“J’ai toujours Tryon en tête mais je n’en fais pas une obsession”, Anne-Sophie Serre

Anne-Sophie Serre n'est pas forcément celle qu'on attendait à Compiègne, et pourtant. Avec un Grand Prix CDI 3* à 68,413% et un Grand Prix Spécial CDI 3* à 70.596%, elle s'impose, discrètement, comme l’une des meilleures recrues françaises du week-end : des performances qui font aujourd'hui de la cavalière une sérieuse candidate pour les Jeux Mondiaux de Tryon, insufflant au passage un vent de nouveauté, un souffle d'aisance et de facilité. La cavalière de l'écurie Massa est revenue pour GRANDPRIX-Replay.com sur son week-end.



GPR. : Vous venez de participer au concours international de Compiègne avec Vistoso de Massa. Qu'en retenez-vous ?

Anne-Sophie Serre : J'aborde ma saison de manière tout à fait sereine. Par le passé j'ai appris qu'on ne peut se focaliser sur un objectif sans être déçu. Il faut donc certes avoir un objectif dans le viseur, mais la vie ne doit pas tourner qu'autour de ça. Mon objectif est donc de former Vistoso pour qu'il puisse durer longtemps et arriver à faire mon Grand Prix facilement, sans faute. Je ne me mets pas d'objectif chiffré de performance. Quand je monte ma reprise, je suis dans ma bulle, je pense à son enchaînement, à comment je dois préparer et monter chaque mouvement, mais pas à ma note finale.

 

GPR. : Dans le Grand Prix Spécial, vous avez failli vous imposer face à la nouvelle coqueluche du dressage néerlandais, le couple Hans Peter Minderhoud et Glock's Dream Boy. Comment avez-vous vécu la fin de l'épreuve ?

A-S.S : Bien sûr j'aurais été contente de gagner mais je me dis aussi qu'être seconde derrière Hans Peter Minderhoud, ce n'est pas si mal (rires). Je suis contente car je n'étais pas non plus exempte de fautes, on ne peut pas tout avoir d'un coup.

 

GPR. : Vistoso de Massa a montré de vraies qualités au passage et dans les piaffers. Sont-ils des mouvements que vous avez particulièrement travaillé durant l'hiver ?

A-S.S : Effectivement, mais ce sont aussi ses points forts. Nous axons souvent davantage le travail sur les points forts des chevaux car ce sont des exercices qu'ils prennent plus de plaisir à travailler. Si on répète uniquement ce qui leur pose des difficultés, pour leur moral c'est difficile.

 

GPR. : Avez-vous le regard tourné vers les Jeux Mondiaux de Tryon ?

A-S.S : J'ai toujours cet objectif en tête mais je n'en fais pas une obsession. Je suis tout aussi intéressée par la construction de mon cheval. Je m'axe davantage sur la technique que sur l'objectif. Je me dis que si je monte bien, si jamais le cheval progresse, le reste devrait suivre naturellement.

 

GPR. : Avez-vous échangé avec Jan Bemelmans, l’entraîneur de l'équipe de France, après de vos reprises ?

A-S.S : Oui, effectivement. Il m'a dit aimer le cheval et espérer pouvoir compter sur nous cette saison. Je crois qu'il aime l'image sereine que nous dégageons. 



“Qui ne rêve pas de faire les Jeux Olympiques à domicile ?”

GPR. : La suite de votre saison est-elle planifiée ?

A-S.S : Pour le moment, la suite de la saison reste assez floue. Nous espérons aller à Rotterdam, où j'aimerais réitérer ces bonnes performances ; un concours que j'apprécie particulièrement puisque c'est là-bas qu'en 2011, Arnaud et moi étions ensemble en équipe de France pour les Championnats d'Europe. Ensuite nous verrons, rien n'est encore défini pour personne. 

 

GPR. : Outre votre mari Arnaud, avec qui travaillez-vous ?

A-S.S : Nous travaillons toujours avec Raphael Saleh, qui est juge CDI5*, et qui nous suit depuis quelques temps déjà. Il vient tous les mois ou tous les mois et demi en fonction de son agenda car il est très sollicité.

 

GPR. : Comment Vistoso de Massa est-il arrivé sous votre selle et quels sont ses points forts ?

A-S.S : Vistoso un fils de Maestro, qui est l’un des étalons fondateurs de l'élevage Massa, disparu malheureusement il y a peu. Maestro était aussi le père de Robinson, Vistoso est donc son demi-frère. Vistoso n'est pas très grand, il ne fait qu'1,63m mais il se grandit en piste. Ce qui m'a toujours plu chez lui, c'est son tempérament. Il est rigolo, il joue beaucoup et apprend très vite. Il est vraiment malin. Auparavant, il avait fait quelques épreuves Jeunes Chevaux. Il a toujours eu de vraies qualités pour le rassembler. Il a du sang, suffisamment pour faire le Grand Prix, tout en étant serein. Il n'est pas regardant, mais plutôt bien avec le cavalier. C'est aussi un cheval très souple. En fait, je ne lui trouve pas de défauts (rires) !

 

GPR. : Quels sont les autres chevaux qui composent aujourd'hui votre piquet ?

A-S.S : J'ai Venise de Massa qui a le même âge que Vistoso, mais qui est beaucoup plus sensible et qui a besoin d’être rassurée en piste. Elle est moins sereine même si elle est aussi très expressive, notamment au trot. Avec elle, je prends mon temps. Ensuite j'ai Addict de Massa que montait Arnaud jusqu'à l'année dernière. Nous avons échangé nos sept ans. Il monte désormais Actuelle de Massa avec laquelle il débute le Medium Tour. Addict a quant à lui de vrais points de forces. Ensemble nous concourrons sur le Saint Georges et l'Inter I. Il a besoin de faire de la piste mais il connait tous les mouvements du Grand Prix. J'espère pouvoir commencer le Medium Tour en fin d'année.

 

GPR. : Pensez-vous aussi aux prochains Jeux Olympiques de Tokyo et à Paris 2024 avec certains de de vos jeunes chevaux ?

A-S.S : Pourquoi pas avec Addict et Actuelle. Ils ont huit ans, et ont donc l'âge requis. Mais nous verrons bien, car c'est encore loin et tant de choses peuvent arriver avec les chevaux. Mais, oui, qui ne rêve pas de faire les Jeux Olympiques, surtout chez soi, devant son public ? Les Jeux olympiques sont aussi l'objectif de Sylvain Massa qui fait beaucoup d'efforts en ce sens.