“Le meilleur moyen de bruler un cheval, c'est d'être trop ambitieux”, Alexandre Ayache

En début d’année, Alexandre Ayache a repris le chemin des compétitions internationales à l’occasion du CDI 3* de Nice, avant de prendre la route de l’Autriche où il a concouru sur le même label avec Zo What. Si nombre de très bons chevaux semblent remplir ses écuries, le Niçois garde toutefois la tête froide et ne souhaite pas courir après une échéance, même s’il garde dans un coin de la tête les Jeux olympiques de Paris 2024. Pour GRANDPRIX-Replay.com, Alexandre Ayache s’est confié.



GPR. : Vous avez débuté un nouveau cheval sur le CDI 3* de Wiener Neustadt, en Autriche. Quels sont les objectifs de votre saison 2018 ?

Alexandre Ayache : Mes objectifs sont pour le moment sur le court terme. J'ai deux jeunes chevaux qui arrivent sur le Grand Prix. Je dis jeunes, car ils sont encore peu expérimentés. Zo What a de bons résultats en ce moment. Je n'ai pas eu la chance d'emmener Samira en Autriche, elle s'est ouvert un glome la veille de partir. Nous n'avons pas, pour le moment, fait de reprises sans fautes mais Zo What a déjà dépassé la barre des 70% sur le Grand Prix Spécial du CDI de Nice, et n'en était pas loin sur la même reprise en Autriche (69,42%). Nous obtenons souvent des huit. J'ai aussi un troisième cheval, El Rey, qui ne va pas tarder à suivre.

 

GPR. : Comment avez-vous rencontré Zo What ?

A.A. : Je suis copropriétaire du cheval avec Serge(Pais, cavalier belge de Grand Prix, ndlr), qui est un ami. Il y a deux ans, il m'a dit qu'il avait ce cheval à vendre. Il m'a envoyé des vidéos. Plusieurs clients l'ont essayé chez lui mais les ventes ne se sont pas faites car le cheval était très anxieux, au point d'en devenir compliqué. Du coup, il est venu chez moi. Nous avons eu besoin de temps. Zo What avait fait un peu de Petit Tour. Nous avons donc calé les mouvements du Grand Prix. Aujourd'hui, il attaque la compétition.

 

GPR. : Avez-vous le regard tourné vers les Jeux Mondiaux de Tryon ?

A.A. : Je n'ai jamais le regard tourné vers quoi que ce soit. Le meilleur moyen de bruler un cheval, c'est d'être trop ambitieux. Le meilleur moyen d'aller à une échéance, c'est de ne pas vouloir y aller. Si le cheval poursuit ses performances et se cale, sans faire de fautes sur la piste, en particulier sur les coefficients deux, je pense que nous pouvons rapidement atteindre les 72 ou 73%. Je ne vais en tous cas pas monter pour Tryon, je vais le monter pour qu'il aille bien et si c’est le cas, on verra.

 

GPR. : Avec qui travaillez-vous aujourd'hui ?

A.A. : Je travaille uniquement avec ma femme. J'ai la chance d'avoir aussi quelques copains, qui viennent m'acheter des chevaux, que j'aide ou qui m'aident occasionnellement. Il n'y a pas de stages fédéraux de prévus pour le moment. De toutes manières, avant de faire quoi que ce soit, j'ai besoin de voir comment le cheval se comporte en piste.

 

GPR. : Quels concours programmez-vous ?

A.A. : Avec Samira, nous irons au CDI de Saumur. Compiègne peut-être aussi mais avec deux autres chevaux. J'ai un autre cheval de Grand Prix qui va prochainement arriver sous ma selle. Et puis j'ai El Rey que je voudrais débuter prochainement. Il arrive, et il a tout ! Il est même assez hors-normes, pour moi il a tout pour être un très grand. Dans mes écuries, une dizaine de chevaux peuvent aller dérouler dès demain.



“Ce que j'aime, c'est dresser les chevaux”

GPR. : Aujourd'hui, vous êtes sollicité pour votre travail sur le piaffer et le passage. Comment est venue cette spécialisation ?

A.A. : J'ai toujours eu des chevaux qui piaffaient et passageaient bien. La spécialisation est venue avec la qualité des chevaux. Je crois que c'est un feeling. Moi ce que j'aime c'est dresser les chevaux.

 

GPR. : Est-ce que c'est cette spécialisation qui vous a amené de nouveaux élèves, comme l'australienne Briana Burgess ou la jeune alsacienne Rachel Bastady actuellement en train d'effectuer sa transition vers le Grand Prix ?

A.A. : Oui, clairement. Sur le Grand Prix, les impasses viennent souvent du piaffer et du passage, donc forcément, quand on est habile avec ses mouvements, cela suscite l'intérêt. Pour des raisons de confidentialité, il y a des noms que je ne peux pas donner mais nous aidons aussi des cavaliers connus, même en Allemagne. Cette spécialisation me fait aussi vendre des chevaux, les gens aiment essayer des chevaux de sept ou huit ans, qui piaffent facilement et sans éperons.

 

GPR. : Vous avez aujourd’hui un piquet de chevaux riche, construits avec le soutien de Karim Barake. Quels sont vos objectifs ?

A.A. : L'objectif c'est d'avoir quinze chevaux de Grand Prix, d'en vendre beaucoup mais d'avoir à un moment le luxe de nous dire que nous pouvons en conserver un qui serait exceptionnel. Je crois que nous avons ce cheval dans nos écuries, celui avec qui tout serait possible. Le but dans cinq ans, c'est d'avoir cinq chevaux pour moi et cinq pour ma femme, au-dessus des 73%.

 

GPR. : Voilà qui tomberait à point nommé pour les Jeux Olympiques de Paris en 2024 ...

A.A. : La compétition n'est pas mon objectif premier, mais, pour voir eu la chance de monter les Jeux Mondiaux en Normandie, quand une échéance est organisée dans son pays, ça n'a rien à voir. Je pense qu'aujourd'hui c'est l'objectif de tous les cavaliers français. C'est donc aussi le nôtre. Dans le timing, c'est cohérent car nous nous avons de bons chevaux de six ou sept ans que nous pouvons emmener tranquillement jusque-là.