Clémentine Dhennin, championne de France et passionnée de jeunes chevaux

La dresseuse tricolore Clémentine Dhennin, récente championne de France en Cycles Libres lors de la Grande Semaine de Saumur, s\'est confiée à GRANDPRIX et a raconté ses projets.



GrandPrix-Replay : Comment s’est déroulé votre championnat ?
Clémentine Dhennin :
C’était une belle année! J\'avais emmené plusieurs chevaux à Saumur.Tout d’abord, Dior de Grez Neuville (Don Juan x Youssouf), âgé de cinq ans et propriété de Didier Dupeyrat. Je l’ai présenté dans les Cycles Libres de cinq ans. Le jeudi, la reprise Préliminaire s’est bien passée. Je l’ai abordée plutôt dans la décontraction, en laissant le cheval s’exprimer comme il avait fait au dernier concours, à Limoges, où nous avions obtenu de très belles moyennes. Cette reprise lui correspond bien ; techniquement, elle ne demande pas beaucoup d’attention et permet justement de laisser le cheval exprimer ses allures. De plus, le long développement au galop, sur la longueur, permet de bien le mettre en valeur. Il a bien plu aux juges puisque nous avons eu 82.6 % de moyenne et de bonnes sensations pour moi! À la fin de la reprise, quand j’ai passé la dernière \"petite\" difficulté, j’ai commencé à sourire, car je savais que j’avais réussi ! J’ai abordé la reprise Finale, le samedi, avec un peu plus de pression, pour essayer de garder ma place. En plus, la reprise me paraît techniquement un peu plus compliquée, et je craignais un peu plus de difficultés pour le cheval, afin de rester dans une belle attitude et à montrer son beau trot élastique. En bref, la victoire n’était pas acquise. Mais, dès la détente, le cheval m’a semblé bien disponible et cela m’a levé des doutes. J’ai fait une détente très légère. Je gagne à nouveau, avec plus de 80 %, avec un autre jury : le cheval fait donc l’unanimité, ce qui fait très plaisir !
Autrement, j’ai monté Des Lys du Vivaro (Don Juan x Sorento), en Libre de deuxième année. C’est une très grande jument qui a beaucoup progressé cette année. Le premier jour, elle a fini sixième avec 76 % et lendemain, elle était un peu moins brillante, un peu trop horizontale.
.J’avais aussi Escortgirl Maupertuis (Don Juan x Rieto), issue de l’élevage familial puisque mon père l’a fait naître. Elle a fait les Cycles Classiques des quatre ans. Elle est atypique, avec une mère lusitanien et un père très connu : Don Juan de Hus! Elle est très gentille, très à l’écoute. Elle s’est très bien présentée puisque dès le vendredi elle a très bien travaillé. À chaque reprise, elle fait ses 75 %. Elle a terminé quatorzième du championnat.
Et enfin, je présentais aussi la propre sœur d’Escort en trois ans, Foxygirl Maupertuis. Elle finit à 77 % dans l’épreuve montée. C’est une jument très énergique, avec un peu de caractère. Je me fais très plaisir avec elle.

GPR : Quels sont vos objectifs pour 2019 ?
C.D. :
Précisons tout d’abord que Des Lys, Foxy, Escort sont à vendre... Il est donc difficile d’être certaine de la saison à venir.
Foxy devrait participer aux Cycles Classiques des quatre ans, elle devrait bien y plaire. Escort va être présentée chez les cinq ans. Elle est tellement facile que les éléments techniques ne devraient
pas lui poser de gros problèmes. Des Lys va elle rester en libre. Elle fera la troisième année et j’aimerais essayer de viser
un podium l’an prochain. Elle devrait pouvoir s\'illustrer, si on évite d’aller trop vite. Quant à Dior, avec son propriétaire, nous hésitons encore. Soit je le présente en cycle libre 3, soit nous arrivons sur les Cycles Classiques des six ans. Mais quand je vois la génération des six ans –qui vient de performer en cinq ans avec
Dorian, Star entre autres– j’hésite un peu. Mais d’un autre côté, il serait dommage de ne pas exploiter le potentiel du cheval.

GPR : Quels sont les objectifs pour l’écurie que vous dirigez – située à 10 mn de l’ENE ?
C.D. :
J’aimerais développer au maximum ce volet Jeunes Chevaux. Je prends beaucoup de plaisir à commencer le dressage d’un jeune cheval. Après avoir monté en Grand Prix avec Jasmin – qui n’a jamais eu vraiment le mental d’un jeune cheval– je découvre avec les jeunes chevaux comment les faire progresser d’une séance à une autre. C’est vraiment passionnant. Bien sûr, je suis aussi enseignante. Je vois ici les élèves de concours complet en formation sur le plat, mais aujourd’hui, je n’ai pas d’élèves en dressage. Pour l’instant, je privilégie la valorisation en concours et je pense que ça sera une bonne vitrine, à moyen terme, pour qui pourrait avoir envie de travailler avec moi !

GPR : Comment organisez-vous vos journées ? Vous êtes maman de deux jeunes garçons, épouse de Didier Dhennin, cavalière, gérante de l’écurie...
C.D. :
Je suis très bien organisée et très aidée pour la vie familiale. Tout se structure très bien. En plus, aux écuries, Lise Dézé, cavalière de complet professionnelle, est ma cavalière maison. Elle me seconde efficacement. De plus, je collabore avec Crescendo Formation qui place ses stagiaires chez moi. Ils représentent une vraie source de soulagement pour gérer les vingt-cinq chevaux de la maison.


GPR : Comment travaillez-vous vos chevaux ?
C.D. :
Principalement avec mon mari Didier, qui a un peu de temps à me consacrer en ce moment. C’est une collaboration très intéressante, car si je ressens quelques difficultés avec un cheval, il peut monter dessus et me donner de nouveaux repères. Il connaît bien les jeunes chevaux et est très exigeant sur les bases de la locomotion. Tristan Chambry m’a longtemps suivie, puis il y a eu une petite interruption dans notre collaboration. Cette année, Serge Cornut est venu voir Dior aussi. Son intervention ponctuelle a été fondamentale et nous a fait franchir un cap.

GPR : Que voudriez-vous voir modifier dans le système de la compétition Jeunes Chevaux ?
C.D. :
C’est un système que je découvre depuis deux ans seulement. J’apprécie l’éventail des possibles pour un cheval. Vous allez en Cycles Classiques si vous avez un cheval à la locomotion adaptée, avec le travail adéquat, mais les Libres permettent aussi de présenter des chevaux avec lesquels on veut plus prendre son temps. C’est ainsi que trois chevaux de cinq ans sont devenus champions de France ! Certes, il y a énormément de champions, mais chaque catégorie s’adapte à chaque évolution.
J’ai été par ailleurs surprise à Saumur. Le cheval a une note sur la Préliminaire, une note sur la Finale. Le premier jour ne sert qu’à la qualification pour la Finale. Il ne s’agit plus de faire une moyenne des deux jours, et le titre ne reflète pas vraiment l’ensemble du concours du cheval. Je trouve cela un peu étonnant...

GPR : Quel cavalier vous inspire ?
C.D. :
J’ai une grande admiration pour Jessica Michel. Je pense régulièrement à la qualité de sa position et de son équitation. Elle est très esthétique et très efficace. De plus, j’ai une vraie passion pour Don Juan de Hus ; j\'ai déjà quatre produits de lui! Je l’ai beaucoup suivie à Ermelo, et j’ai été très touchée par la dédicace de sa cinquième place à Don Juan... Si un jour je remporte un titre en classique, je me serais beaucoup inspirée d’elle.

GPR : Quel est votre rêve équestre ?
C.D. :
Je crois que remporter un titre comme Renaud Ramadier vient de le faire est un bel objectif. Si un jour je peux aller chercher la première place dans ces épreuves, moi aussi, je serai très satisfaite. À échéance plus lointaine, bien sûr, j’aimerais participer aux championnats du monde Jeunes Chevaux. Je vais travailler à tout cela et prendre un maximum d’expérience! Le summum serait d’y arriver avec un Don Juan! Ce que je fais avec les produits de Don Juan, c’est aussi un peu pour Don Juan aujourd’hui!