la moitié pour nous afin d’avoir des chevaux de haut niveau et d’élevage. L’autre partie est mise en location. Pour l’heure, nous avons accueilli Laure Schillewaert ainsi que huit chevaux de l’écurie Al Asayl. Il nous reste une quinzaine de boxs à louer, ce qui nous permet de nous organiser gentiment. Les écuries sont vraiment idéalement placées, à quelques minutes seulement de Pont-L’évêque et d’une sortie d’autoroute. Surtout, nous sommes à environ huit kilomètres de la plage Deauville-Trouville ce qui est super pour les chevaux. 
Jusqu’alors, je louais une partie des boxs chez Charles-Henri Fermé, tout comme Edward Levy (qui a lui aussi déménagé récemment à Lécaude, ndlr). J’en garde de supers souvenirs, nous avons partagé de très bons moments entre potes. Il était convenu dès le départ que nous cherchions un terrain dans les alentours pour faire construite notre propre écurie, et c’est désormais chose faite. 
 


“J’ai toujours cru en Volver de la Vigne”

Avez-vous un entraineur ? 
Oui, je travaille avec Reynald Angot depuis plus de trois ans. Tout se passe très bien, il est très présent pour moi, d’autant plus qu’il est installé non loin de chez moi ce qui est très pratique. Il a eu un palmarès énorme et monte toujours à cheval, ce que je trouve important car il est toujours confronté à la réalité du sport. Nous participons souvent aux mêmes concours, sinon il vient chez moi environ deux fois par mois pour me faire travailler ou monter mes chevaux. À tout âge, je pense qu’il est important de pouvoir compter sur un œil extérieur. Reynald met beaucoup d’énergie à ce que tout se passe pour le mieux et se montre très disponible. 
 
Après avoir fait sensation aux championnats d’Europe Longines de Rotterdam avec le Portugais Luis Sabino Gonçalves, Volver de la Vigne a aussitôt été cédé à l’écurie Beerbaum, où il a débuté la compétition avec Philipp Weishaupt. Le bai était passé par vos écuries en 2016. Quel souvenir gardez-vous de lui et pensiez-vous qu’il deviendrait le cheval qu’il est aujourd’hui ? 
Tout à fait, il a un peu fait le buzz à Rotterdam ! Je l’ai monté environ quatre mois et j’ai toujours cru en lui. Aux écuries, nous l’appelions “le petit taureau”car c’était une véritable boule d’énergie. J’ai fait une bonne opération avec sa transaction, et la preuve, il est désormais au plus haut niveau. Je l’avais croisé en Espagne un an après l’avoir vendu, et Luis Sabino Gonçalves le montait déjà à la perfection. Il a permis au Portugal de remporter la Coupe des nations du CSIO 3* de Lisbonne cette année (grâce à un double zéro, ndlr). Ce cheval a énormément de moyens et de générosité. Pourtant, il est vraiment petit, on dirait un poney ! 
 
Quels sont vos objectifs pour cet hiver et pour la saison prochaine ? 
Mes chevaux de tête vont participer au CSI 4* de Rouen (dans trois semaines, ndlr). Ensuite, je verrai pour éventuellement prendre part au CSI 2* de Paris, ce qui pourrait être un peu juste en termes de timing. Ils ont eu une année riche et ont été performants donc je ne veux pas tirer sur la corde. 
Concernant la saison prochaine, je n’en ai pas encore vraiment parlé avec les entraineurs mais j’aimerais continuer sur cette lancée avec des CSI 4* et éventuellement 5* si j’ai cette chance. Je veux faire évoluer mes chevaux, et pourquoi pas en vendre car c’est notre travail. 
 
Vous faites partie de la jeune génération française, les Jeux olympiques de Paris 2024 sont-ils dans un coin de votre tête ? 
Bien sûr, on y pense ! Vous dire que j’y pense tous les matins serait mentir, mais pourquoi pas avec un cheval prometteur, qui a aujourd’hui entre cinq et huit ans. Rien n’est impossible et on travaille pour que les chevaux qui vont suivre soient performants. Mon objectif est clairement le haut niveau ! 
 
Si vous pouviez suivre les traces d’un des plus grands cavaliers, lequel choisiriez-vous ? 
Je ne vais pas être très original, mais il y en a deux. Tout d’abord Steve Guerdat, qui a gagné tous les plus beaux titres. Mais il y a également Rolf-Göran Bengtsson, que l’on voit moins en ce moment mais qui a réussi à faire durer un cheval comme Casall Ask (l’incomparable bai brun a été mis à la retraite à dix-huit ans au sommet de sa forme, ndlr). Il l’a dressé et a réussi à le faire performer jusqu’à la fin en l’écoutant. La classe !