“La FEI nous doit au moins le respect”, Steve Guerdat
À l’occasion de l’assemblée générale du Club des cavaliers internationaux de saut d’obstacles, le vendredi 9 décembre à Genève, Steve Guerdat a émis un message très clair en direction de la Fédération équestre internationale, de ses dirigeants et du récent vote de l’assemblée générale au sujet des nouveaux formats de compétition des Jeux olympiques et Jeux équestres mondiaux. Un discours très fort à lire en intégralité.
“Sommes-nous, nous cavaliers, assez engagés? Non, définitivement pas, mais la FEI ne nous prend pas assez au sérieux, et ne nous respecte pas. En ce qui me concerne, je ne peux pas accepter ça et je pense que, collectivement, nous ne devrions plus l’accepter. En tant que cavaliers, nous sommes les premiers concernés par ce sport. Nous avons envoyé une lettre ouverte à Ingmar de Vos, président de la FEI, avant l’assemblée générale de Tokyo (lire ici), pour rappeler toutes les raisons pour lesquelles tous les cavaliers sont opposés à ces changements et en quoi leurs effets seraient néfastes à notre sport. Nous avons également réitéré nos propositions visant à atteindre l’objectif d’une plus grande universalité, qui semble si important. Cela nous contraindrait à sacrifier quelques places habituellement occupées par les grandes nations, mais sans dénaturer notre sport. Nous les avions déjà formulées il y a quelques mois, mais n’avions jamais obtenu de réponse.
À cette lettre, nous avons reçu de la part de M. de Vos une réponse que j’estime irrespectueuse et incorrecte. Pour commencer, il se dit très déçu de voir notre club émettre une proposition si peu de temps avant l’assemblée générale de la FEI. Ce n’est pas correct. Cela fait bien longtemps que nous avons livré ces propositions, et nous nous battons depuis deux ans contre cette réforme proposée par John Madden (premier vice-président de la FEI et président du comité de saut d’obstacles, ndlr). Comme M. de Vos le rappelle, des débats ont été organisés dans le cadre du Forum des sports. Cette année, j’ai assisté à ce rendez-vous le premier jour. J’ai su ce qui s’était passé le lendemain. Une très grande majorité de cavaliers, chefs d’équipes, organisateurs et fans de notre sport sont contre. Nous pensions que notre position claire inviterait M. Madden à changer d’avis ou au moins à ouvrir réellement le débat comme il serait de rigueur en démocratie. Mais jamais il n’a fait un pas en notre direction. Il n’a même jamais considéré notre position et son projet n’a pas changé d’un iota depuis le premier jour. Je ne vois donc pas l’intérêt de nous demander notre avis si l’on ne veut pas l’entendre.
La même règle a prévalu pour la réforme des Jeux équestres mondiaux ou du circuit des Coupes des nations. On change tout sans même nous prévenir au point que nous sommes mis devant le fait accompli en lisant des communiqués de presse. Je ne crois que ce mode de fonctionnement soit démocratique et que notre sport doive être gouverné de cette manière.
Dans sa lettre, M. de Vos pointe également le fait que la finale mondiale de la Coupe des nations à Barcelone nous a montré que plus de quinze équipes, au moins dix-huit, pouvaient concourir au plus haut niveau et aux Jeux olympiques. Je suis désolé, mais je ne crois pas qu’on puisse considérer que toutes les équipes qui ont été reversées dans la Consolante (la seconde manche de la grande finale étant réservée aux huit meilleures nations de la première manche, ndlr) aient le niveau. D’abord, cette Consolante est loin d’être comparable à l’épreuve par équipes des JO. La seconde manche de la finale en est beaucoup plus proche. Ensuite, on y voit des équipes avoir du mal à terminer simplement leurs parcours. Pour moi, considérer que celles-ci peuvent concourir aux JO traduit un manque de connaissance de notre sport.
Beaucoup de cavaliers ont été blessés par cette réponse de M. de Vos. Je sais que le dire ici ne changera pas les choses. Vous, Mme Ibáñez (secrétaire générale présente lors de l’assemblée générale de l’IJRC, ndlr), allez me répondre que ce projet a été adopté démocratiquement lors d’un vote des fédérations nationales, mais à notre niveau, nous rencontrons de sérieux problèmes avec ces fédérations, spécialement celles qui ont voté contre l’avis de leurs cavaliers. Je crois que nous méritons davantage de respect, que vous devriez écouter ce que nous avons à vous dire, car je ne crois pas qu’il puisse y avoir de fédération sans cavaliers. J’ai conscience que nous ne pouvons pas toujours être d’accord sur tout, que notre sport a besoin de représentants et de politique dans sa gestion, mais je crois que la FEI nous doit au moins le respect.
Aujourd’hui, ce projet est entre les mains du CIO. Nous sommes ici réunis à Genève, non loin de Lausanne. Il ne nous reste plus qu’à espérer que notre message sera entendu par le CIO et que celui-ci ne suivra pas les propositions de la FEI...”
Pour aller plus loin
Lire le compte-rendu de l’assemblée générale de l’IJRC
Lire la déclaration de l’Irlandais Cian O’Connor
Lire la déclaration du Canadien Éric Lamaze
Lire la déclaration de l’Américain Kent Farrington
Lire la déclaration de l’Allemand Philipp Weishaupt
Lire la déclaration du Français Dominique Mégret
Lire la déclaration de l’Allemande Monica Theodorescu
Lire la déclaration de l’Allemande Isabell Werth
À cette lettre, nous avons reçu de la part de M. de Vos une réponse que j’estime irrespectueuse et incorrecte. Pour commencer, il se dit très déçu de voir notre club émettre une proposition si peu de temps avant l’assemblée générale de la FEI. Ce n’est pas correct. Cela fait bien longtemps que nous avons livré ces propositions, et nous nous battons depuis deux ans contre cette réforme proposée par John Madden (premier vice-président de la FEI et président du comité de saut d’obstacles, ndlr). Comme M. de Vos le rappelle, des débats ont été organisés dans le cadre du Forum des sports. Cette année, j’ai assisté à ce rendez-vous le premier jour. J’ai su ce qui s’était passé le lendemain. Une très grande majorité de cavaliers, chefs d’équipes, organisateurs et fans de notre sport sont contre. Nous pensions que notre position claire inviterait M. Madden à changer d’avis ou au moins à ouvrir réellement le débat comme il serait de rigueur en démocratie. Mais jamais il n’a fait un pas en notre direction. Il n’a même jamais considéré notre position et son projet n’a pas changé d’un iota depuis le premier jour. Je ne vois donc pas l’intérêt de nous demander notre avis si l’on ne veut pas l’entendre.
La même règle a prévalu pour la réforme des Jeux équestres mondiaux ou du circuit des Coupes des nations. On change tout sans même nous prévenir au point que nous sommes mis devant le fait accompli en lisant des communiqués de presse. Je ne crois que ce mode de fonctionnement soit démocratique et que notre sport doive être gouverné de cette manière.
Dans sa lettre, M. de Vos pointe également le fait que la finale mondiale de la Coupe des nations à Barcelone nous a montré que plus de quinze équipes, au moins dix-huit, pouvaient concourir au plus haut niveau et aux Jeux olympiques. Je suis désolé, mais je ne crois pas qu’on puisse considérer que toutes les équipes qui ont été reversées dans la Consolante (la seconde manche de la grande finale étant réservée aux huit meilleures nations de la première manche, ndlr) aient le niveau. D’abord, cette Consolante est loin d’être comparable à l’épreuve par équipes des JO. La seconde manche de la finale en est beaucoup plus proche. Ensuite, on y voit des équipes avoir du mal à terminer simplement leurs parcours. Pour moi, considérer que celles-ci peuvent concourir aux JO traduit un manque de connaissance de notre sport.
Beaucoup de cavaliers ont été blessés par cette réponse de M. de Vos. Je sais que le dire ici ne changera pas les choses. Vous, Mme Ibáñez (secrétaire générale présente lors de l’assemblée générale de l’IJRC, ndlr), allez me répondre que ce projet a été adopté démocratiquement lors d’un vote des fédérations nationales, mais à notre niveau, nous rencontrons de sérieux problèmes avec ces fédérations, spécialement celles qui ont voté contre l’avis de leurs cavaliers. Je crois que nous méritons davantage de respect, que vous devriez écouter ce que nous avons à vous dire, car je ne crois pas qu’il puisse y avoir de fédération sans cavaliers. J’ai conscience que nous ne pouvons pas toujours être d’accord sur tout, que notre sport a besoin de représentants et de politique dans sa gestion, mais je crois que la FEI nous doit au moins le respect.
Aujourd’hui, ce projet est entre les mains du CIO. Nous sommes ici réunis à Genève, non loin de Lausanne. Il ne nous reste plus qu’à espérer que notre message sera entendu par le CIO et que celui-ci ne suivra pas les propositions de la FEI...”
Pour aller plus loin
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