’’Si je vais aux Jeux, c’est que nous n’aurons pas le choix’’, Philippe Rozier

Après une belle saison 2015, Philippe Rozier a dû faire face à un début de saison 2016 où il s'est montré moins régulier à la suite de la blessure de Rahotep de Toscane, son cheval de tête. Misant tout sur Unpulsion de la Hart et Quel Chanu, le Tricolore aux quatre olympiades a tout de même poursuivi au plus haut niveau, en attendant que son gris fasse son retour à la compétition. À l’aube du début de la saison extérieure et du retour de Rahotep sur les pistes, le cavalier de Bois-le-Roi a accepté, entre deux épreuves du Saut Hermès au Grand Palais, de faire un point sur ses objectifs et ses aspirations pour GrandPrix-Replay.



GrandPrix-Replay : Après une belle saison 2015, vous avez été un peu moins régulier à cause de la blessure de Rahotep de Toscane, début 2016. Quel regard portez-vous sur cette première partie de saison ?
Philippe Rozier : Un regard en demi-teinte. Rahotep est arrêté depuis le CSI 5*-W de Lyon mais je ne pouvais pas rester sans faire de concours, car c’est très important pour moi de rester au contact du haut niveau et de ne pas décrocher. Du coup, j’ai décidé de monter Unpulsion de la Hart et Quel Chanu, avec lesquels tout ne s’est pas si mal passé puisque j’ai eu quelques résultats.
Ce week-end, ils ont couru leur dernier concours indoor avant d’attaquer la saison extérieure. Dès que Rahotep sera de retour, Unpulsion et Quel Chanu pourront redescendre un peu de catégorie et auront moins de pression. L’idée étant maintenant d’arriver au CSIO 5* de La Baule avec trois chevaux en forme.
 
GPR : En fin d’année, et notamment au CSI 5* de Genève, Unpulsion de la Hart a semblé avoir passé un cap. Est-ce le cas ?
P. R. : Pas tout à fait. Unpulsion est un très bon cheval, il a beaucoup de qualités mais il ne fonctionne vraiment parfaitement qu’en binôme avec Rahotep. Tous les deux vont très bien ensemble, ils se complètent bien sur les concours et c’est pour cela que la fin de saison dernière a été très bonne. Aujourd’hui, je pense qu’il manque cet équilibre pour pouvoir finaliser le travail avec Unpuslion. Si j’avais pu recommencer la saison avec mes deux chevaux, tout aurait été différent car Unpulsion se retrouve à devoir sauter des épreuves qu’il ne devrait pas sauter. Mais je n’ai pas le choix. Idéalement ce week-end, c’est Rahotep qui aurait dû sauter le Grand Prix car je trouve que c’est un peu tôt pour Unpulsion. Il a la qualité, les moyens mais il n’a pas encore la sérénité nécessaire.
 
GPR : Qu’en est-il de Quel Chanu ? Où le situez-vous dans sa progression aujourd’hui ?
P. R. : Quel Chanu est un troisième cheval parfait, qui se comporte très bien dans les épreuves intermédiaires. Lorsque l’on choisit bien les épreuves où l’engager, il est toujours très compétitif.
 
GPR : Comment va Rahotep de Toscane, arrêté depuis la fin de l’année ? Quand fera-t-il son retour à la compétition ?
P. R. : Pour l’instant, il n’a pas encore ressauté. Il travaille normalement sur le plat et a fait quelques séances de cavalettis. Nous veillons vraiment à ce que tout se consolide avant qu’il reprenne vraiment la compétition. Il souffrait d’un début de tendinite pour lequel il n’y a pas plusieurs remèdes, juste le repos. La semaine prochaine, j’emmène Rahotep à Vilamoura, où il recommencera tranquillement sur des épreuves labellisées 3*. Après trois semaines de concours, le vétérinaire le reverra et nous donnera le feu vert pour reprendre la compétition tout à fait normalement.


’’Rahotep n’a rien à prouver’’

GPR : Depuis l’arrêt de Rahotep, vous avez naturellement été moins performant. Pensez-vous toujours aux Jeux olympiques ou pensez-vous qu’il est déjà trop tard pour entrer dans la course ?
P.R. : Je suis très mitigé. Je pense que mon cheval est capable d’aller aux Jeux olympiques. L’année dernière, j’ai réussi quelques belles performances avec lui, mais ce n’était pas en équipe de France. Je n’ai couru aucune Coupe des nations. Honnêtement, je pense que si je vais aux Jeux, c’est que nous n’aurons pas le choix. Je vais courir mon début de saison normalement, sans penser aux JO. Je vais avancer et essayer que mon cheval se montre le plus performant possible. Rahotep n’a rien à prouver dans sa qualité.
Aujourd’hui, pour moi, l’équipe existe, il n’y a pas d’ambiguïté. Maintenant, j’aimerais représenter une réserve sûre, que l’on puisse compter sur moi en cas de pépin. Du coup, je veux construire un programme correspondant à cet objectif, c’est-à-dire sauter de beaux concours et au moins une Coupe des nations.
 
GPR : Vous placez-vous davantage pour les Jeux équestres mondiaux de Bromont ? En 2018, Rahotep aura treize ans, l’âge idéal…
P. R. : Soyez-en sûr, je ne lâche pas l’affaire ! Bromont ou d’autres championnats ! Et si je ne participe pas aux championnats, ce n’est pas le drame de l’année, c’est simplement que je ne dois pas y aller.
 
GPR : Allez-vous courir quelques Coupes des nations ?
P. R. : C’est à Philippe Guerdat qu’il faut le demander ! Pour l’instant, si je n’en ai pas courues, c’est qu’il n’en avait ni le besoin, ni l’envie. L’an passé, j’avais demandé quelques CSIO, mais d’autres cavaliers ont été sélectionnés (Philippe a été sélectionné à Hickstead, mais n’y a pas couru la Coupe des nations, et a concédé seize points dans le Grand Prix, ndlr). Je trouve ça dommage, car que cela aurait donné quelques informations sur notre couple et permis de savoir s’il y avait une possibilité de se projeter aux Jeux, mais je respecte la hiérarchie et les choix du sélectionneur. Même si j’ai couru plus de cinquante Coupes des nations dans ma vie, après un certain temps, j’ai besoin de retrouver mes marques en équipe. Il ne faut pas oublier que j’ai sauté la dernière il y a plus de dix ans ! Par la force des choses, pas par envie, je joue donc plutôt en individuel aujourd'hui. J’ai tout de même profondément regretté de ne pas avoir couru au moins une Coupe l’an passé, ne serait-ce que pour voir…
 
GPR : Quel est votre programme pour les semaines à venir ?
P. R. : Je pars à Vilamoura où j’emmène quelques chevaux à moi. J’y vais également pour encadrer les cavaliers marocains (Philippe est également entraîneur national pour l’équipe du Maroc, ndlr). Nous resterons deux semaines en Espagne avant de nous rendre à Cagnes-sur-Mer. Pour la suite, tout dépendra de la forme de mes chevaux. L’objectif reste bien entendu le CSIO 5* de La Baule.