’’Je veux quitter Rio sans regrets’’, Steve Guerdat

Après avoir remporté le Grand Prix CSI 5* de Genève, en décembre dernier, Steve Guerdat est aujourd’hui le mieux placé pour prétendre au Grand Chelem Rolex, qui réunit les Grands Prix CSI 5* de Genève, Aix-la-Chapelle et Calgary. Mais en cette année olympique, le Suisse a préféré garder son bon Nino des Buissonnets pour aller à Rio, où il remettra son titre en jeu. Dimanche en Allemagne, il misera donc sur Corbinian, avec lequel il s’est adjugé la finale de la Coupe du monde en mars dernier, pour tenter de prendre la suite de Scott Brash.



GrandPrix-Replay : Alors que les Jeux olympiques approchent, vous avez décidé de laisser Nino des Buissonnets, avec lequel vous remettrez votre titre en jeu, à la maison. Le CSI 5* d’Aix-la-Chapelle n’est donc pas une bonne préparation pour les Jeux olympiques ?
Steve Guerdat : Les Jeux olympiques sont quelque chose de très spécial. Déjà après ma victoire à Genève, j’avais dit que je n’emmènerai surement pas Nino à Aix-la-Chapelle. Je ne pense pas que ce soit une bonne préparation pour lui.  Pour certains chevaux, sauter ici est une excellente chose avant les JO, mais pour Nino ce n’est pas l’idéal. Malgré la très belle dotation du Grand Prix et le bonus promis si je gagne le Grand Prix, les Jeux olympiques restent les Jeux olympiques, et ça n’arrive qu’une fois tous les quatre ans.
 
GPR : Vous allez donc miser sur Corbinian, avec lequel vous avez remporté la finale de la Coupe du monde à Göteborg. Le moins qu’on puisse dire, c’est que le terrain d’Aix-la-Chapelle est très différent de la piste suédoise !
S. G. : Tous les chevaux réagissent de manière différente, que ce soit aux obstacles, aux pistes ou aux lieux. En ce moment, il se sent très bien. C’est un cheval qui aime la foule et les grandes pistes. Il n’a pas peur de la hauteur des barres et est très résistant, ce qui est plutôt un avantage pour enchaîner les deux manches et, je l’espère, le barrage. Malgré tout, il peut avoir des réactions imprévisibles et je vais devoir faire avec avec.
 
GPR : En choisissant Corbinian pour sauter les Grands Prix d’Aix-la-Chapelle et de Calgary, vous ne ferez donc pas comme Scott Brash, qui s’est offert le Grand Chelem avec le même cheval, Hello Sanctos. Pensez-vous que cela change quelque chose ?
S. G. : Genève, Aix-la-Chapelle et Calgary sont des Grands Prix très différents. C’est difficile d’avoir un cheval qui puisse gagner les trois. Par exemple, un cheval qui gagne Calgary ne sera pas forcément bon à Genève, car il pourrait manquer de rapidité au barrage. Faire le Grand Chelem avec un seul cheval est beaucoup lui demander. Ce sera le premier Grand Prix d’Aix-la-Chapelle pour Corbinian, mais il s’est senti très à l’aise à Calgary et je suis confiant.
 
GPR : Que signifie une médaille olympique pour vous ?
S. G. : Quand on gagne un championnat, c’est très excitant pour toute la communauté équestre. Mais quand on gagne une médaille olympique, c’est tout le pays, y compris les gens qui ne s’intéressent pas du tout à notre sport, qui se sent impliqué, comme si tout le monde avait gagné cette médaille. C’est un moment très spécial pour un sportif. Après, cela n’aide pas toujours à faire partager notre sport. Par exemple, les gens peuvent me voir sur un CSI 3* et attendre beaucoup car je suis champion olympique. Mais si je fais une faute, alors ils sont déçus. Les gens qui ne connaissent pas notre sport pensent à tort que le champion olympique ne peut pas être battu. Quand vous êtes l’homme le plus rapide du monde, c’est un fait, vous êtes le plus rapide. Quand vous êtes champion olympique de saut d’obstacles, vous ne gagnez pas 99% du temps.
 
GPR : Pensez-vous faire partie des favoris pour le titre olympique ? Qui sont pour vous les favoris ?
S. G. : Je ne fais pas vraiment attention à qui est favori. Je sais que j’ai un bon cheval, une bonne équipe et que je peux le faire. Maintenant, je vais faire du mieux que je peux, donner tout ce que je peux et voir ce qu’il se passe. Il n’y a qu’une médaille d’or et beaucoup de cavaliers qui peuvent la décrocher. Je vais faire tout ce que je peux pour avoir le plus de chances de l’emporter et, une fois à Rio, je vais faire tout ce qui est en mon pouvoir pour mettre toutes les chances de mon côté. Je veux quitter Rio sans le moindre regret.
Beaucoup de cavaliers peuvent prétendre à la médaille d’or. C’est difficile de n’en citer que quelques-uns. Cependant, je serai vraiment surpris si McLain Ward ne sortait pas un double sans-faute en finale.