“Un gigantesque conflit d’intérêts ”, Cian O’Connor

À l’occasion de l’assemblée générale du Club des cavaliers internationaux de saut d’obstacles, le vendredi 9 décembre à Genève, Cian O’Connor a été l’un des orateurs les plus virulents à l’encontre de la Fédération équestre internationale, de ses dirigeants et du récent vote de l’assemblée générale au sujet des nouveaux formats de compétition des Jeux olympiques et Jeux équestres mondiaux. Voici une retranscription fidèle des déclarations de l’Irlandais



“Le fait que les sports équestres aient été dégradés dans la hiérarchie des disciplines olympiques, en fonction de critères de diffusion télévisuelle, ne signifie pas nécessairement que les règles et formats des JO doivent être modifiés. Je n’ai jamais lu la moindre recommandation du CIO en ce sens. La FEI ferait mieux de les promouvoir davantage. Je comprends tout à fait la nécessité d’une plus grande universalité. Toutefois, alors qu’en athlétisme, le fait d’ouvrir les JO à davantage de nations et de voir des coureurs terminer très loin des meilleurs ne fait prendre aucun risque en termes de sécurité, en saut d’obstacles, la sécurité des cavaliers et le bien-être des chevaux sont des problématiques majeures. Cet été à Rio, nous avons vu des cavaliers de nations émergentes renverser cinq barres. Est-ce le sport que nous voulons montrer? Avec votre projet, soit on fera partir des couples n’ayant pas le niveau requis, soit les chefs de piste abaisseront le niveau de difficulté des parcours, ce qui affaiblira et dénaturera les Jeux olympiques.
 
Nous, cavaliers, montons des chevaux et pratiquons notre sport tous les jours et quasiment sans relâche, ce qui ne nous laisse guère de temps pour assister aux Forums des sports et assemblées générales de la FEI. À mon sens, il revient à la FEI d’instruire ses fédérations nationales membres qui lui reversent d’ailleurs beaucoup d’argent chaque année à travers les inscriptions, passeports et autres. Par exemple, vous auriez pu demander aux fédérations nationales de sonder leurs cavaliers, ce qui n’a pas toujours été fait.
 
En outre, pour beaucoup de fédérations nationales modestes, s’opposer aux projets de la FEI reviendrait à scier la branche sur laquelle elles sont assises dans la mesure où elles risqueraient de perdre l’argent que leur verse la même FEI (dans le cadre du programme FEI Solidarity, ndlr). Dans cette affaire, on ne peut pas dire que John Madden ait animé les débats, c’est faux. Il a juste imposé ses vues sans tenir compte de l’avis des parties prenantes. Par le jeu d’un gigantesque conflit d’intérêts, une seule personne a pu décider de notre avenir aux JO. Cela se voit comme le nez au milieu de la figure. Personne n’ose en parler ; moi, je n’ai pas peur de dire!
 
La FEI doit comprendre pourquoi les cavaliers estiment ne pas avoir été entendus. Nous ne l’avons pas été. Demandez à Meredith Michaels-Beerbaum, Éric Lamaze, Ludger Beerbaum, moi-même, et bien d’autres cavaliers dans d’autres pays. La FEI prétend agir de manière démocratique, mais fait tout le contraire. Dès lors, elle doit entendre qu’en retour, nous ne l’acceptions pas. Et nous rencontrons les mêmes problèmes avec nos fédérations nationales. Il faut revoir toute la structure de gouvernance de notre sport et davantage nous impliquer nous, cavaliers. C’est une évidence à mes yeux.”
 
Pour aller plus loin
Lire le compte-rendu de l’assemblée générale de l’IJRC
Lire la déclaration du Suisse Steve Guerdat
Lire la déclaration du Canadien Éric Lamaze
Lire la déclaration de l’Américain Kent Farrington
Lire la déclaration de l’Allemand Philipp Weishaupt
Lire la déclaration du Français Dominique Mégret
Lire la déclaration de l’Allemande Monica Theodorescu
Lire la déclaration de l’Allemande Isabell Werth