’’Je suis toujours très fière de voir un drapeau français au bord des carrières qataries’’, Cyrine Cherif

Ce week-end, certains des meilleurs cavaliers de la planète, à l’image de l’Allemand David Will ou de l’Américaine Reed Kessler, feront l’impasse sur Noël pour participer au CSI 4*-W de Doha. Parmi eux, deux Françaises, dont Cyrine Cherif. À vingt-quatre ans, la Tricolore, installée à Doha depuis quatre ans, est déjà à la tête d’un sérieux piquet de chevaux et compte bien se faire une place au plus haut niveau. À quelques jours de la compétition, l’une des figures du jumping français au Moyen-Orient a accepté de se dévoiler pour GrandPrix-Replay.



GrandPrix-Replay : Quel bilan faites-vous de votre saison 2016, qui s’achève doucement ?
Cyrine Cherif : Ici, la saison est assez courte puisqu’elle commence en octobre, pour durer tout l’hiver. Nous observons une longue pause de juin à septembre, qui est une période qui correspond plutôt à la préparation des chevaux et où il n’y a aucun concours. Depuis mars dernier j’ai signé un contrat avec Al Shaqab, qui fait partie de Qatar Foundation, ce qui fait que j’entraine et je monte pour Al Shaqab en même temps que pour des propriétaires privés. Je monte pour des propriétaires de différentes nationalités, mais pas de Français ou d’Européens, car il n’y en a pas ici. J’ai notamment monté pour Bassem Hassan Mohamed.
 
GPR. : N’est-ce pas difficile de représenter la France en vivant aussi éloigné ?
C. C. : À vrai dire, pas du tout. Je suis toujours très fière de voir un drapeau français au bord des carrières. Ici, je peux profiter de très beaux concours dans d’excellentes conditions. La concurrence en France est aussi très difficile, les listes de départ sont très chargées, et il est très compliqué d’accéder au niveau 3 ou 4*.
 
GPR. : Comment abordez-vous le CSI 4*-W de Doha ce week-end ?
C. C. : Je suis très détendue. Je vis toujours dans le moment présent. Je ne m’imagine pas du tout dans le concours à l’avance. J’entraine bien mes chevaux au quotidien, et le jour J est ce qu’il est. Il faut essayer de faire le travail pour lequel on s’est entrainé tout l’été. Le plus important est d’arriver concentré le jour du concours. Mais je pense qu’il ne vaut mieux pas se mettre de pression à l’avance.
 
GPR. : Vous êtes engagée avec deux juments, Viana et Evina. Comment sont-elles ?
C.C. : J’étais supposée monter Evina, mais elle est boiteuse. Je ne monterai donc que Viana, qui est dans mon piquet depuis seulement trois semaines. C’est une jument Holsteiner de onze ans, une fille de Quite Capito et d’une mère par Aloubé Z. En Allemagne, elle faisait des épreuves à 1,45m. Elle est arrivée à Doha en septembre. C’est une jument qui a besoin d’énormément de travail, ce qui m’a beaucoup surpris. Il arrive souvent que je finisse une séance d’obstacles en m’apercevant que je n’en ai pas fait assez, et qu’il faut que je continue sur le plat. Mais c’est une bonne jument avec de bons moyens, que je ne vois pas faire plus que 1,45m, avec laquelle je n’ai pas vraiment de problèmes. Si tout se passe bien je finirai l’année avec elle sur les Grands Prix à 1,45m.
 
GPR : De combien de chevaux disposez-vous en ce moment dans votre piquet ?
C. C. : Actuellement, j’ai environ huit chevaux à ma disposition. Certains que je prends en ce moment pour les compétitions, d’autres que je prendrai plus tard. J’en sors environ quatre en concours.
 
GPR : Quels sont vos projets à l’avenir ? Comptez-vous revenir en Europe ?
C. C. : Pour le moment, je ne compte pas du tout revenir en Europe. Cela va bientôt faire cinq ans que je suis ici, j’ai ma famille sur place et je viens de signer un contrat avec al-Shaqab. Il me plairait pour la suite de trouver des propriétaires qui me soutiennent, et m’envoient faire la ligue Arabe de la Coupe du monde. Je ne pense pas que ce soit pour cette année mais plutôt pour les années à venir. Je reviens généralement en Europe pour faire quelques compétitions en été et monter les chevaux de certains cavaliers, mais je resterai vivre ici pour l’instant.
 
GPR : Avez-vous comme objectif d’intégrer l’équipe de France ? Ou pourriez-vous changer de nationalité ?
C. C. : J’espère sincèrement. Cela me fait toujours quelque chose de représenter la France. J’en suis très fière, et c’est quelque chose auquel je tiens. Tout le monde sait en revanche qu’il est très difficile d’accéder au haut niveau en étant Français. Ce serait mon rêve de pouvoir être en équipe de France un jour, mais il faut aussi être réaliste et savoir que, pour accéder à l’équipe de France, d’autant plus dans ma situation géographique, ce n’est pas simple. Pour l’instant, je n’ai aucun contact avec la Fédération française. J’ai simplement vu Philippe Guerdat lors d’un CSI à Dubaï, mais je n’ai fait que me présenter. Je reste donc française pour le moment, mais je sais très bien que le chemin le plus facile pour accéder au haut niveau n’est pas à refuser.