“Mon objectif, c’est Tryon”, Karen Tebar

Aujourd’hui au Mans, les cavaliers de dressage tricolores se rassemblent afin de faire le point à quelques mois de la finale Coupe du monde de Paris et des Jeux équestres mondiaux de Tryon. Meilleure représentante française aux Jeux olympiques de Rio de Janeiro, Karen Tebar a connu une saison 2017 compliquée avec les blessures de ses deux meilleurs chevaux, Don Luis et Ricardo. Un mauvais passage qui semble être derrière la cavalière, bien décidée à vivre de grands moments de sport en 2018, et en particulier du côté de la Caroline du Nord. Pour GRANDPRIX-Replay.com, Karen Tebar a donné des nouvelles de ses chevaux, mais a également a évoqué sa saison passée et ses projets pour les mois à venir.



GRANDPRIX-Replay.com : Don Luis a été écarté des terrains de compétitions depuis les Jeux olympiques de Rio de Janeiro, comment va-t-il ? 
Karen Tebar : Don Luis va très bien, et j’en suis très heureuse ! Il a repris le travail de dressage à proprement parler depuis mi-août, et il refait tous les mouvements désormais. Sa convalescence a tout de même été longue, et il a fallu reprendre doucement en faisant beaucoup de pas, en intégrant progressivement le trot à ses séances etc. Il a fallu du temps pour qu’il reprenne sa condition. Il s’est blessé au niveau d’un antérieur il y a presque un an, à la fin du mois de février. C’était plutôt grave et assez inquiétant, mais heureusement nous avons décelé cela assez vite. Il fallait simplement prendre du temps et, à mon avis, un cheval comme lui mérite qu’on prenne le temps nécessaire, ce que nous avons fait !  
 
GPR. : Ricardo n’a réalisé que trois sorties cette saison et a fait son retour en compétition en novembre à Stuttgart. Comment va-t-il ? 
K.T. : Ricardo va très bien ! À Stuttgart, il était tout de même très chaud. C’était peut-être un peu précipité de le faire participer à ce concours, mais j’avais comme objectif une qualification pour la finale Coupe du monde de Paris. Maintenant, il va s’entrainer plus tranquillement et je compte faire quelques concours nationaux avec lui afin qu’il reprenne bien ses marques.
 
GPR. : Justement en fin d’année dernière vous aviez annoncé être très motivée pour prendre part à la finale Coupe du monde de Paris. Cet objectif est-il toujours d’actualité ? 
K.T. : L’idée de base était de faire plusieurs étapes de Coupe du monde avec Ricardo au départ, afin qu’il puisse passer le relai à Don Luis par la suite. J’aurais beaucoup aimé prendre part à la finale de Paris, mais malheureusement je ne pourrai pas. Il faut être capable changer de programme lorsque les chevaux ne sont pas prêts pour concourir sur de telles échéances. À mon avis, Don Luis pourra revenir encore mieux que ce qu’il était lorsqu’il a arrêté la compétition, donc je préfère prendre le temps et le ramener à son meilleur niveau dans le calme.


“Impossible de tirer un bilan positif de 2017”

Ici en selle sur Ricardo, Karen Tebar s'entraine sous l'oeil de son père Willy Schetter.

Ici en selle sur Ricardo, Karen Tebar s'entraine sous l'oeil de son père Willy Schetter.

© Scoopdyga

GPR. : 2017 a été quelque peu en dents de scie d’un point de vue sportif, quel est votre bilan sur cette année ? 
K.T. : L’année 2017 n’a vraiment pas été terrible pour moi ! Le bilan sportif n’est pas bon, ça n’est pas bien passé pour différentes raisons. C’est impossible de tirer un bilan positif d’une telle saison, mais ce sont des choses qui arrivent dans la vie d’un sportif et il faut faire avec.
 
GPR. : L’autre grand rendez-vous de 2018 se déroulera à Tryon à l’occasion des Jeux équestres mondiaux. Comment comptez-vous préparer vos chevaux pour l’échéance ?
K.T. : La première étape sera de reprendre le chemin des compétitions internationales avec des chevaux en bonne forme. Aujourd’hui nous avons eu les informations sur les concours que nous devrons faire pour prétendre à une sélection. Ce qui est très bien pour moi, c’est que les Jeux équestres mondiaux sont en septembre donc la saison sera assez longue, ce qui nous permettra de nous préparer dans le calme. En septembre, il faudra que le cheval soit au meilleur de sa forme, donc nous allons reprendre en avril ou mai.   
GPR. : Outre Ricardo et Don Luis, comment se compose votre écurie ? Avez-vous des pépites en devenir ? 
K.T. : Oui tout à fait ! Mais nous avons dû réduire le nombre de chevaux car nous avons eu du mal à trouver un bon cavalier pour les jeunes chevaux. Nous avons dix boxes qui étaient auparavant remplis. Étant donné que je travaille également en parallèle (la cavalière est sociétaire au sein de l’entreprise familiale Stihl, ndlr), nous avons désormais six chevaux chez nous, dont deux qui appartiennent à mon père. J’ai pour ma part deux juments, une de huit ans et une de six ans. Les deux sont des filles de mes anciens chevaux. La première est la fille de Falada M et l’autre de Welesta, une jument qui était vraiment très bonne mais qui s’est malheureusement blessée assez tôt. Je pense que cette dernière est la meilleure des deux. C’est une fille de De Niro, elle est noire comme son père. Elle est très belle et très intelligente, donc j’espère que la suite sera bonne !  
 
GPR. : Sur quels entraineurs pouvez-vous compter pour continuer de progresser à très haut niveau ? 
K.T. : Je m’entraine avec Jan Nivelle, et au quotidien avec mon père (Willy Schetter, ndlr). Lors des stages fédéraux comme aujourd’hui je bénéficie également des conseils de Jan Bemelmans, qui vient par ailleurs de temps en temps à mes écuries pour me conseiller. Je suis vraiment heureuse de pouvoir bénéficier de ses conseils car il me permet de faire de très bons entrainements avec mon cheval sans avoir à lui imposer un transport, étant donné que j’habite à 900 kms d’ici (installée à Waldmühleweg en Allemagne, la cavalière a préféré épargner le voyage à ses chevaux ndlr). Jan devrait revenir dans trois semaines pour nous faire travailler.


“Don Luis se donne toujours énormément”

À Rio, Karen Tebar et Don Luis avaient réalisé la meilleure performance française en terminant 25èmes de l'individuel.

À Rio, Karen Tebar et Don Luis avaient réalisé la meilleure performance française en terminant 25èmes de l'individuel.

© Scoopdyga

GPR. : Quelle importance ont pour vous les stages fédéraux ? 
K.T. : Ils sont pour moi très importants. Je dois dire que je suis très heureuse de pouvoir y participer, même en étant venue sans cheval. Pour ça, je dis un grand merci à la fédération qui comprend que le cheval passe avant tout. C’est bien de participer à ce genre de rassemblements car ça nous permet de retrouver les autres cavaliers de l’équipe. Cela faisait quelques temps que nous ne nous étions pas vus, ça fait du bien ! Nous faisons également tout un programme de concours qui nous aide à bien nous préparer pour les grandes échéances de cette année. À ce titre, je pense qu’il était important que je vienne.
 
GPR. : Quels sont les points faibles et les points forts de Don Luis et Ricardo ?
K.T. : Les points faibles, ils n’en ont pas bien sûr ! (rires) Plus sérieusement, Don Luis a en ce moment une petite tendance à l’embonpoint. Mi-décembre, j’ai déroulé la reprise du Grand Prix en sachant qu’il n’était pas encore en pleine possession de ses moyens, je ne lui ai donc pas demandé le maximum en termes d’expression. Mais ce qui m’a fait extrêmement plaisir, c’est que lorsque nous sommes rentrés au galop et que nous avons fait l’arrêt, je l’ai senti vraiment très motivé. Il a vraiment tout fait sans hésiter, ce qui m’a donné un super sentiment. Il faudra bien entendu retravailler quelques petits points, mais ça m’a vraiment fait très plaisir qu’il soit aussi bien après quelques mois de repos forcé. C’est une de ses forces, il se donne toujours énormément. Je dirais même que c’est sa grande qualité.
En ce qui concerne Ricardo, je trouve qu’il s’est enfin développé comme il devait au niveau de sa musculature. Ça a pris du temps, mais nous y sommes finalement parvenus. Son point faible, c’est qu’il est assez souvent un peu crispé en concours. Il doit apprendre à se relâcher et comprendre qu’il peut avoir confiance.
 
GPR. : Que peut-on vous souhaiter pour 2018 ?
K.T. : D’abord, que mes deux chevaux soient en pleine santé et pouvoir passer de nombreuses heures de bonheur à leurs côtés. Monter à cheval tous les jours, c’est ce que j’aime le plus. Bien sûr, mon objectif c’est Tryon et de faire partie des six meilleures équipes des championnat. 

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