Quand Ludger Beerbaum devint Kaiser

Jeudi 18 août dernier, alors qu'il venait de décrocher une médaille de bronze par équipes aux Jeux olympiques de Rio, Ludger Beerbaum a annoncé qu'il laisserait désormais sa veste rouge au placard. Pilier de l'équipe d'Allemagne depuis plus de trente ans, le surnommé Kaiser participera à sa dernière épreuve avec la Mannschaft dans un mois, à Barcelone. Retour sur trois décennies de pur succès.



La construction d'un empire

Ludger Beerbaum a décroché l'or individuel olympique à Barcelone avec l'excellente Classic Touch.

Ludger Beerbaum a décroché l'or individuel olympique à Barcelone avec l'excellente Classic Touch.

© FEI

Né le 26 août 1963 à Detmold au Nord de l'Allemagne, Ludger Beerbaum a commencé l'équitation à l'âge de huit ans, sur son premier poney, Highland. À quinze ans, il accueille Wetteifernde, sa toute première jument, avec qui il va décrocher six ans plus tard deux médailles de bronze aux championnats d'Europe Jeunes Cavaliers de Cervia en 1984. Ludger Beerbaum fait alors le choix d'arrêter ses études de commerce pour partir s'installer chez Hermann Schridde, cavalier allemand de renom. Il a ensuite tout entrepris pour faire sa place petit à petit, dans une équipe d'Allemagne réputée pour être difficile d'accès, avec une très rude concurrence.

Déménageant chez Paul Schockemöhle entre-temps, le pilote est sélectionné pour les Jeux olympiques de Séoul, en 1988. Opérant un changement de cheval juste avant le début de la compétition, il décrochera la médaille d'or par équipes avec The Freak. C'est aux Jeux olympiques de Barcelone, en 1992, que Ludger Beerbaum va se révéler aux yeux de tous tel un véritable maître. Le championnat démarre catastrophiquement puisque l'Allemand chute de sa Classic Touch lors de la première qualificative, la jument perdant son filet en plein parcours. Poursuivant la compétition, en signant des sans-faute à répétition, le cavalier va finalement être sacré champion olympique. 


Les années glorieuses

C'est après son sacre olympique à Barcelone que la pluie de médailles va démarrer. Récupérant juste après l'illustre Ratina Z, dont il a d'ailleurs édifié une statue à l'entrée de ses écuries de Riesenbeck, il remporte la finale de Coupe du monde l'année d'après avec la bouillante jument. En 1997, la baie l'accompagne également aux championnats d'Europe de Mannheim, où ils sont couronnés champions d'Europe par équipes et en individuel. Il atteint à nouveau le Graal individuel en 2001 à Arnhem, associé à Gladdys S. Quant au titre en or décroché avec ses coéquipiers, il est renouvelé en 1999 avec Champion du Lys, en 2003 avec Goldfever 3, puis en 2011 avec l'exceptionnelle Gotha FRH. À savoir qu'en 2007, 2013 et 2015, la Mannschaft passe à un cheveu du podium et se retrouve médaillée d'argent. Côté championnats du monde, il n'a jamais accroché le titre individuel, mais a terminé quatrième de la finale tournante à ceux de Den Haag en 1994. 


Un record-man pas prêt d'être rejoint

Ludger Beerbaum et Gotha FRH, désormais sous la selle de Henrik von Eckermann, auront brillé à de nombreuses reprises.

Ludger Beerbaum et Gotha FRH, désormais sous la selle de Henrik von Eckermann, auront brillé à de nombreuses reprises.

© Scoopdyga

En tout, l'Allemand aura conquis trente-six médailles en championnats, sans compter ses victoires en Grand Prix. Parmi les inoubliables, les passionnés de longue date se souviennent évidemment de ses trois victoires dans le mythique Grand Prix d'Aix-la-Chapelle, en 1996, 2002 et 2003. Fruit de tous ces incroyables résultats, Ludger Beerbaum a évidemment régné plusieurs mois au sommet du classement mondial. En plus d'être le cavalier le plus médaillé de tous les temps, la Veste Grise est aussi reconnue pour avoir su créer l'une des plus grandes écuries du monde, ayant formé des champions comme Henrik von Eckermann, Philipp Weishaupt, Marco Kutscher... Une chose est sûre : Ludger Beerbaum restera à jamais dans les annales du saut d'obstacles international.