’’Pharaon est plus qu'un compétiteur pour moi’’, Romain Lavigne

Un an après avoir décroché le bronze lors du championnat de France Pro Élite, Romain Lavigne a couru son premier CSI 5* à l’occasion d’Equita’Lyon. Toujours accompagné de son Pharaon Belle Menée, il y a signé d’excellentes performances, bouclant notamment deux parcours sur trois sans-faute. Samedi, entre deux épreuves, le Rhônalpin s’est prêté au jeu des questions-réponses avec gentillesse pour GrandPrix-Replay.



GrandPrix-Replay : L’an passé, votre médaille de bronze lors du championnat de France Pro Élite vous a réellement révélé sur la scène nationale. Que s’est-il passé depuis ?
Romain Lavigne : Cette médaille m’a apporté beaucoup de crédibilité aux yeux des propriétaires et des clients, ainsi qu’auprès des sélectionneurs (Thierry Pomel, sélectionneur de l’équipe 2 Seniors, et Philippe Guerdat, sélectionneur national, ndlr). J’ai depuis pu avoir accès à d’autres concours, ce qui m’a fait progresser, et m’a permis de me confronter à des personnes qui étaient déjà dans le haut niveau et qui étaient meilleures que moi, ce qui a été très enrichissant.
 
GPR : Vous avez fait une jolie saison extérieure avec Pharaon Belle Ménée, votre cheval de tête. Pouvez-vous en dire quelques mots ?
R. L. : J’ai démarré en tout début d’année à Cagnes-Sur-Mer, où cela s’est plutôt bien passé. C’est un cheval qui est régulièrement dans le coup, et auquel je fais très attention vu que c’est le seul que j’ai capable de courir à ce niveau. Je choisis soigneusement mes concours et je me fixe des objectifs raisonnables pour ne pas l’user prématurément. Il est classé dans son premier Grand Prix CSI 4* à Bourg-En-Bresse, en mai, puis j’ai été au CSI 4* de Poznan, en Pologne, où il s’est également classé sur une épreuve à 1,50m. Nous avons également été au CSI 4* de Valence, après quoi Lyon était un peu le rêve de fin d’année.
 
GPR : Quelles sont les qualités et les défauts de Pharaon ?
R. L. : C’est un cheval qui est hyper attachant, car il a sa personnalité bien à lui. Il est très sensible, ce qui ne l’empêche pas d’être un guerrier à toute épreuve. Il peut aussi bien sauter en extérieur sur de l’herbe ou du sable qu’en indoor, cela ne lui pose aucun problème.
Son plus gros défaut est aussi sa plus grande qualité, c’est sa générosité à toute épreuve ce qui peut parfois l’amener à être un peu difficile à contrôler. C’est un cheval qui veut toujours bien faire. C’est le cheval de ma vie.
 
GPR : Vous avez récupéré trois juments, Felicia, Ugoline de l’Isle et Virgule Platière pour cette saison, pouvez-vous en dire plus ?
R. L. : Une de mes propriétaires vient d’acheter Felicia, une petite jument de six ans, qui est une très bonne jument bien qu’elle n’ait pas beaucoup d’expérience, sur laquelle j’espère pouvoir compter pour l’avenir, et qui me plait déjà beaucoup.
Je viens aussi de récupérer une jument de huit ans, Virgule Platière, en qui je fonde beaucoup d’espoirs, qui a beaucoup de qualités. Elle a été arrêtée un an à cause d’un accident et de quelques problèmes de santé, ce qui l’a écartée des terrains pendant une année, et que je viens de récupérer depuis trois semaines. Je ne pense pas qu’elle soit dès l’an prochain à même de seconder Pharaon sur les plus beaux concours, mais c’est une bonne jument d’avenir.
Il y a ensuite Ugoline, une jument de sept ans, qui a déjà fait des épreuves à 1,25m avec une cavalière Amateur, qui est vraiment très respectueuse, donc à voir. Je pense qu’elle a beaucoup de qualités, l’avenir nous le dira.


’’Je n'ai pas de plan mais j'ai des idées’’

GPR : Avez-vous un cheval pour seconder Pharaon ?
R. L. : J’ai un cheval de onze ans, Rhupert d’Halong, que j’ai acheté il y a un an et demi. C’est un excellent ouvrier, je peux vraiment compter sur lui. Je l’ai emmené à Megève parce qu’il me manquait un cheval, et il a directement sauté les épreuves à 1,40m sans-faute. Je n’avais pas d’objectif à court terme avec ce cheval, donc je l’ai très peu sorti, il était souvent sans-faute sur des épreuves nationales à 1,35m ou à 1,40m. J’espère pouvoir compter sur lui l’année prochaine, s’il n’est pas vendu d’ici-là, car malheureusement il est à la vente actuellement, contrairement à Pharaon. J’ai aussi un autre cheval, Cyrano, qui va prendre huit ans. Il a une qualité vraiment très bonne, mais dont je ne sais pas vraiment quoi penser pour l’avenir. Il est très sensible, j’ai donc fait attention à lui en le mettant sur beaucoup de petites épreuves cette année, l’hiver nous dira s’il passe un cap qui me permet de compter davantage sur lui l’an prochain. Je ne fais pas vraiment de plans avec mes chevaux, ce sont eux qui me disent s’ils sont prêts ou non. Je ne sortirai pas un cheval sur 1,40m s’il n’y est pas prêt. Si mon cheval n’est prêt sur ces hauteurs que dans deux ans, j’attendrai le temps qu’il faut, peu importe.
 
GPR : Vous avez participé ce week-end à votre premier CSI 5*. Comment avez-vous abordé ce rendez-vous ? 
R. L. : Je crois que je l’ai abordé avec beaucoup de sérénité. Pour moi, c’est vraiment une chance de pouvoir monter ici. Sylvie Robert (organisatrice du concours, ndlr) et Philippe Guerdat m’ont offert ce CSI 5*, que j’ai vraiment pris comme un cadeau. Je n’ai pas voulu changer mes plans, j’ai tenu à faire ce que je sais faire. Je connais mon cheval par cœur, et il adore cette piste-là. Je ne sais pas si c’est parce que je suis moi-même lyonnais : je suis né ici et je suis un peu chauvin avec ma région (rires), mais peut-être qu’il sent que j’adore être ici.
 
GPR : Ce saut dans le grand bain vous a-t-il donné des objectifs à long terme ?
R. L. : J’ai toujours eu des objectifs, parce que je pense qu’on ne peut pas partir dans ce sport à l’aveuglette. Je pars avec des bases, avec une équipe que j’organise depuis Lyon l’an dernier, avec du nouveau personnel pour s’occuper de ma structure et de tous les clients quand je suis en déplacements. J’ai totalement réorganisé ma base pour pouvoir espérer pratiquer mon sport au mieux.
 
GPR : Avez-vous des plans pour le haut niveau ?
R. L. : Des plans non, des idées oui. Ce sera surtout d’essayer de trouver des chevaux qui permettent de rester dans ces concours-là, ou au moins d’y accéder le plus souvent possible pour pouvoir essayer d’être le plus performant possible à ce niveau-là. Il faut que je trouve donc propriétaires et chevaux pour seconder Pharaon, le laisser se reposer au maximum, sachant que je préfèrerais manquer un concours plutôt que de l’y emmener en le sachant dans de mauvaises conditions. Je ne le ferai jamais. C’est tellement le cheval de ma vie qu’il est pour moi bien plus qu’un compétiteur. On adore faire du sport ensemble bien sûr, mais je n’irai jamais jusqu’à l’user en me disant que je n’ai que lui et qu’il doit donc y aller à chaque fois.
 
GPR : Aimeriez-vous porter la veste de l’équipe de France ?
R. L. : Oui, c’est vraiment quelque chose qui me tient à cœur. Je pense que pour n’importe quel cavalier, représenter son pays est une expérience qui doit être assez magique, et pour une véritable équipe dans laquelle tous les parcours comptent. J’aimerais beaucoup vivre cette expérience.
 
GPR : Y a-t-il eu des discussions à ce sujet avec Philippe Guerdat, le sélectionneur national ?
R. L. : Nous en avons eu quelques-unes, mais j’ai aussi manqué quelques concours dans l’année à cause, je pense, d’un peu trop de pression. Et il ne faut pas oublier que je n’ai qu’un cheval, et je n’ai fait que quatre Grands Prix à 1,60m cette année, donc c’est compliqué d’être tout de suite performant. J’ai l’avantage de très bien connaître Pharaon, et de savoir comment l’amener au top le jour J, comme l’an dernier pour les championnats, ou là, à Lyon, où il a sauté de manière magnifique, mais cela m’oblige à manquer quelques concours pour le préserver et l’amener au mieux sur ses objectifs.
 
GPR : Quel est votre programme à court terme pour les semaines et les mois à venir ?
R. L. : Je n’en ai pour l’instant aucune idée. Je vais essayer d’en parler avec Thierry Pommel et Philippe Guerdat rapidement pour savoir ce qu’ils en pensent : s’il faut qu’on en reste là après cette très bonne saison pour repartir sur une saison 2017 peut-être plus tôt et en indoor, ou au contraire laisser le temps. Ils sauront vraiment me conseiller là-dessus. Je voulais faire un bon concours à Lyon, j’ai un très bon sentiment quant à mon cheval, mais ils me diront si, d’après eux, j’étais à ma place ou non. Mais je suis vraiment très satisfait de mon cheval. Il a été vraiment incroyable.