’’Je ne me sentais plus assez utile dans le système’’, Franck Schillewaert

Mi-octobre, Franck Schillewaert donnera une nouvelle orientation à sa carrière. Après avoir été un des meilleurs formateurs de jeunes chevaux de l’Hexagone, et avoir également montré ses qualités de compétiteur à haut niveau, évoluant jusqu’en CSIO avec Marquis de la Lande, Franck Schillewaert avait été embauché par le haras des Coudrettes à l’automne 2012 pour intégrer le team Jump Five en tant que directeur technique. Après quatre ans de collaboration, il a pris la décision de donner une nouvelle orientation à sa carrière, en se tournant vers le coaching des cavaliers et des chevaux, sans toutefois tirer un trait sur la compétition si l’occasion de retrouver le haut niveau se présente.



GrandPrix-replay.com : Pourquoi avez-vous décidé de quitter Jump Five ?
Franck Schillewaert : J’y ai passé quatre très bonnes années, mais je ne me sentais plus assez utile dans le système. Avec mes blessures au cervicales et à l’épaule, j’ai été arrêté plusieurs mois, ce qui m'a donné le temps de réfléchir et de peser le pour et le contre. J’aime les défis et je voulais m'en lancer un nouveau.

GPR. : En quoi consiste ce nouveau challenge ?
F.S. : Je voudrais développer un service d’entraîneur privé pour chevaux et cavaliers, en France, mais pourquoi pas aussi à l’étranger. Beaucoup de cavaliers veulent être coachés. Ils paient des stages chez des cavaliers professionnels, mais ceux-ci ne sont pas toujours disponibles pour assurer un réel suivi, puisqu’ils doivent eux-mêmes faire travailler leurs chevaux, rentabiliser leur écurie et concourir. N'ayant plus d’écurie, je serai beaucoup plus disponible pour assurer ce suivi, tant à la maison qu’en concours. J’ai montré que je pouvais amener des chevaux des épreuves de quatre ans jusqu’à 1,60m. Désormais, j’aimerais essayer d'en faire autant avec des cavaliers. L’idée consiste à faire travailler les gens chez eux ou de trouver des points de ralliement pour réunir plusieurs personnes.

GPR. : Avez-vous déjà exercé en tant que coach ?
F.S. : Oui, j’aime beaucoup cela et j’ai envie de transmettre mon expérience tant au niveau du travail des chevaux et des cavaliers sur le plan technique que sur le côté mental, préparation physique du cavalier, diététique... Je coachais et animais des stages lorsque j’étais installé à Saint-Lô, mais cela ne représentait qu'une dizaine de jours dans l’année. Je ne pouvais y consacrer plus de temps car j’avais beaucoup de chevaux au travail. Je trouve plus enrichissant de pouvoir coacher et assurer un véritable suivi, accompagner l’évolution des cavaliers et des chevaux.
Les seuls que j'ai pu suivre de cette manière sont mes enfants Laure (qui vient d’intégrer les écuries de Christian Ahlmann après avoir disputé trois championnats d’Europe Jeunes, ndlr) et Jérémy (vainqueur du championnat Amateur Élite Jeunes en 2015 et très performant jusqu'à 1,35 m, avec dix victoires cette saison sur Nagano Celco, cheval familial, ndlr).

GPR. : Qu'adviendra-t-il de votre carrière de compétiteur?
F.S. : Je ne mets pas totalement la compétition de côté. Elle reste dans mon esprit. Je garde l'envie de disputer de belles épreuves, mais je ferai surtout en fonction des opportunités qui se présenteront. Il est difficile de faire travailler des cavaliers, d’animer des stages et de concourir à 1,50m sans avoir de structure pour faire travailler les chevaux. Maintenant, si quelqu’un m’embauche quelques jours par semaine pour entraîner un piquet de chevaux et les présenter en compétition, je n’exclus rien. Si la possibilité de concourir dans de bonnes conditions m’est offerte, je la saisirai, car j’aime toujours la compétition. Pour l’instant, je reçois beaucoup de demandes pour faire travailler des cavaliers avec leurs chevaux, mais il y a peut-être une écurie avec un cavalier de jeunes chevaux qui chercherait un autre cavalier capable d’emmener deux ou trois chevaux jusqu’à un bon niveau. Bref, rien n'est figé.
Économiquement, le coaching me semble plus stable, d’autant que j’ai une famille et une maison à assumer. Je garde les CSI 3* dans un coin de ma tête, mais pas à n’importe quel prix. Je ne lâcherai pas tout juste pour ça. Pour autant, je ne choisis pas d'entraîner parce que je ne veux plus monter.
De toute façon, je monterai encore, parce que quand je fais travailler quelqu’un, j’aime bien monter son cheval pour le sentir et montrer au cavalier ce que je voudrais qu’il obtienne. Face à un cavalier qui a un problème, qui doute, je peux dégrossir le travail, mettre le cheval sur les bons rails et, lorsque le cavalier remonte dessus, il sent véritablement ce que je veux qu’il obtienne. Comprendre l’équitation, c’est assez facile, mais la ressentir, c’est beaucoup plus dur.

GPR. : Comment vous sentez-vous physiquement ?
F.S. : Je me sens bien, je n’ai plus de douleurs et je suis prêt à remonter. Il me reste à passer quelques derniers contrôles médicaux dans les jours à venir pour me confirmer que tout va bien et obtenir l’autorisation de remonter. Ensuite, ce sera reparti…